Le procès en appel a débuté lundi à Paris pour douze salariés ou ex-salariés de la compagnie aérienne Air France, condamnés pour violences et dégradations dans la manifestation de 2015 qui avait vu le DRH et le responsable de l’activité long-courrier s’enfuir, torse nu pour le premier et la chemise en lambeaux pour le second.

Accusés d’avoir participé aux violences autour du comité central d’entreprise d’Air France, lors desquelles le DRH de compagnie nationale française Xavier Brosetta et le responsable du long-courrier Pierre Plissonnier avaient eu la chemise arrachée par des manifestants, quatre des prévenus (tous licenciés) doivent répondre de violences sur deux cadres de la compagnie et des vigiles, et les huit autres de dégradations sur le portail d’accès au siège pour les huit autres. En première instance, ces salariés – presque tous membres du syndicat CGT – avaient été condamnés à des peines allant de la simple amende à quatre mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire. Ils s’étaient pourvu en appel en juin 2017, Air France obtenant de son côté l’euro symbolique de dédommagement.

L’avocate de neuf des douze prévenus, Maître Lilia Mhissen, a déclaré hier sur France Info qu’elle attend que «  justice soit faite », et que la cour d’appel reconnaisse que ses neuf clients « ont été choisis comme boucs émissaires ». Elle dénonce de nouveau un « dossier monté totalement à charge à partir de vidéos qui ont fait l’objet de montages et de ralentissements », et demande donc l’annulation du jugement. L’avocate ajoute qu’Air France, dont le tribunal en première instance avait « refusé d’entendre la mise en cause », est « responsable pénalement dans cette affaire. Elle a commis un délit d’immixtion en faisant appel à des sociétés de sécurité » et en verrouillant l’accès au siège.

Air France explique dans un communiqué repris par le Monde qu’elle « regrette que ce procès se poursuive, imposant à toutes les victimes de se replonger dans ces évènements, qui ont été choquants pour tous ». Pour elle, le jugement du tribunal de Bobigny, « qui a condamné sans ambiguïté les violences, était un jugement mesuré » et aurait dû permettre de « tourner la page du triste épisode » des violences intervenues lors du CCE du 5 octobre 2015. Défendant un vigile blessé, Maître Axel Ursulet demande simplement que « cesse ce calvaire qui transforme un ouvrier de la sécurité en coupable de je ne sais quel crime, alors que s’il n’avait pas été là, il est évident que ça aurait dégénéré encore plus ».

Le procès se déroulera sur cinq après-midi, et doit s’achever le 20 mars.