Le groupe SIA formé autour de la compagnie aérienne Singapore Airlines affiche un bénéfice opérationnel annuel en retrait de 8,5%, sur un chiffre d’affaire baissant de 2,4%. Elle prévoit pendant l’exercice en cours le retrait de quatre Airbus A380, compensé en partie par l’arrivée de trois exemplaires neufs : ce sera la première fois que des superjumbos d’occasion sont disponibles sur le marché. La compagnie nationale basée à l’aéroport de Singapour-Changi a présenté le 18 mai 2017 des résultats annuels en retrait : le groupe SIA a enregistré un bénéfice opérationnel de 623 millions de dollars au cours de l'exercice 2016-17, soit 58 millions de dollars de moins (-8,5%) par rapport à la même période l'an dernier. Le bénéfice net sur l’exercice clôt au 31 mars a diminué de 55,2%, en partie à cause de la perte nette enregistrée au quatrième trimestre, précise le groupe. Le chiffre d'affaires du groupe SIA a perdu 370 millions de dollars en glissement annuel pour s'établir à 14,869 milliards de dollars (-2,4%). Les revenus tirés de l’activité passagers ont diminué de 382 millions de dollars (-3,2%) malgré la croissance du trafic (+ 2,6%), « les rendements ayant continué à subir une pression intense ». Les revenus de l’activité fret ont également diminué de 87 millions de dollars, « en raison de l'érosion du fret, malgré un transport de marchandises plus élevé ». Les revenus des autres produits ont également diminué, en l'absence de ceux obtenus en ayant retourné à Airbus sept slots de livraisons d’avions lors du précédent exercice ; l’impact a été atténué par un gain ponctuel, suite à la modification de la comptabilisation des revenus provenant des billets non utilisés. Les dépenses du groupe ont diminué de 312 millions de dollars pour s'établir à 14,246 milliards de dollars (-2,1%). Les coûts nets du carburant ont diminué de 780 millions de dollars (-17,2%), principalement en raison d'une réduction de 827 millions de dollars de la perte de couverture du carburant. Les coûts de carburant avant la couverture ont augmenté de 47 millions de dollars, principalement en raison de la hausse du volume de carburant augmenté (+102 millions de dollars) et d'un dollar américain plus fort par rapport au dollar de Singapour (+10 millions de dollars) ; cela a été partiellement compensé par une baisse du prix moyen du carburant (-65 millions de dollars). Les coûts hors carburant ont augmenté de 468 millions de dollars ou 4,7%, une hausse en partie attribuable à l'expansion de la capacité à deux chiffres par SilkAir et par Budget Aviation Holdings (qui possède les filiales low cost du groupe Scoot et Tiger Airways). Dans le détail des filiales du groupe SIA, Singapore Airlines a vu son bénéfice opérationnel reculer de -20,4% à 386 millions de dollars, sur un chiffre d'affaires perdant 585 millions de dollars principalement en raison d'une réduction de 5,5% des revenus générés par les 18,9 millions de passagers, et de revenus accessoires en baisse. La compagnie de Star Alliance a enregistré une contraction de 3,8% du rendement des passagers, et une baisse de 1,4% du trafic en PKT sur des capacités en SKO ne perdant que 0,6% ; le coefficient d’occupation s’établit à 79,0% (-0,6 point de pourcentage). La filiale régionale SilkAir en revanche a vu son bénéfice opérationnel passer de 91 à 101 millions de dollars (+10,1%) ; avec un trafic en PKT à +9,5% sur des capacités en SKO à +10,6%, le coefficient d’occupation perd 0,7 point à 70,8%. Son rendement a reculé de 7,4%. Budget Aviation Holdings (Scoot et Tiger Airways) affiche un profit opérationnel de 67 millions de dollars, soit 25 millions de plus que durant l’exercice précédent (le chiffre d’affaire a progressé de la même somme), mais là aussi le rendement est en baisse (-6,3%). Son coefficient d’occupation affiche 82,4% (-1,4 point), sur un trafic en PKT en hausse de 21,2%. SIA Cargo, l’activité de fret, a elle aussi progressé : après une perte de 50 millions de dollars, elle affiche un bénéfice de 3 millions. Son taux de remplissage gagne 1,3 point à 63,2%, sur un trafic en TKT en hausse de 5,9%. Enfin le bénéfice opérationnel de SIA Engineering (maintenance) a reculé de 32 millions à 72 millions de dollars (le chiffre d’affaires a perdu 9 millions de dollars). Côté flotte, Singapore Airlines a durant l’exercice fiscal 2016-2017 ajouté deux Airbus A350-900 et retiré trois A330-300 et un 777-300 ; au 31 mars 2017, elle opérait 106 avions passagers, dont 53 Triple Sept, 23 A330-300, 19 A380 et 11 A350 – avec une moyenne d’âge de 7 ans et huit mois. Pour l’exercice qui a débuté le 1er avril et se terminera fin mars 2018, elle prévoit de recevoir dix A350-900 et trois A380 (dont seulement deux entreront en service d’ici la fin de l’exercice) ; deux A330-300, quatre A380, deux 777-200 et un 777-200ER sortiront de la flotte, ce qui laissera Singapore Airlines avec 109 avions fin mars 2018 (trois de plus donc, mais avec une croissance de capacité de 0,4% en raison du réaménagement des cabines). Singapore Airlines rappelle avoir signé en février une lettre d’intention avec Boeing portant sur vingt 777-9 et 19 787-10 (avec six options pour chaque type), pour des entrées en service respectivement en 2021 et 2020. Fin mars 2018, SilkAir disposera de 34 avions, quatre 737 MAX 8 s’ajoutant aux dix A320, trois A319 et 17 737-800 aujourd’hui en service ; à cette date, les low cost Scoot et Tigerair opèreront 40 avions (16 787, 22 A320 et deux A319), soit cinq de plus qu’à la fin de l’exercice. Quatre Airbus A380 seront donc disponibles sur le marché de l’occasion fin mars 2018, Singapore Airlines ayant été la première à mettre le superjumbo en service le 25 octobre 2007 (quatre autres avaient été livrés avant l’été 2008). On sait depuis l’année dernière que le contrat de leasing du premier avion, le MSN3, ne sera pas renouvelé en octobre 2017 ; trois autres exemplaires subiront donc le même sort. Sur les 24 A380 commandés, 19 sont aujourd’hui en service, le dernier livré en 2012, avec trois configurations : 12 passagers en suites de Première, 86 en classe Affaires, 36 en Premium et 245 en Economie (379 places), 12 passagers en suites de Première, 86 en classe Affaires et 311 en Economie (409 places), et 12 passagers en suites de Première, 60 en classe Affaires, 36 en Premium et 333 en Economie (441 places). Airbus n’avait pas commenté la décision de Singapore Airlines de ne pas renouveler son contrat de leasing, mais expliquait au Wall Street Journal « être confiant pour le marché des A380 d’occasion, qui peuvent être loués ou acquis à des prix attractifs. Ce qui offre d’excellentes opportunités aux nouveaux entrants disposant de nouveaux business plans pour opérer l’A380 ». Les sociétés de leasing sont en revanche rarement attirées par les premiers appareils produits car ils sont en général plus lourds que les suivants, rappelait quand même le WSJ.