Airbus affirme qu’il poursuivra son leadership en matière d’avions commerciaux en 2018 et au-delà, en s’appuyant sur le record de 2017 avec 718 livraisons d’avions de ligne, et sur les 1109 commandes nettes enregistrées au cours de l’année écoulée. Mais l’avenir de l’A380 est de plus en plus lié à une prochaine commande de la compagnie aérienne Emirates Airlines.

C’est le message clé de la webémission de l’année 2017 tenue lundi, au cours de laquelle les réalisations des 12 derniers mois ont été esquissées par Fabrice Brégier, Directeur des Opérations d’Airbus et Président – Avions Commerciaux, qui a été rejoint par John Leahy, Chief Operating Officer – Customers d’Airbus Commercial Aircraft. « Airbus continuera de s’appuyer sur la force de son personnel », a déclaré M. Brégier lors de la retransmission en direct depuis le siège de l’entreprise à Toulouse, en France. Il a déclaré que l’excellence des employés d’Airbus couvre l’ensemble des activités – de la direction, des équipes de vente et de programme au personnel de production et de test en vol. Ceci est soutenu par l’empreinte industrielle globale de l’entreprise – qui s’est étendue au-delà de l’Europe avec des lignes d’assemblage final en Chine et aux États-Unis. Il a aussi expliqué que la montée en cadence d’Airbus répond à l’important carnet de commandes de l’entreprise, qui a atteint un record de 7265 avions restant à livrer à la fin de 2017. Il a noté que la production de la famille de monocouloirs A320 la plus vendue « reste sur la bonne voie pour atteindre 60 appareils par mois d’ici mi-2019 », accompagnée par l’augmentation de la production de gros-porteurs A350 XWB à 10 par mois d’ici la fin de l’année 2018.

Mais le directeur des ventes John Leahy a clarifié le sort qui attend un autre programme, celui de l’A380 : en cas d’échec des négociations avec Emirates Airlines, « il est clair qu’Airbus serait contraint d’en arrêter la production ». Il a précisé que seule la compagnie basée à l’aéroport de Dubaï (qui en a mis en service 101 sur les 142 attendus) est capable de prendre livraison de six à huit A380 par an pendant les six à huit prochaines années. Le « vendeur en chef » partant a cependant réitéré sa conviction que le temps de l’A380 viendra : « nous en vendrons six à huit par ans jusqu’à ce que le marché arrive à 25 exemplaires nécessaires par an, mais cela va encore prendre quelques années », a-t-il affirmé.  

Rappelons que l’espoir d’une commande de quelques dizaines de superjumbo lors du Salon de Dubaï ne s’est toujours pas concrétisé, même si les négociations continuent – y compris avec d’autres clients potentiels selon Fabrice Brégier. Il est en particulier revenu sur le cas de la Chine, objet de rumeurs sur un éventuel partenariat industriel : « le défi est plus commercial. Nous devons convaincre les compagnies aériennes chinoises que l’A380 augmentera leur part de marché et leur image en opérant à partir des grands hubs chinois. Ce sera le plus grand marché du monde et nous croyons que le plus grand marché mérite le plus gros avion », a déclaré le PDG. D’ici là, il croit tenable la réduction de la production des A380, des 15 livrés l’année dernière à 12 qui seront assemblés cette année, huit en 2019 et peut-être six à partir de 2020. « Même à ce rythme, nous croyons que nous pouvons maintenir une ligne d’assemblage efficace », a-t-il déclaré, promettant qu’aucun A380 « white tail » (sans client confirmé) ne sera jamais produit. Le backlog actuel des A380 est de 95 appareils, même si près de la moitié devraient ne jamais être livrés (ces commandes n’ont cependant pas été officiellement annulées).

La possibilité d’arrêter de la production de l’A380 est évoquée depuis le mois dernier, même si certains analystes jugent qu’il s’agit d’une partie de poker entre Airbus et Emirates. Quant au lancement d’un éventuel A350-2000, la question ne se posera pas avant l’apparition sur le marché de nouveaux moteurs : « Nous ne pouvons pas dire en même temps dire en même temps que le marché des VLA (très gros porteurs) est très difficile et annoncer le lancement d’un nouvel avion pour ce marché. Mais nous avons étudié le problème, et rallonger l’A350-1000 est faisable », a déclaré Fabrice Brégier. Avant de prédire qu’Airbus battra Boeing en 2020 sur les livraisons ; le constructeur européen a été leader en termes de commandes « neuf années sur les dix dernières avec 53% des commandes mondiales (54% pour les monocouloirs, 50% sur les gros-porteurs) ».

Airbus en a profité pour mettre à jour le prix catalogue de ses avions en 2018 (en millions de dollars) :

A318 77,4
A319 92,3
A320 101
A321 118,3
A319neo 101,5
A320neo 110,6
A321neo 129,5
A330-200 238,5
A330-800 (neo) 259,9
A330-200 Freighter 241,7
A330-300 264,2
A330-900 (neo) 296,4
A350-800 280,6
A350-900 317,4
A350-1000 366,5
A380 445,6