La Chambre basse britannique a voté à une large majorité en faveur de la construction d’une troisième piste à l’aéroport Heathrow de Londres, qui devrait être opérationnelle en 2026.

En votant par 415 voix contre 119 en faveur du projet, le parlement a le 25 juin 2018 levé le dernier obstacle politique à l’agrandissement du premier aéroport européen – sans compter les recours juridiques qui ne devraient pas manquer de suivre. La troisième piste, dont le coût est estimé à 18,5 milliards de dollars, portera sa capacité d’accueil à 135 millions de passagers par an. Sa construction était soutenue par le gouvernement de Theresa May – mais pas par certains de ses ministres, dont celui du commerce Greg Hands qui a démissionné ou celui des Affaires étrangères Boris Johnson, qui avait promis de « s’allonger devant les bulldozers » si cette troisième piste était approuvée. Côté compagnies aériennes, la low cost easyJet s’est dite prête à ouvrir une base à Heathrow en cas de vote positif, tandis que le groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus et les low cost Vueling et Level) était opposé à l’expansion de son hub en raison d’une probable hausse des coûts pour ses filiales.

La troisième piste devrait permettre à Heathrow d’accueillir 740.000 vols par an (260.000 de plus qu’aujourd’hui) ; selon le ministère britannique des transports, les bénéfices attendus sont de l’ordre de 61 milliards de livres pour l’économie en général pendant les 14 prochaines années, avec 77.000 emplois locaux créés d’ici 2050. L’aéroport affirme de son côté que cette expansion permettra d’ouvrir plus de routes directes à l’intérieur du Royaume Uni, et de lancer jusqu’à 40 nouvelles liaisons internationales vers des villes comme Wuhan en Chine, Osaka au Japon ou Quito en Equateur. La plateforme accueille déjà 70% du trafic long-courrier du pays – et bien sûr tous les membres de Oneworld, SkyTeam et Star Alliance pour qui les correspondances sont essentielles.

Outre les recours déposés en justice par des associations, cette expansion aura des conséquences importantes sur la région : Harmondsworth, village au nord des installations actuelles, doit être à moitié rasé, et celui de Longford disparaitra complètement ; au total, 750 propriétés seront détruites après avoir été rachetées « 25% au-dessus de leur valeur sur le marché ».

Londres-Heathrow : la 3ème piste confirmée au parlement 1 Air JournalEn 2017, le premier aéroport de Grande-Bretagne et d’Europe a accueilli 77,989 millions de passagers, un nouveau record, la hausse du trafic étant attribuée notamment à l’utilisation d’avions plus gros par les compagnies aériennes, qui les ont en outre mieux remplis. Le nombre de mouvements d’avions à Londres-Heathrow n’a en effet progressé que de 0,2% en 2017, pour un total de 474.033 – soit en moyenne un peu plus de deux vols supplémentaires par jour par rapport à 2016. Le coefficient d’occupation moyen de tous ces appareils a progressé de 2,6 points de pourcentage à 78%. L’aéroport avait aussi annoncé être devenu « l’un des principaux hubs de fret européens à la croissance la plus rapide », avec 1,7 million de tonnes métriques transitant par l’aéroport (+10,2%).

Le seul hub du Royaume-Uni a fourni un « service client exceptionnel » en 2017, avec des titres décernés par Skytrax de «Meilleur aéroport d’Europe occidentale» pour la troisième année consécutive, et de «Meilleur aéroport pour les achats» pour huit années consécutives. Côté nuisances, le rapport annuel de Heathrow sur le bruit a révélé que l’empreinte sonore de l’aéroport était à son niveau le plus bas en 11 ans avec une baisse de 15% du nombre de ménages affectés par le bruit, un résultat atteint « en collaboration avec les compagnies aériennes encouragées à utiliser des avions plus silencieux ». Les mouvements d’avion la nuit ont également diminué d’un tiers (32%) en 2017.