Le syndicat de pilotes SPAF prévoit pour les deux grèves chez la compagnie aérienne Air France une mobilisation similaire à celle observée le 22 février dernier, quand 25% des vols avaient été annulé. Jean-Marc Janaillac prévient que la compagnie « n’obtiendra rien » en arrivant désunie aux Assises du transport aérien qui ouvrent ce mardi, tandis que dans le procès dit des chemises arrachées, des peines plus lourdes mais toujours avec sursis ont été requises pour deux des quatre prévenus poursuivis pour violences.

Le Syndicat des Pilotes d’Air France (SPAF) prévoit pour les grèves du 23 et du 30 mars 2018 dans la compagnie nationale une mobilisation « du même ordre » que le mouvement du 22 février, qui avait entrainé l’annulation de 25% des vols dont la moitié des départs sur le long-courrier et selon la compagnie coûté 26 millions d’euros. « A l’exaspération des salariés près », ajoute le syndicat dans son communiqué, se disant pas surpris des « allégations à vocation démobilisatrice » de la direction d’Air France. Il invite Jean-Marc Janaillac, président du CA d’Air France, qui déclarait comprendre « le sentiment d’injustice des salariés qui ont fait des efforts alors même que ce qui pèse sur Air France, charges et taxes, n’a pas évolué », à « considérer (enfin) que des personnels motivés et rémunérés sont une source de richesse pour une entreprise », et que l’action doit désormais venir de l’État (compétitivité, charges, taxes d’aéroport) et « non encore et toujours de la modération salariale ». Si le dirigeant souhaite « réellement trouver une issue à ce mouvement », il serait bon qu’il daigne accepter une « négociation autrement qu’à ses seules conditions » et non pas, comme il l’a écrit aux salariés, en refusant par avance « d’aller plus loin ».

« Ce n’est pas du dialogue, c’est un diktat », affirme le SPAF, pour qui une compagnie qui rembourse 2 milliards d’euros de dette (soit 56% environ de sa dette totale) en une seule année « pourrait se permettre d’augmenter ses personnels sans risquer la faillite ou la décroissance ». Les pilotes d’Air France « sont désormais parmi les moins payés des grandes compagnies mondiales, et surtout moins que ceux de KLM » également dirigés par M. Janaillac selon le syndicat, alors que le PDG du groupe franco-néerlandais qui vient de valider des augmentations de 6% chez Transavia Hollande. Le syndicat conclut en déplorant « ce double discours » et constate qu’en dehors de ces « propos décalés aux salariés et dans la presse », M. Janaillac et le Directeur général d’Air France Franck Terner « ont été totalement absents des réunions et discussions autour de ce chantier social ».

Les Assises du Transport Aérien qui s’ouvrent ce mardi à Paris ont été évoquées hier par Jean-Marc Janaillac dans un courrier aux salariés, le PDG d’Air France-KLM avertissant que « nous ne serons pas entendus et nous n’obtiendrons rien si nous allons à ces Assises désunis et en conflit ». Il s’y rendra pour que l’Etat « donne les moyens de nous battre dans un cadre de concurrence équitable et abaisse les coûts externes pesant sur notre activité ». Mais il est difficile de demander au gouvernement d’alléger les taxes pesant sur les compagnies aériennes françaises, au coût de plusieurs centaines de millions d’euros, quand les revendications salariales de l’intersyndicale appelant à la grève pourraient selon un pilote interrogé par La Tribune « être cyniquement utilisée par l’Etat pour rester modeste dans ses mesures, au motif que l’Etat ne va pas financer les hausses des salaires des pilotes ». Le coût de la hausse de 6% réclamée pour tous les employés a été estimé à 240 millions d’euros par Franck Terner, soit 40% du bénéfice opérationnel obtenu en 2017 par Air France.

Air France : mobilisation des pilotes, assises et chemise arrachée 1 Air Journal

On retiendra d’autre part que dans le procès en appel de douze salariés ou ex-salariés d’Air France, condamnés pour violences et dégradations dans la manifestation d’octobre 2015 qui avait vu le DRH et le responsable de l’activité long-courrier s’enfuir, torse nu pour le premier et la chemise en lambeaux pour le second, l’avocat général a requis des peines de trois à cinq mois de prison avec sursis contre quatre prévenus (tous membres de la CGT). Deux font face à des peines plus importantes, trois mois pour celui relaxé et cinq mois pour celui condamné à trois mois en première instance. Pour les huit autres prévenus, la confirmation de leurs peines d’amende de 500 euros a été demandée. La plaidoirie des avocats est prévue ce mardi après-midi.