Lors du Comité central d’entreprise de la compagnie aérienne Air France mercredi, les élus ont voté à l’unanimité contre le projet Boost. L’avenir de la filiale à coûts réduits ne dépend quasiment plus que du verdict des syndicats de pilotes, attendu d’ici la fin du mois. Le CCE de la compagnie nationale française le 10 mai 2017 n’a pas créé de surprise : les douze élus syndicaux présents ont voté à l’unanimité un avis défavorable aux modalités de création de la future filiale, au cœur du plan stratégique Trust Together. Si l’avis est purement consultatif, il représente les réactions des employés face au projet Boost, chacun ayant des raisons différentes de s’y opposer. Les deux principaux syndicats de pilotes, SNPL et SPAF, doivent se prononcer avant le 31 mai ; le bureau du SNPL a rejeté le projet d’accord malgré le vote favorable de la base et les concessions obtenues (maintient du contrat de travail AF, limitation de la flotte, engagements sur un rééquilibrage au sein du groupe par rapport à KLM). Au sol, le ressentiment envers les pilotes s’est fait entendre hier, en particulier concernant la prime forfaitaire promise dans le projet d’accord en cas de non-respect du rééquilibrage avec KLM – pour lequel une trajectoire est fixée sur les dix prochaines années.. « Pour ne pas avoir la prime, il faudrait qu'Air France fasse 4% de croissance par an pour rattraper (KLM), ce qui est impossible », explique dans L’Express Karim Taïbi de Force Ouvrière. Il cite un rapport commandité par le CCE qui prédirait selon Jérôme Beaurain (SUD Aérien) « que dès 2018, Air France ne sera pas en capacité de respecter ces engagements (…), tous les gains générés par Boost risquent d'être totalement absorbés ». L’argument est repris par Béatrice Lestic de la CFDT, selon qui l’équilibre économique de Boost est remis en cause par « l’augmentation salariale déguisée » offerte aux pilotes. Chez les PNC, particulièrement concernés puisque les hôtesses de l’air et stewards de la future filiale doivent être recrutés aux conditions du marché, environ 40% inférieures à celles d’Air France, les déclarations après le CCE vont dans le même sens. L’intersyndicale SNPNCUNSA PNC est toujours opposée à Boost, dénonçant les points de blocage déjà listés après le précédent CCE. Rappelons que les deux syndicats ont assigné Air France en justice pour « déloyauté dans les négociations », l’audience au TGI de Bobigny étant fixée au 9 juin. La direction d’Air France n’a pas fait de commentaire hier. Rappelons qu’elle avait précisé un peu plus le Projet Boost lors d’un CCE extraordinaire début avril avait selon les syndicats : la future filiale à coûts réduits aurait déjà un réseau de 14 destinations sur le long-courrier et 12 sur le moyen-courrier « parmi les plus désidératées ». Fin avril, le SNPNC avait d’ailleurs mis en ligne une vidéo dévoilant certaines des destinations visées : Boost desservirait Bangkok, Tokyo-Haneda, Osaka, Rio de Janeiro, Buenos Aires et Bamako, ainsi que Venise. Les premiers vols sont programmés à l’automne 2017 sur le moyen-courrier en monocouloirs Airbus, puis pendant la saison été 2018 sur le long-courrier (en A340-300 initialement, puis en A350-900 l’année suivante).