La décision du Brésil de classer l’Irlande comme paradis fiscal a déclenché la colère des compagnies aériennes du pays, qui vont devoir payer près de 275 millions d’euros de nouvelles taxes sur les contrats de leasing passés avec des sociétés irlandaises. Environ 60% des 520 avions déployés sur des vols commerciaux au Brésil sont pris en leasing en Irlande, où sont par exemple basées GECAS, AerCap ou Avolon, et la décision surprise la semaine dernière des autorités fiscales brésiliennes a eu un « impact brutal » sur les compagnies aériennes selon Eduardo Sanovicz, le président de l’association qui les regroupe (Abear). Il explique dans le Irish Times avoir demandé des entretiens pour essayer de convaincre le gouvernement de revenir sur sa décision, prise selon lui « sans consultation avec l’industrie aérienne ». Le classement en paradis fiscal de l’Irlande (mais aussi de l’Autriche, Saint Martin et Curaçao) signifie que les sociétés basées là-bas devront payer une taxe de 25% sur leurs transactions avec des partenaires brésiliens. Pour les seules compagnies aériennes comme LATAM Airlines Brasil, GOL ou Azul, cela signifie selon M. Sanovicz un surcout de 273,7 millions d’euros sur les contrats de leasing, habituellement signés pour dix ans. Le transport aérien brésilien est déjà en bisbille avec les autorités fiscales du pays, dont les taxes collectées par les différents états signifient que le carburant représente « 37% du prix du billet contre une moyenne mondiale de 27% ». La nouvelle taxe « paradis fiscal » serait impossible à transposer dans le prix que paient les passagers, le Brésil étant en récession depuis deux ans avec un trafic aérien atone, et viendrait donc empirer les situations financières déjà délicates des compagnies du pays, assure Abear. En 2014 selon le Irish Examiner, les sociétés de leasing basées en Irlande représentaient à elles seules 21% du marché global, qui avait enregistré cette année des revenus de 38 milliards d’euros. Le leasing finance environ 40% des avions commerciaux, certains prédisant que ce nombre pourrait atteindre 60% d’ici 2033. Parmi les mesures d’incitation adoptées par le gouvernement irlandais, la possibilité pour des compagnies offshore de posséder des avions inscrits au registre irlandais « pour des raisons financières et fiscales ».