La compagnie aérienne Air France a été condamnée à 100 000 euros d'amende pour complicité de travail dissimulé chez sa filiale CityJet, elle-même condamnée le mois dernier pour les mêmes faits. Deux procès pour les mêmes motifs, l'emploi de salariés sous contrat irlandais entre 2006 et 2008, et des condamnations similaires: le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné le 10 avril 2012 la compagnie nationale aux mêmes amendes que sa filiale un mois plus tôt, le PDG Jean-Cyril Spinetta écopant comme son homologue d'une amende de 15 000 euros. La seule différence porte sur les dommages et intérêts accordés au 21 salariés qui avaient cité directement Air France, 2000 euros plus des compensations pour les droits à la retraite perdus. CityJet, basée à Dublin et rachetée par Air France en 2000, avait employé entre 2006 et 2008 des salariés sous droit irlandais alors qu'ils étaient basés à Paris – Charles de Gaulle et Orly, où les avions passaient d'ailleurs la nuit. L'affaire avait éclaté en 2007 quand suite à des plaintes de syndicats, l'inspection du travail avait constaté la présence d'au moins 250 casiers dans les aéroports parisiens, prouvant qu'autant d'employés travaillaient bien en France, même s'ils payaient charges sociales et impôts en Irlande – à des taux bien moins élevés. CityJet avait transféré tous les contrats sous droit français fin 2008. Les deux compagnies ont annoncé qu'elles feraient appel du jugement. Rappelons que l'année 2006 est celle de la mise en application d'un décret soumettant au droit français les compagnies aériennes travaillant dans l'hexagone. Un principe contesté en particulier par la low cost irlandaise Ryanair, qui devant la menace de poursuites avait décidé de fermer sa base de Marseille en janvier 2011.