La compagnie aérienne low cost Ryanair prolongera l’hiver prochain sa liaison entre Dublin et Tours. Elle a fait appel du contrôle judiciaire imposé par un tribunal dans le cadre d’une enquête pour emploi dissimulé à Marseille. En Italie, des discussions sont en cours avec Alitalia pour alimenter son réseau long-courrier, tandis qu’en Allemagne une plainte a été déposée contre l’accord passé entre Lufthansa et Air Berlin. Proposée deux fois par semaine à partir du 27 mars 2017, la liaison de la spécialiste irlandaise du vol pas cher entre sa base de Dublin et l’aéroport de Tours-Val de Loire sera prolongée sur le même rythme l’hiver prochain. Les réservations ne sont pas ouvertes à l’heure d’écrire cet article, mais Ryanair devrait conserver les vols du lundi et vendre, opérés sans concurrence. Rappelons qu’elle relie Tours également à Londres-Stansted, Marrakech et Porto toute l’année, plus Marseille en haute saison. La low cost a fait cette annonce lors de la présentation de son programme d’hiver 2017-2018 en Irlande : avec 97 routes contre 130 en été, l’offre dans le pays sera en recul cette année de 3% (14,4 millions de passagers attendus contre 14,8 millions accueillis en 2016), avec une baisse similaire à Dublin. Toujours en France, Ryanair a comme prévu fait appel hier à Aix-en-Provence de son placement sous contrôle judiciaire, avec caution de 5 millions d’euros, dans le cadre de l’enquête déclenchée pour travail dissimulé et emploi illicite de personnel navigant non déclaré. Le jugement est attendu le 3 février. La low cost est poursuivie dans le cadre des ses activités à Marseille, où elle avait mis en place une « base estivale » entre 2011 et 2014, quatre Boeing 737-800 passant la nuit à l’aéroport Provence. Selon les enquêteurs de l‘Office central de lutte contre le Travail illégal (OCLTI), 746 personnes y ont travaillé pendant ces trois ans, jusqu’à 48 navigants sous contrat irlandais quittant chaque soir le terminal MP2 pour passer la nuit à proximité – généralement dans un camping de Vitrolles. Les avocats de Ryanair ne se sont pas exprimés devant la presse. Selon Le Parisien, l'Urssaf a chiffré à « plus de 6,8 millions d'euros le montant des cotisations éludées par la compagnie du fait de la non affiliation des personnels de sa base marseillaise aux régimes de protection sociale française ». La Caisse de retraite du personnel navigant professionnel de l'aéronautique civile « évalue son préjudice à plus de 4,2 millions d'euros pour la même période », tandis que l’avocat du syndicat de pilotes SNPL, qui s’est porté lui aussi partie civile, explique que « Ryanair crée une fiction en disant que ses pilotes sont des autoentrepreneurs alors que toute l'enquête démontre qu'ils sont en réalité ses salariés ». La précédente condamnation de Ryanair à Marseille pour des faits similaires entre 2007 et 2010, à une amende de 200.000 euros assortie de 8,1 millions d’euros de dommages et intérêts est examinée par la Cour de cassation. Côté réseau, Ryanair a proposé à Alitalia d’alimenter ses vols long-courriers au départ de Milan et Rome : « Nous pouvons les aider en leur offrant d'alimenter leurs hubs par des vols à bas coûts », a déclaré le CEO de la low cost Michael O’Leary avant de dévoiler une nouvelle liaison entre Liverpool et Milan justement. Mais le dirigeant évoque aussi les difficultés auxquelles il ferait face en Italie : un accord entrainerait chez la compagnie nationale « des retraits d’avions, des pertes d’emplois, ce qui est politiquement difficile » dans le pays. Rappelons que Ryanair devrait signer dans les semaines qui viennent un accord similaire pour alimenter l’activité long-courrier soit d’Aer Lingus en Irlande, soit de la low cost Norwegian en Scandinavie. Michael O’Leary parle d’un début en mai, la difficulté d’intégrer les systèmes informatiques ayant retardé la signature des accords. Enfin en Allemagne, on retiendra que Ryanair a saisi les autorités de la concurrence à propos de l’accord passé entre Lufthansa et Air Berlin, qui verra la compagnie nationale louer 38 avions de l’opérateur privé dont Etihad Airways est actionnaire. Il s’agit d’un « rachat déguisé », affirme le CEO pour qui les deux compagnies détiendront alors 63% du marché domestique. Le régulateur Bundeskartellamt a été « très réceptif » selon Michael O’Leary, et décidera d’ici la fin du mois s’il y a lieu de se pencher sur la transaction. Quelques heures plus tard, le directeur commercial de Ryanair David O’Brien annonçait pour la fin mars des précisions sur le futur renforcement de sa présence à l’aéroport de Francfort, où elle inaugure au début de la saison estivale ses premières liaisons vers Alicante, Faro, Malaga et Palma de Majorque. De nouvelles routes seront lancées au départ de sa neuvième base en Allemagne, vers des destinations loisirs mais aussi des aéroports « populaires chez les voyageurs d’affaires ».