En attendant le verdict, les six transporteurs affectés par les restrictions de vol s’adaptent tant bien que mal. Celle qui a le plus à perdre si l’OACI n’est pas convaincue est sans conteste Thai Airways, qui fête son 75e anniversaire en pleine restructuration (on rappellera qu’elle a déjà réduit ses fréquences vers Londres et Francfort, et supprimera Madrid à la rentrée). Outre la perte de face causée par les contrôles renforcés de ses avions dans certains aéroports, elle s’attend à voir sa filiale Thai Smile être obligée de redemander des droits de vol internationaux auprès des régulateurs des pays desservis. Fondée en 2012, Thai Smile avait obtenu l’année dernière sa propre AOC et son code WE, mais sa maison-mère continuait à l’utiliser sous code TG sur certaines liaisons, par exemple entre Bangkok et Vientiane (ce qui avait provoqué une plainte du Laos). Le nouveau président de Thai Airways Charamporn Jotikasthira a affirmé sa détermination à « maintenir la compagnie au plus haut niveau de sécurité » quel que soit le verdict de l’OACI, mais aussi à réveiller le mammouth (sureffectif, absence de stratégie marketing, flotte vieillissante… et une perte de 523 millions de dollars en 2014) ; mais son action pourrait être minée par d’anciens cadres,qui l’ont accusé d’avoir recruté des experts internationaux, en l’occurrence le cabinet Bain&Company, dont l’un des dirigeants travaillait pour Temasek – propriétaire de Singapore Airlines, la grande concurrente; une accusation déjà entendue lors du mariage avorté avec Tiger Airways…
La low cost long-courrier Thai AirAsia X devait inaugurer le 1er mai une nouvelle liaison quotidienne entre Bangkok-Don Mueang et Sapporo-New Chitose. Impossible selon les autorités japonaises, mais elles ont accepté que l’A330-300 de TAAX soit remplacé pendant un mois par celui de sa maison-mère malaisienne, AirAsia X. C’est donc l’avion de cette dernière qui opère désormais cette route, sous son propre code D7 ; les autres lignes de Thai AirAsia X, vers Tokyo-Narita deux fois par jour et vers Osaka-Kansai et Seoul-Incheon tous les jours, ne sont pas affectées par les restrictions.
NokScoot, nouvelle compagnie née du mariage entre Scoot et Nok Air, filiales low cost respectivement de Singapore Airlines et de Thai Airways, devait inaugurer mercredi sa première route entre Bangkok-Don Mueang et Singapour-Changi. Impossible donc, mais elle tentera de nouveau sa chance le 20 mai prochain, avec une rotation quotidienne en Boeing 777-200ER pris en leasing chez Singapore Airlines (24 places en Premium, 391 en Economie). La future route vers Nanjing en Chine, prévue le mois prochain, est reportée sine die.
Jet Asia Airways, qui propose des vols réguliers vers Jakarta, Tokyo et Djeddah plus des vols charter, et envisage de relier Phuket à Seoul et trois villes chinoises, s’est déclarée « résolue à laver son image » : même si rien ne lui est reproché, elle a demandé à l’OACI d’être soumise à un audit IOSA, référence en la matière. Thai Lion Air avait fait la même chose en fin d’année dernière, et n’a été que peu affectée par les récents évènements : son réseau est principalement intérieur.
Asia Atlantic Airlines, nouvel opérateur charter thaï-japonais, a eu l’autorisation d’effectuer le mois dernier quelques vols en avril et mai vers le Japon, après avoir envoyé de nouveaux documents au JCAB.
Même si l’OACI se déclare satisfaite des engagements pris par la Thaïlande pour combler les failles de sa sécurité aérienne, l’horizon n’en est pas débouché pour autant : la FAA américaine devrait venir se rendre compte de l’ampleur des problèmes liés aux AOC au mois de juillet, et l’OACI prépare pour 2016 ou 2017 un autre – celui des aéroports internationaux du pays contrôlés soit par Airports of Thailand (Bangkok-Suvarnabhumi et Don Mueang, Chiang Mai, Chiang Rai, Phuket et Hat Yai) soit par la DCA (Krabi, Surat Thani, Ubon Ratchathani, Khon Kaen et Udon Thai). Le Cambodge est le prochain pays de la région qui fera l’objet d’un audit de l’OACI, a priori en novembre.
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