Le groupe Lufthansa a enregistré en 2017 une hausse de 33,1% de son bénéfice net, qui atteint un record historique à 2,36 milliards d’euros. Pour Brussels Airlines, l’année se caractérise par des résultats financiers positifs dans un environnement hautement compétitif, même si sa rentabilité sur le moyen-courrier n’est pas encore suffisante.

Rassemblant les compagnies aérienne Lufthansa, Austrian Airlines, Swiss, la low cost Eurowings et donc la compagnie nationale belge, le groupe allemand a vu ses revenus progresser de 12% avec 35,57 milliards d’euros, le résultat opérationnel (EBIT ajusté) progressant de 69,7% à 2,97 milliards d’euros. Le patron du groupe Carsten Spohr, qui vient d’être reconduit cinq ans, ne cache pas sa satisfaction : « nos efforts de ces dernières années portent leurs fruits. Notre modernisation a un impact durable. Nous avons réalisé le meilleur résultat dans l’histoire de notre entreprise. 2017 a été une très bonne année pour nos clients, nos employés et nos actionnaires ». Il souligne que les réductions des coûts de nouveau atteintes l’ont été tout en voyant Lufthansa devenir a première compagnie européenne à se voir attribuer 5 étoiles par Skytrax : « nous abaissons les coûts où cela n’affecte pas les clients, tout en investissant toujours plus dans notre produit et dans la qualité des services ». Parmi les autres éléments ayant contribué à ce succès figurent le prix bas du carburant, la résolution en décembre du conflit avec les pilotes (pour un coût unique de 582 millions d’euros) – et bien sûr la faillite d’Air Berlin, qui a renforcé une demande déjà soutenue.

La réduction du coût unitaire de 1,8% hors éléments exceptionnels (fuel, taux de change) dans le transport de passagers réjouit particulièrement le directeur financier de Deutsche Lufthansa AG Ulrik Svensson, qui souligne que le coût lié aux passagers était en fait en hausse, en raison de coefficient d’occupations plus élevés, d’une hausse de la part variable des salaires suite aux bons résultats financiers,  et d’une augmentation des dépenses liées aux compensations pour les vols annulés d’Air Berlin. Les investissements dans cette dernière ont coûté 900 millions d’euros, « dans le cadre d’investissements à hauteur de 3 milliards d’euros en 2017 », ajoute le dirigeant qui proposera un dividende de 0,8 euro par action lors de la prochaine assemblée générale.

Groupe Lufthansa : record historique pour le bénéfice net 1 Air JournalCompagnies aériennes de réseau

Lufthansa, Swiss International Air Lines et Austrian Airlines ont augmenté leur EBIT ajusté de près de 50% à environ 2,3 milliards d’euros. Avec une demande forte et un environnement de tarification positifs, ces compagnies de réseau ont réhaussé de 2,6% leur marge EBIT à près de 10%.

Lignes aériennes point à point

Malgré les dépenses importantes dans le cadre de l’acquisition de capacités d’Air Berlin, Eurowings a réduit ses coûts unitaires hors carburant et devises de 6,5%. Compte tenu de ce résultat et de la forte demande du marché, l’EBIT ajusté a augmenté d’environ 200 millions d’euros. Malgré des « facteurs exceptionnels défavorables liés à la consolidation du marché », la low cost et Brussels Airlines ont amélioré leur marge EBIT ajusté de 7,3 points de pourcentage et atteint un EBIT ajusté positif d’environ 100 millions d’euros. La croissance inorganique après l’insolvabilité d’Air Berlin aura une contribution positive aux compagnies point à point « à partir de 2019 ».

Services aéronautiques

Un « très bon résultat » est affiché pour 2017, malgré les différences par secteur. Une combinaison de réduction des coûts et de forte demande ont aidé Lufthansa Cargo à améliorer son EBIT de près de 300 millions d’euros pour atteindre 242 millions. Le bénéfice de 415 millions d’euros de Lufthansa Technik était globalement en ligne avec les niveaux de l’année précédente. « Dans le contexte de la poursuite de la transformation de ses activités européennes », le groupe LSG a lui enregistré une baisse de son bénéfice de 38 millions d’euros pour l’exercice, à 66 millions d’euros.

Perspectives

Le groupe prévoit que les coûts liés au carburant augmenteront de 700 millions d’euros, mais que cela peut être « en grande partie » compensé par une performance opérationnelle améliorée ; l’EBIT ajusté pour 2018 sera donc « légèrement inférieur » à l’année dernière. Les capacités organiques devraient augmenter « d’environ 7% », moins que les 8% précédemment envisagés, et le revenu unitaire hors change devrait « rester globalement stable », alors que le coût unitaire hors fuel et taux de change devraient encore baisser de 1% à 2%. « Nous continuerons à poursuivre notre modernisation de manière constante », a conclu Carsten Spohr, et ce faisant « nous resterons concentrés sur la réduction de nos coûts tout en élevant notre qualité. C’est le seul moyen d’augmenter durablement notre rentabilité. D’une position de force, nous continuerons à conduire la consolidation en Europe », même si le rachat d’Alitalia « en l’état actuel » n’est pas d’actualité.

