Les révélations du quotidien Le Figaro, qui tendraient à exonérer Airbus dans l'enquête sur le crash du vol Air France AF447 Rio - Paris, ont provoqué des réactions peu tendres de la part du BEA, des familles de victimes et même du constructeur européen. La conclusion d'une responsabilité possible de l'équipage, tirée d'un télex d'Airbus à ses clients, a provoqué le courroux du Bureau Enquêtes et Analyses en charge de l'enquête sur le drame du 1er juin 2009, qui avait coûté la vie à 228 personnes. Dans un communiqué, le BEA souligne que "sacrifier au sensationnalisme en publiant des informations non validées, alors que l'exploitation des données des enregistreurs de vol ne fait que commencer, est une atteinte au respect des passagers et des membres d'équipage décédés et jette le trouble parmi les familles des victimes qui ont déjà subi de nombreux effets d'annonce". Le BEA rappelle en outre que "lui seul peut communiquer sur les avancées de l'enquête", et qu'à ce stade "aucune conclusion ne peut être tirée". Les associations de familles de victimes ont-elles aussi contesté ces informations "non vérifiées", leur président Jean-Baptiste Audousset déclarant que ce n'est pas "en 24 heures que l'on établit une théorie" sur les raisons du crash, tout en rappelant le soulagement des familles après que les boîtes noires ont été retrouvées intactes. Le syndicat de pilotes SNPL a de son côté expliqué que la note d'Airbus ne permettait "en aucun cas de conclure que l'accident serait dû à une erreur de l'équipage", mais se contentait de ne pas recommander de changement de procédure aux compagnies aériennes utilisant l'Airbus A330. Le constructeur a de son côté souligné que le BEA avait approuvé le télex en question, dont le but est de donner aux opérateurs des informations relatives à de potentielles recommandations de sécurité dans le cadre d'une enquête après accident. Airbus désapprouve "fermement toute spéculation" dans l'enquête, et déplore des communications "inappropriées" pour un évènement aussi grave, qui devrait être traité "avec dignité et professionnalisme". Air France a déclaré qu'il convenait de laisser le BEA travailler "sereinement et en toute indépendance" et souligné qu'à ce stade de l'enquête on ne pouvait définir une quelconque responsabilité de l'un des acteurs, "pas plus que l'exemption de responsabilité de quiconque". L'AFP cite cependant le PDG Pierre-Henri Gourgeon qui aurait condamné les "rumeurs qui portent atteinte à la mémoire des pilotes". Des employés de la compagnie nationale ont été moins diplomatiques, soulignant qu'EADS était l'un des actionnaires majeurs du Figaro et que l'approche du Salon du Bourget devait rendre Airbus très nerveux…