Le processus de privatisation de la compagnie aérienne Cyprus Airways fait l’objet d’une enquête demandée par le président chypriote Nicos Anastasiades, accusé de conflit d’intérêt, alors que le président du conseil d’administration et plusieurs membres ont été démis de leur fonction. Le dirigeant de Chypre a promis le 28 novembre 2014 de démissionner s’il était prouvé qu’il avait influencé le processus de vente de la compagnie nationale. Une accusation portée par le quotidien Phileleftheros, qui avait publié des documents montrant que les négociations avec la low cost Ryanair se poursuivaient alors que des candidats nettement mieux-disant auraient été rejetés au premier tour (outre Ryanair, Aegean Airlines a été retenue pour la suite du processus de privatisation). Or l’ancienne société d’avocats de M. Anastasiades (dont il avait démissionné en 2013 en accédant à la présidence de l’état) est accusée par le quotidien de représenter Ryanair. Cette affirmation est niée par Nicos Chr. Anastasiades & Partners, même si elle reconnait avoir initialement représentée la low cost avant de couper les ponts en septembre dernier « en raison de doutes sur un possible conflit d’intérêts ». Le journal rappelle aussi que la société d’avocats est encore aux mains des deux filles du président. Si ces révélations ont causé la colère du président chypriote, sa demande d’enquête et sa menace de démission, l’atmosphère à l’intérieur de Cyprus Airways n’est pas meilleure. La compagnie a procédé à une « restructuration radicale du conseil d’administration », explique-t-elle dans un communiqué publié par Cyprus Mail, « non seulement en raison de comportements récents mais aussi pour répondre au besoin urgent de gérer effectivement une situation difficile ». Le président du conseil d’administration a été remplacé par son adjoint et plusieurs autres membres forcés au départ. Cyprus Airways a finalement rejeté les offres de Ryanair et Aegean Airlines, et le gouvernement s’est lancé dans l’élaboration d’un nouveau plan de sauvetage. Des fuites sur ce plan, mentionnant suppressions de routes, licenciements de la moitié des 460 employés, réductions des salaires, et division par deux de la flotte (à trois avions), avaient provoqué la colère des employés la semaine dernière. Or Cyprus Airways vit toujours sous l’épée de Damoclès de la Commission européenne : elle s’apprêterait à déclarer illégales deux aides versées par le gouvernement pour tenter de sauver Cyprus Airways, celle de 73 millions d’euros en 2012 et une autre de 31,3 millions versée l’année suivante – et donc mettre le transporteur en faillite. Rappelons que la privatisation de la compagnie avait été lancée en juillet dernier, son PDG expliquant que trouver un investisseur était « crucial pour l’avenir à long terme de Cyprus Airways » après le renfort à court terme de ses finances par la vente de ses sept dernières paires de créneaux à l’aéroport de Londres-Heathrow (pour 22,8 millions d’euros à American Airlines). La compagnie ne disposait alors plus d’autre liquidité, l’argent ayant été mis de côté pour des « circonstances exceptionnelles », et l’état actionnaire à 93,67% avait proposé de vendre tout ou partie de la compagnie.