Groupe Lufthansa : record historique pour le bénéfice net 2 Air Journal

En 2017 et « en dépit des défis de l’environnement de marchés », Brussels Airlines a poursuivi sa dynamique de croissance de ces dernières années, enregistrant pour la troisième année consécutive un résultat positif. La capacité de la compagnie nationale belge a augmenté de 11% par rapport à 2016, notamment sur le réseau européen, suite à la suppression progressive de la flotte des appareils de type AVRO RJ100 (100 places) et à leur remplacement partiel par des Airbus A319/A320 (140/180 places). L’augmentation de la capacité sur le secteur long-courrier a été réalisée grâce à un 10ème Airbus A330, principalement déployé sur la nouvelle route vers Mumbai. Ces sièges supplémentaires ont permis à Brussels Airlines de franchir, pour la première fois de son histoire, la barre des 9 millions de passagers (un million de passagers de plus que l’ambition initiale de 2018) et d’atteindre un taux d’occupation de 78,8% (+4,1 pp et seulement 1,8 pp de moins que l’ambition de 2018), ce qui constitue un record pour Brussels Airlines. L’année 2017 se caractérise « par des résultats financiers positifs dans un environnement hautement compétitif et des investissements stratégiques pour le futur ».

  • Résultat opérationnel (EBIT) de 14,98 millions d’euros en 2017 (en normes IFRS)
  • Résultat net de 3.57 millions d’euros (IFRS)
  • Environnement très concurrentiel qui, conjugué à une forte augmentation des capacités liée à l’alignement de la flotte (+11%), a mené à une forte pression sur les rendements (yield)
  • Part de marché en hausse de 1,4 pp (+ 1,3 million de passagers)
  • 9,1 millions de passagers (+17,3%), soit un taux d’occupation record de 78,8% (+4,1 pp)
  • Réalisation de projets stratégiques clés, qui pèsent sur les résultats de 2017, mais qui créent de nouvelles sources de profit (Thomas Cook/lancement de Mumbai/Toronto)
  • Hormis les coûts non-récurrents des investissements stratégiques, le résultat opérationnel est de 25 millions d’euros
  • 1,326 milliard d’euros de chiffre d’affaires et une trésorerie (204 millions d’euros) qui reste très solide, malgré le remboursement de 16,8 millions d’euros de subventions à la sécurité aéroportuaire suite à une décision négative de la Commission Européenne. Les deux années supplémentaires de subventions qui devaient être reçues ont été annulées, ce qui aura un impact négatif sur le résultat net BGAAP (effet exceptionnel non récurrent)
  • Brussels Airlines a recruté 645 nouveaux collaborateurs (dont 160 membres d’équipage de Thomas Cook Airlines Belgium)

Le réseau européen – L’intégration en Belgique des activités de Thomas Cook Airlines, a permis à Brussels Airlines de renforcer sa position dans l’important segment des loisirs. Avec deux appareils A320 supplémentaires, repris de Thomas Cook Airlines Belgium, et une coopération plus étroite avec le tour opérateur, Brussels Airlines a pu ajouter 26 nouvelles destinations à son réseau de loisirs existant et ainsi améliorer davantage sa productivité. L’intégration a permis d’augmenter la clientèle de Brussels Airlines d’un million de passagers supplémentaires, ce qui a contribué considérablement à la rentabilité du réseau européen hautement compétitif. En augmentant le nombre de sièges sur le réseau européen et, par conséquent, le nombre de passagers, Brussels Airlines a pu augmenter sa part de marché. Cela a toutefois créé une pression importante sur le rendement (yield). Pression, qui a été renforcée par l’augmentation de la capacité liée à l’alignement de la flotte sur la famille A320 dans un marché qui était encore en phase de reprise après l’attentat terroriste du 22 mars 2016, ce qui a eu un impact sur la rentabilité des premiers mois de 2017. Par conséquent, le plein effet sur la profitabilité dû au remplacement des Avros par des Airbus ne sera visible qu’à partir de 2018, comme le montrent déjà les résultats financiers des deux premiers mois de 2018.

Le continent africain – Avec une très bonne performance, malgré des crises politiques, l’Afrique est restée le bastion fort de Brussels Airlines en 2017. Pour la première fois, la compagnie aérienne a franchi le cap du million de passagers sur le réseau africain, ce qui correspond à une augmentation de 14,0% et à un coefficient d’occupation moyen de 87 %, un record pour Brussels Airlines. Bruxelles reste une véritable plaque tournante pour les passagers africains, avec 65% des passagers en correspondance vers une destination de Brussels Airlines en Europe ou aux Etats-Unis. Les activités cargo de la compagnie aérienne ont contribué aux résultats positifs sur l’Afrique.

US & Canada – Sur le secteur Nord Atlantique, Brussels Airlines s’est concentré sur la performance de ses trois destinations New York, Washington et Toronto. Au cours du premier semestre de 2017, le trafic des Etats-Unis vers la Belgique a encore souffert du niveau 3 de la menace terroriste, avec comme conséquence eu un impact sur le trafic des Etats-Unis vers et via la Belgique. Ce n’est qu’au second semestre que le trafic a commencé à se rétablir. Le nombre total de passagers a augmenté de 13,7%. Brussels Airlines s’attend à une amélioration de la performance sur l’Atlantique Nord grâce au contrat récemment signé avec les forces de vente du groupe Lufthansa.

Nouvelle destination Inde – Lancée en avril dernier, Mumbai, la première destination asiatique de Brussels Airlines, a atteint un taux d’occupation moyen de 75% avec des résultats financiers qui sont conformes au business plan. L’Inde est un partenaire économique important pour la Belgique avec, en même temps, un potentiel de loisirs important.

En marge de la présentation des résultats de Lufthansa, Carsten Spohr a de nouveau critiqué les performances européennes de Brussels Airlines, toujours pas rentable sur ce secteur en raison d’une « trop grande concurrence des compagnies à bas coûts » ; l’intégration au sein du groupe Eurowings « devra être poursuivie », a-t-il souligné.

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