Le dirigeant de la compagnie aérienne Delta Air Lines se dit confiant dans la livraison comme prévue des 75 Bombardier CS100 commandés au Canada, sans avoir à payer les droits de douane que veut imposer l’administration américaine et qui s’élèvent désormais à 300%. Ed Bastian, CEO de la compagnie américaine, a déclaré le 11 octobre 2017 lors de la présentation des résultats trimestriels que la livraison des monocouloirs canadiens est toujours dans les clous pour 2018 : « nous prendrons livraisons des avions, il y aura peut-être des retards… mais je m’attends à ce que nous n’ayons à payer aucun droit de douane », a-t-il déclaré. Comme le demandait Boeing depuis janvier, le Département du commerce américain avait décidé fin septembre d’imposer des droits de douanes préliminaires de 219,63% sur les Bombardier CSeries, et vient de les rehausser à 300%. Une conséquence des subventions publiques versées à l’avionneur canadien en particulier par le Québec, ce qui selon son rival Boeing revient à faire du dumping aux Etats-Unis où les avions seraient vendus en-dessous de leur coût de production. Delta Air Lines répète à l’envie que Boeing n’avait pas proposé d’avion neuf lors de l’appel d’offre remporté par Bombardier, seulement des Embraer 190 de deuxième main ; « leur modèle le plus proche des CSeries était le 717-200 » selon Ed Bastian, un modèle qui n’est plus produit depuis 2006. Les CS100 de la compagnie de l’alliance SkyTeam seront d’ailleurs configurés avec 110 sièges, exactement comme ses propres 717 (ses 737-700 en comptent 124). Mais l’avionneur américain affirme de son côté que les CSeries sont en concurrence avec ses 737-700 et 737 MAX 7.  La plupart des analystes estiment que ces droits de douanes exorbitants ont peu de chances d’être un jour appliqués, le Département du commerce devant poursuivre son enquête jusqu’à la fin décembre et la décision ultime de la Commission sur le Commerce international (ITC) n’étant pas attendue avant février prochain ; l’OMC sera sans nul doute saisie quelle que soit la décision. Pratt & Whitney, qui fabrique les moteurs des CSeries, reste prudemment en dehors du débat. Boeing a de son côté annoncé hier qu’il lançait une campagne publicitaire « intensive » au Canada, afin de rappeler au pays sa présence significative (560 sous-traitants et 17.500 emplois) et son impact économique – évalué à 4 milliards de dollars canadiens chaque année, soit « 14% de l’industrie aérospatiale au Canada ».