L’objectif très unanimiste d’une concurrence loyale dans le transport aérien est rappelé par le syndicat SNPL France ALPA dans un communiqué commun des pilotes européens, qui veulent « tirer le signal d’alarme sur les pratiques déloyales qui faussent complètement la concurrence et menacent dangereusement » les compagnies aériennes du continent. Alors que l’on attend pour ce 3 décembre 2014 le résultat du référendum des pilotes d’Air France sur le développement de la filiale low cost Transavia organisé par sa filiale dans la compagnie nationale, le syndicat majoritaire met en avant le Conseil des ministres européens des transports qui se déroule aujourd’hui à Bruxelles. S’appuyant sur le document publié hier par le syndicat European Cockpit Association (ECA), le SNPL cite parmi les « distorsions de concurrence les plus visibles » des « pratiques commerciales dangereuses, de nouveaux types de contrats de travail qui réduisent significativement les coûts de main-d’œuvre, les impôts et les charges sociales ». Certaines compagnies « s’engouffrent dans les failles de la législation européenne et utilisent des régimes fiscaux et sociaux très avantageux », ajoute le syndicat, tandis que les « pavillons de complaisance de la Marine Marchande sont de retour ». Et de dénoncer la multiplication rapide des « faux travailleurs indépendants, du dumping social et réglementaire ».  Pour le Président de l’ECA Dirk Polloczech, « certaines compagnies tentent de réduire les coûts en basant leurs équipages sur un autre continent, en immatriculant leurs avions dans des paradis fiscaux ou en demandant aux jeunes pilotes de payer pour voler. Ces pratiques déloyales détruisent des milliers d’emplois de qualité en Europe, dégradent les comptes fiscaux et sociaux des États membres de l'UE et forcent les autres compagnies à adopter les mêmes méthodes si elles ne veulent pas disparaitre du marché ». Les distorsions de concurrence sont tout aussi aiguës avec les compagnies aériennes extra-européennes, affirme le syndicat. Les compagnies de l'Asie et du Moyen-Orient, en plein essor, « sont souvent subventionnées par les États et bénéficient, par exemple, de facilités sur les aéroports ou de carburant à un prix défiant toute concurrence. En outre, elles sont soumises à des normes comptables non-transparentes et à des règlements souvent moins stricts que leurs homologues européens. Ainsi, ces compagnies ne sont pas destinées à être profitables mais constituent un vecteur de développement essentiel de ces économies locales ». Face à ces accusations habituelles, « nos transporteurs ne peuvent ni bénéficier des mêmes ressources que les transporteurs du Golfe, ni compter sur l'aide des Etats ou sur des subventions », déclare le Secrétaire Général de l’ECA, Philip von Schöppenthau. « Nos compagnies aériennes ne peuvent pas être rentables si leur environnement concurrentiel est faussé. C’est pourquoi les pilotes de toute l'Europe en appellent aux Ministres, à la nouvelle Commission et aux membres nouvellement élus du Parlement européen pour mettre ce problème de concurrence loyale au centre de la politique européenne de l'aviation ». Le SNPL France ALPA conclut son communiqué en demandant « des actions concrètes et immédiates » pour lutter contre la concurrence déloyale et éviter la mort du transport aérien européen : « une meilleure harmonisation et un renforcement de la réglementation sociale, une éradication des modèles commerciaux abusifs et du dumping social et un rétablissement de l’équité avec les transporteurs étrangers tenus à bout de bras par leurs Etats ».