Le seul français à bord du vol de Lion Air qui s’est échoué en mer, à quelques dizaines de mètres de la piste de l’aéroport de Bali, a livré son témoignage. Selon lui, l’avion a fait une approche correcte, mais a traversé subitement une zone de pluie battante. Toujours selon lui, c’est « un phénomène (climatique n.d.l.r.) exceptionnel » qui est la cause de l’accident.

« Jusqu’à la fin de mes jours, je demanderai le siège numéro 26 », a déclaré Jean Grandy, un Français de 49 ans, président fondateur d’une marque de chaussures, qui vit depuis une dizaine d’années en Indonésie. « Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur, c'était mon jour de chance », a-t-il affirmé, a priori nullement traumatisé par cet atterrissage en mer spectaculaire. Il a ensuite expliqué dans le détail sa version des faits :

La nuit noire dans les 5 dernières secondes

« Toute l'approche finale a été tout à fait correcte. On était dans le bon axe et l'avion n'a pas chuté. Puis, d'un seul coup, dans les cinq dernières secondes, un nuage s'est abattu sur nous. On était sous des trombes d'eau, c'était une énorme averse. Nous étions quasiment en pleine nuit alors que c'était le plein soleil juste avant. Je me suis demandé comment le pilote allait faire pour atterrir.

« Pas eu le temps d’avoir peur »

Puis on a tapé le sol, ou ce que je croyais être le sol. Je n'ai réalisé qu'après qu'il y avait un problème car tout se disloquait à l'intérieur de l'avion. J'étais assis au siège 26, juste là où le fuselage s'est cassé en deux. Mais je n'ai pas eu le temps d'avoir peur. C'était tellement bref.

Solidarité

Je suis allé vers la porte de derrière mais elle ne s'ouvrait pas car elle était déjà à moitié sous l'eau donc je suis sorti par l'aile. Je suis parti à l'eau et j'ai pris un gamin que j'ai emmené jusqu'au rivage. J'ai fait des allers-retours jusqu'à ce que les secours arrivent. J'ai aidé une dizaine de personnes.

Des trombes d’eau juste devant l’avion

Il n'a manqué que quelques mètres pour atteindre la piste. C'est tout ce que je peux dire. Il n'y a aucune raison objective de penser qu'un autre avion aurait fait mieux. C'était un phénomène exceptionnel: des trombes d'eau qui se sont abattues juste devant l'avion. Je dis merci au pilote et il n'y a quand même pas beaucoup de compagnies qui vous déposent directement sur la plage. »

Pas traumatisé du tout, l’homme d’affaires, qui utilise régulièrement les lignes intérieures, s’est dit prêt à revoler avec la compagnie Lion Air. Ces propos confirment ceux du pilote -ainsi que les enregistrements radar- qui dit avoir voulu interrompre la manoeuvre d'atterrissage par un "go around", mais qu'il avait senti le Boeing 737 perdre soudainement de la portance pour finalement atterrir en mer à quelques dizaines de mètres de la piste.