Un rapport intérimaire accuse une brigade russe venue de Koursk d’avoir fourni le système de missiles BUK qui a abattu en 2014 un avion de la compagnie aérienne Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine, tuant les 298 passagers en membres d’équipage. Mais les enquêteurs ne sont pas encore prêts à porter des accusations.

« Nous avons des preuves légales et convaincantes, présentables devant une cour » que le missile ayant abattu le Boeing 777-200ER de la compagnie nationale malaisienne opérant le vol MH17 entre Amsterdam-Schiphol et l’aéroport de Kuala Lumpur le 17 juillet 2014, « provenait de la 53eme brigade anti-aérienne de l’armée russe basée près de la ville de Koursk », ont annoncé lors d’une conférence de presse les policiers et enquêteurs néerlandais chargés de l’enquête le 14 mai 2018. Photos et vidéos ont été diffusées à l’appui de leurs accusations, l’équipe expliquant qu’elle avait retracé, grâce à des plaques d’immatriculation et autres identifiants, le trajet d’un convoi d’environ 50 véhicules militaires (dont six transportant des BUK) ayant quitté sa base le 23 juin pour arriver deux jours plus tard à Millerovo, à 25 km de la frontière avec l’Ukraine. Le système d’où a été tiré le missile a été identifié grâce entre autres à des inscriptions et à « une ouverture sur la jupe latérale et une roue unique sans cadre distincte sur le côté droit ».

Selon le chef des enquêteurs Fred Westerbeke, même si l’enquête criminelle « progresse régulièrement », elle reste « vaste et compliquée » et ne peut en l’état expliquer pourquoi et par qui le missile a été tiré contre le vol MH17. Les preuves présentées « soulèvent des questions, dont celle de savoir si la brigade elle-même était activement impliquée dans la destruction du vol MH17 », a-t-il précisé. Avant de déclarer qu’il ne veut plus traiter « exclusivement » avec les autorités russes pour obtenir des informations, mais « ouvrir publiquement ses pistes d’enquête à d’autres personnes – y compris en invitant le personnel de la brigade et leurs amis et la famille ». Les enquêteurs cherchent en particulier des éléments d’identification du missile tiré, dont le numéro d’identification de son enveloppe.

L’enquête avait déjà conclu en 2016 que le missile avait été tiré depuis un territoire alors contrôlé par les séparatistes prorusses, après avoir été acheminé depuis la Russie. Mais le parquet soulignait alors qu’il n’accusait pas Moscou d’avoir fourni ce système aux rebelles : après son arrivée dans l’est de l’Ukraine dans la nuit précédant le tir, le système BUK avait été transporté entre le 17 et le 18 juillet en Ukraine sur « un camion Volvo blanc avec une semi-remorque à plateau », escorté par « plusieurs autres véhicules et par des hommes armés en uniforme ».

Sans surprise, le ministère russe de la défense a nié toute implication dans le crash du 777, expliquant dans les médias locaux qu’« aucun missile russe » n’avait franchi la frontière russo-ukrainienne et rappelant que l’armée ukrainienne disposait aussi de missiles BUK. Des « preuves irréfutables » que l’un de ces systèmes était responsable ont été présentées aux enquêteurs internationaux, souligne son communiqué repris par TASS, dont les enregistrements de ses propres radars qui n’auraient détecté « aucun objet approchant du Boeing par l’est ». Le ministère s’en est pris une nouvelle fois à une enquête « basée sur des images récupérées sur les réseaux sociaux », et ayant « rejeté tous les témoignages » des habitants de villages sous contrôle de l’Ukraine proches du lieu où s’est écrasé l’avion de Malaysia Airlines.

On notera que dans une autre enquête concernant un crash de la compagnie malaisienne, la disparition du vol MH370 dans l’océan indien en 2014, les autorités australiennes ont annoncé pour le 29 mai la fin des recherches sous-marines – qui n’ont jusque là pas trouvé trace du 777-200ER reliant Kuala Lumpur à Pékin avec 239 personnes à bord

Vol MH17 abattu en Ukraine: la faute à une brigade russe ? 1 Air Journal