La compagnie aérienne Air Berlin veut obtenir de son actionnaire Etihad Airways des dizaines de millions d’euros de dommages et intérêt, estimant que c’est son absence de soutien qui l’a conduite à la faillite. Elle proteste d’autre part contre la saisie à Reykjavik d’un de ses Airbus A320. Après l’annonce de premiers accords stratégiques avec Lufthansa et probablement easyJet, portant en particulier sur l’avenir de sa flotte, des emplois qui vont avec et des créneaux de vol, les discussions entre la compagnie privée allemande et son actionnaire des Emirats Arabes Unis se poursuivent sur des questions d’argent. L’administrateur gérant la procédure d’insolvabilité d’Air Berlin, Frank Kebekus, a déclaré dans le Rheinische Post qu’il espère arriver « rapidement à un accord général » avec Etihad Airways, de laquelle il attend « une somme à deux chiffres en millions d’euros » - sans préciser si elle sera plus proche de 10 millions que de 90. Quant au prêt-relais de 150 millions d’euros accordé par le gouvernement allemand, il estime qu’il sera « vraisemblablement » en mesure de le rembourser « avec les intérêts d’environ 10% » ; le prêt avait permis à la compagnie de poursuivre son programme de vol estival. Les employés devraient toucher les rémunérations dues, mais les porteurs d’obligations dont Etihad risquent de ne jamais revoir leur investissement : le montant total est estimé à 600 millions d’euros.      Air Berlin a d’autre part protesté hier après la saisie le 19 octobre d’un de ses Airbus A320 à l’aéroport de Reykjavik-Keflavik, où le gestionnaire Isavia déclare vouloir garantir que les redevances dues seront bien payées (y compris les impayés antérieurs au dépôt de bilan). L’appareil et ses passagers n’ont pu repartir vers Düsseldorf, Isavia se contentant d’expliquer être contraint d’appliquer une « mesure en dernier ressort pour assurer le paiement de services déjà fournis ». La compagnie allemande juge la saisie « illégale » aux termes de la loi sur l’insolvabilité, ce à quoi Isavia répond que c’est la loi islandaise qui s’applique. L’avon était toujours bloqué à Reykjavik mardi, cinq jours après son arrivée. Air Berlin avait déposé son bilan en aout dernier, suite à l’arrêt du soutien financier d’Etihad Airways qui détient 29,2% de son capital depuis 2012. La deuxième compagnie allemande n’a quasiment jamais dégagé de bénéfices pendant les huit dernières années, avec une perte record de 782 millions d’euros en 2016 ; sa dette nette se monte à 1,2 milliard d’euros. Tous ses vols seront cloués au sol le 28 octobre, le long-courrier ayant déjà été abandonné la semaine dernière ; les filiales Niki et LGW ne sont pas affectées.