Dans sa dernière édition datée de juin 2015, le magazine 60 millions de Consommateurs publie une enquête sur 12 sites de billetterie aérienne, parmi lesquels les principaux comparateurs de vols présents sur le marché français. Parmi les bons élèves, le comparateur américain Expedia qui fait preuve de transparence sur ses prix, et propose des tarifs globalement bas sur les billets d’avion. « Expedia affiche des prix qui sont peu élevés et qui sont effectivement peu élevés car ils vont faire leur marge ailleurs, sur les ventes de nuit d'hôtels par exemple », commente Thomas Laurenceau, rédacteur en chef du magazine 60 millions de Consommateurs, cité par BFM Business. Le comparateur français Easyvoyage est tout aussi bien noté, « jouant vraiment le jeu de la transparence et vous réserve des bonnes surprises. C’est-à-dire qu'il préfère vous annoncer un prix un peu plus élevé et qui finalement sera moins cher qu'annoncé ». Manque de transparence Mais 60 millions de Consommateurs épingle d’autres sites, Kayak, Liligo, Opodo, eDreams, Go Voyages, Lastminute et Bravofly, pour leur manque de transparence dans l’affichage des prix. « Il faut prendre son temps et en quelque sorte comparer les comparateurs, il y en a qui sont plus transparents que d’autres. Notre étude a notamment regardé quels sites affichent les mêmes prix à l'arrivée et au départ. On peut avoir des écarts de 20% entre le prix initial et ce qu'on paie au final », explique Thomas Laurenceau. Selon 60 Millions de Consommateurs, le prix d’un billet d’avion peut s'allonger de 1 % sur les sites Ebookers et Voyages-SNCF, mais jusqu'à carrément 21 % sur Bravofly. Sur Liligo et Opodo, le magazine observe des variations de plus de 11 %, et de 16 à 17 % pour respectivement Lastminute, Edreams et Go Voyages. Contactés, les sites épinglés par 60 millions de Consommateurs n'ont pas répondu, à l'heure de la publication de cet article, à nos demandes d'interview.  Outre leur manque de transparence dans l’affichage des prix, les distributeurs reprochent aujourd’hui aux comparateurs ne plus jouer leur rôle… de comparateur en n’étant pas exhaustifs. Comprendre, pour bien figurer sur tel comparateur, la compagnie aérienne ou le distributeur doit le payer. « Les comparateurs ne sont pas des organismes à but non lucratifs qui fournissent un service public de comparaison tarifaire. Ce sont des entreprises à but lucratif. Les agences de voyages en ligne qui refusent de payer pour être présentes n’apparaissent pas dans le comparateur … même si leurs offres sont plus compétitives. L’internaute qui utilise un comparateur tarifaire -pour l’annonceur, c’est fort cher au demeurant-  ignore tout…  des dessous de la comparaison tarifaire. Les acteurs économiques du transport aérien qui refusent de douiller ou n’ont pas les moyens de payer sont exclus de l’affichage… Et cet ostracisme, peut parfois se faire au détriment du consommateur. Où est la transparence ? », déclare Fabrice Dariot, patron du site de vente de billets Bourse des Vols. Manque d’exhaustivité  « Les comparateurs sont tout sauf des ONG. Il s’agit de sociétés à but extrêmement lucratif. Vis-à-vis du consommateur, c’est un outil plutôt trompeur, avec des méthodes de comparaison non homogènes », dénonce sur le même ton, cité par l’Echo touristique, Nicolas Brumelot, lui-même co-fondateur de Go Voyages et aujourd’hui à la tête de MisterFly, un site de billetterie BtoB. « Il faut mettre le client au centre des préoccupations, ce qui n’est pas le cas des comparateurs : leurs clients, ce sont ceux qui acceptent de payer pour être comparés. Il n’y a pas d’exhaustivité des catalogues. Le comparateur de prix ne remplit qu’un rôle d’intermédiaire, et reroute vers les marchands qui traitent les besoins du client. Il n’a aucune valeur ajoutée dans la chaîne de valeur du consommateur. Il est temps maintenant d’expliquer au client pourquoi il a intérêt à aller sur des sites qui fournissent l’intégralité des contenus aériens, et un service vis-à-vis des fournisseurs et des clients ». Outil de vente  Les uns et les autres soupçonnent les comparateurs de favoriser les offres de leur maison-mère (par exemple, Kayak appartient à Priceline, Jetcost à Bravofly, Liligo à eDreams, etc.) ou  d’avoir concéder de manière opaque le monopole d’achat sur certaines lignes aériennes à une compagnie aérienne donnée. « Si le comparateur a concédé à une compagnie aérienne une exclusivité, le comparateur est alors un simple outil de vente  qui ne se déclare pas!  Où est donc l’intérêt du consommateur ? » se demande Fabrice Dariot de Bourse des vols. Afin que les offres de « leurs clients », ceux qui paient, restent en tête de liste parmi les moins chères, des comparateurs utilisent des « ruses » -pour reprendre le terme de l’enquête de 60 millions de Consommateurs. Pour tel billet d’avion, ils affichent un prix peu élevé, réel, mais qui n'est accessible qu'avec une carte bancaire d'un certain type et très limité, comme la carte Entropay. Les gens qui n'ont pas cette carte « vont se voir appliquer un surcoût » en réglant avec une carte classique Mastercard ou Visa. D’autres affichent carrément des prix cassés à condition de régler avec une Carte Bleue Nationale, une carte bancaire qui n’existe plus ! « L’intérêt du consommateur réclame la transparence de la comparaison tarifaire des vols, un secteur en forte croissance et lucratif. Les comparateurs gagnent de l’argent. Ne devraient-ils pas consacrer une partie de leurs bénéfices à faire leur métier de manière transparente et claire… dans l’intérêt du consommateur et de la concurrence ? », souligne Fabrice Dariot, qui se dit « favorable à la mise en place d’une chartre déontologique des comparateurs aériens ».  De surcroit, il réclame une intervention de la puissance publique : « Il faudrait que la DGCCRF s’interroge, dans l’intérêt du consommateur, sur les conditions dans lesquelles certaines compagnies aériennes ont obtenu le monopole de l’affichage de leurs offres sur les comparateurs ».