La compagnie aérienne low cost long-courrier AirAsia X a renoncé à relancer des vols vers l’Europe, cinq ans après avoir abandonné Paris et Londres, mais aussi à ouvrir des routes vers la Californie. Elle se limitera à des vols de 8 ou 9 heures vers l’Asie et le Pacifique, Hawaï restant toutefois programmé. Dans une série de messages sur les réseaux sociaux, le patron du groupe AirAsia Tony Fernandes a surpris son monde le 20 juin 2017 : la filiale dédiée au long-courrier basée à l’aéroport de Kuala Lumpur a abandonné toute idée de relancer des routes très longues. « Nous avons décidé que l’ultra-long courrier n’est plus pertinent. Nous n’entreront pas dans une guerre des prix vers Londres ». Il précise qu’Airsia X « se limitera à des liaisons de huit ou neuf heures, notre objectif étant l’Asie. Avec des exceptions comme Hawaï, qui est justement à huit heures de vol du Japon ». Avant d’ajouter que la low cost va laisser « les compagnies traditionnelles en découdre sur l’Europe. Plusieurs d’entre elles saignent tellement déjà ». En janvier dernier pourtant, le CEO d’AirAsia X Kamarudin Meranun se félicitait du feu vert de la FAA pour l’ouverture de nouvelles liaisons vers les Etats-Unis (Los Angeles, San Francisco voire Las Vegas étaient visés sur le continent), parlant d’une « étape historique » : « notre expansion s’est concentrée jusqu'ici sur l'Asie, l'Australasie et le Moyen-Orient, et nous sommes enthousiasmés par notre première incursion dans un marché entièrement nouveau, au-delà de l'Asie-Pacifique ». La route vers Hawaï sera elle inaugurée le 28 juin, avec quatre rotations hebdomadaires via Osaka-Kansai. Il ajoutait alors que des négociations sont en cours sur l’ouverture de vols vers Londres, cinq ans après avoir abandonné Gatwick - et Paris-Orly - en mars 2012 en raison de l’introduction de la taxe carbone en Europe et du prix trop élevé du baril de pétrole – ce dernier obstacle n’étant plus d’actualité (elle avait aussi mis fin cette même année aux routes vers Delhi, Mumbai, Christchurch et Téhéran). Le dirigeant d’AirAsia X se disait confiant dans le fait que les passagers répondront de manière favorable à cette expansion, notamment grâce au service Fly-Thru qui permet des correspondances fluides en Malaisie, en Thaïlande ou en Indonésie notamment entre son réseau long-courrier et les routes régionales ou intérieures du groupe (avec un enregistrement des bagages de bout en bout). Tony Fernandez, qui était présent au Salon du Bourget, n’a pas expliqué les raisons de cette décision, mais la concurrence en particulier des compagnies du Golfe entre l’Europe et l’Asie du sud-est a sûrement joué un rôle. Il n’a pas non plus réagi à la nomination par Skytrax d’AirAsia comme meilleure low cost au monde pour la neuvième année consécutive ; AirAsia X est classée troisième parmi les low cost long-courrier, derrière Norwegian (qui dessert Bangkok et bientôt Singapour depuis l’Europe) et Jetstar, mais devant sa rivale singapourienne Scoot – qui remplacera cet été sa maison-mère Singapore Airlines entre Singapour et Athènes. Skytrax a par ailleurs classé la cabine Premium d’AirAsia X meilleure au monde, toujours parmi les low cost long-courrier. Elle devrait recevoir ses premiers Airbus A330-900neo début 2019 plutôt que l’année prochaine, Tony Fernandez ayant évoqué ce matin un « léger retard » pour la livraison du premier des 66 exemplaires attendus (elle a aussi commandé dix A350-900).