Les départements de Charente et de Dordogne ont des relations diamétralement opposées avec la low cost Ryanair, le premier l'attaquant en justice pour rupture de contrat quand le second prend sa défense pour faire progresser la compagnie aérienne à Bergerac. D'après le quotidien La Charente Libre, le syndicat mixte de l'aéroport de Charente (SMAC) a saisi le tribunal administratif de Poitiers pour non respect de la convention qui liait Angoulême / Brie Champniers à Ryanair, et réclame plus d'un million d'euros à la low cost. Objet du litige: le départ "précipité" de Ryanair en février 2010, alors qu'Angoulême avait investi "836 000 euros pour des travaux effectués à sa demande". Le syndicat réclame également le remboursement d'une partie des aides au marketing versées. La plainte aurait été déposée en juin dernier, mais Ryanair n'y a pas répondu directement, préférant déposer sa propre défense devant un tribunal londonien. Une jolie bataille judiciaire s'annonce pour savoir quelle juridiction est compétente. En attendant, le sénateur de Charente Michel Boutant ne cache pas sa colère, traitant Ryanair de "malotrus" et de "morveux"… La convention signée en 2007 entre l'aéroport d'Angoulême et Ryanair portait sur une desserte pendant cinq ans depuis Londres, contre des aides. Une demande de "rallonge" par la low cost avait entrainé une crise ouverte entre les deux parties, Ryanair finissant par supprimer sa route l'année dernière. Changement de ton complet dès que l'on arrive en Dordogne: Ryanair opère cinq routes depuis Bergerac (vers Charleroi et quatre villes anglaises), et le président de la CCI voudrait bien que les esprits se calment afin de ne pas nuire à leur avenir. Il faut dire que les candidats à l'élection cantonale se sont saisis des problèmes de la gestion de l'aéroport, y compris la présence de Ryanair ou le rapprochement éventuel avec Bordeaux. Or Bergerac négocie avec Ryanair pour l'ouverture d'une ligne vers le sud. Cité dans le quotidien Sud Ouest, le président de la CCI Christian Fauvel estime que "certes, Ryanair exige des subventions publiques, mais en retour, elle nous apporte sur un plateau des voyageurs prêts à consommer. La compagnie contribue largement aux 300 millions de retombées économiques générés chaque année par l'activité de l'aéroport." Reste à savoir s'il sera entendu.