Le déroutement d’un avion de la compagnie aérienne Air France vers Damas n’en finit plus de créer des polémiques, le ministre des Affaires Etrangères ayant parlé ce weekend « d’énorme bêtise ». Ce qui n’était qu’un simple incident de vol le 15 août 2012 pour la compagnie nationale, le commandant de bord décidant de ne pas atterrir à Beyrouth pour cause de blocage de la route de l’aéroport, a pris une tournure politique : selon Le Parisien de samedi, Laurent Fabius a déclaré qu’Air France avait fait une énorme bêtise en se choisissant de se poser dans la capitale syrienne pour se ravitailler en carburant, car il y avait parmi les 174 passagers de l’Airbus A330 des personnalités libanaises hostiles au régime de Bachar el-Assad, ainsi que l’ambassadeur de France au Liban. « Imaginez un instant que les autorités syriennes aient fouillé l'avion et vérifié les identités », s’indigne-t-il en qualifiant la décision de « incompréhensible et dangereuse ». Et il demande des « compléments d’information » sur le vol. Air France a répondu à cette accusation, soulignant qu’elle avait été en contact permanent avec la cellule de crise du ministère, et que l’ambassadeur avait discuté de la situation avec l’équipage. N’oublions pas que la compagnie de l’alliance SkyTeam avait tenté initialement de se dérouter vers Amman, mais n’avait pu obtenir l’autorisation du contrôle aérien jordanien, Damas étant alors l’aéroport le plus proche. Elle a d’autre part expliqué que sa tentative de quête auprès des passagers pour payer le carburant, finalement abandonnée, était justifiée par les sanctions frappant la Syrie (on imagine qu’elle s’attendait aux répercussions du geste dans la presse). Faut-il rappeler que le commandant de bord est « seul maître à bord après Dieu », et que sa préoccupation première était sans nul doute la sécurité de ses passagers ? L’appareil d’Air France s’est posé à Chypre le soir même sans autre problème, et est reparti le jour suivant vers Beyrouth, où tout le monde est arrivé sain et sauf…