La grève des pilotes de la compagnie aérienne Air France entame mercredi son dixième jour avec 54% des vols annulés dans les aéroports de l’hexagone et d’ailleurs, aucune sortie de crise n’étant en vue, une nouvelle manifestation devant avoir lieu à midi. Le Premier ministre Manuel Valls a réitéré le 23 septembre 2014 son appel à la reprise du travail, estimant que cette grève « n'a aucune raison, elle n'est pas comprise par les Français, elle met à mal l'image de la France et représente un vrai danger pour la compagnie ». Mais un communiqué de l’intersyndicale d’Air France souligne de son côté les déclarations du ministre des transports Alain Vidalies, qui appelait lundi la direction à « écarter » le projet de filiale low cost paneuropéenne Transavia Europe et refusait de commenter la méthode de négociation choisie – laissant le soin à ses collaborateurs d’expliquer que le PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac « radicalise les positions ». Quant au ministre de l’emploi François Rebsamen, il considère déjà le projet comme « retiré » et appelle à la reprise du dialogue social pour ce « beau projet » qu’est Transavia France. Une cacophonie mise à profit par les trois syndicats de pilotes grévistes SNPL France ALPA, le SPAF et Alter, qui ont été rejoints par la CGT-UICGT, le SNPNC, l’UNAC, l’UNSA et Sud Aérien (mais pas la CFDT) représentant le personnel au sol et de cabine, pour demander au gouvernement de « prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin au démantèlement en cours et programmé du Groupe Air France par M. de Juniac » (rappelons que l’état est actionnaire à hauteur de 16% du capital d’Air France). Accusant la direction de mettre déjà « tout en œuvre pour un démarrage de l’activité en mars 2015 (autorisation d’exploitation, avions, équipages, demande de créneaux de décollage sur les plateformes étrangères….) », ils refusent tous en cœur « les passages en force permanents au détriment du dialogue social au sein d’Air France », après avoir pourtant rejetée la proposition de suspendre le projet Transavia Europe le temps de négocier : c’est le retrait pur et simple qui est exigé, sans pour autant qu’il soit précisé si ce retrait signifierait la fin de la grève. L’instauration d’un contrat unique pour tous les pilotes du groupe sur les avions de plus de cent places, y compris donc pour Transavia France, fait en effet partie de leurs revendications. Le SNPL majoritaire a aussi réagi hier à l’annonce par M. de Juniac d’une possible dénonciation de l’accord de création de Transavia France, qui avait pour particularité d’en limiter le développement de sa flotte. Le syndicat accuse le dirigeant de « jeter de l’huile sur le feu » et préparer dès les prochaines semaines une « Transavia France bis (…) dénuée de tout périmètre », et donc sans protection pour les pilotes Air France. Cette nouvelle entité « virtuelle » serait selon le syndicat fusionnée avec la low cost actuelle dans 15 mois (délai de rigueur après dénonciation de la convention), et la direction aurait alors les mains libres pour en augmenter la flotte. Le préavis de grève du SNPL court désormais jusqu’au lundi 30 septembre, le SPAF et Alter ayant pour l’instant appelé leurs adhérents à cesser le travail jusqu’au 27 inclus. Le record de la grève de 1998, qui avait duré dix jours, sera donc bien battu.