Les pilotes irlandais de la compagnie aérienne Ryanair seront de nouveau en grève les 20 et 24 juillet, à la veille du préavis déposé par plusieurs syndicats de PNC. La low cost a reçu le feu vert européen pour prendre le contrôle de 75% de Laudamotion en Autriche, et accuse d’entraves multiples Lufthansa – qui dément.

La grève de 24 heures menée jeudi dernier par les pilotes de la spécialiste irlandaise du vol pas cher basés en Irlande avait entrainé dans les aéroports irlandais 30 annulations sur les 290 vols prévus, uniquement sur des liaisons avec le Royaume Uni. Le syndicat IALPA (Association irlandaise des pilotes de ligne) a annoncé deux nouvelles journées d’action, vendredi 20 et mardi 24 juillet, expliquant que si la réunion avec la direction de Ryanair la veille de la grève avait permis de dégager « certains terrains d’entente », aucun n’accord n’avait été trouvé sur le mandat du groupe de travail sur les pilotes. Chez la low cost, le directeur des relations humaines Eddie Wilson a évoqué sur RTE des pourparlers « constructifs mais très frustrants », tout en ajoutant que la reprise des négociations était possible à tout moment.

L’IALPA, désormais intégré dans Fórsa dont la reconnaissance n’est toujours pas finalisée, réclame de Ryanair une modification de la gestion des transferts de pilotes entre bases en Europe et en Afrique du nord, et lui reproche surtout de refuser d’établir une liste d’ancienneté : les pilotes souhaitent que ceux ayant le plus d’ancienneté soient les premiers à bénéficier de droits incluant le choix de la base, les promotions ou la possibilité de prendre des congés lors des vacances scolaires.  

Rappelons que les pilotes irlandais ne sont pas les seuls employés de la low cost à vouloir se mettre en grève : le syndicat VC en Allemagne fait voter les pilotes sur le principe d’une grève en aout, tandis qu’un appel à la grève pour 24 à 48 heures fin juillet a été lancé par des syndicats d’hôtesses de l’air et stewards en Belgique, au Portugal, en Italie et en Espagne.

Ryanair : deux grèves de pilotes, Laudamotion et Lufthansa 1 Air JournalEn Autriche, Ryanair a salué vendredi la décision de la Commission européenne d’approuver son projet d’acquisition d’une participation de 75% dans la compagnie aérienne autrichienne Laudamotion (dont elle détient actuellement 24,9%). Ryanair a conclu un partenariat avec Niki Lauda « pour offrir de la concurrence des tarifs plus bas et davantage de choix pour les consommateurs en Autriche, en Allemagne et en Espagne », où se déroulent actuellement la majorité des services de Laudamotion. Mais la low cost ne s’attarde pas sur ce feu vert du gendarme de la concurrence : Laudamotion est selon elle « actuellement menacée par Lufthansa, qui tente de retirer les 9 avions qu’elle a été obligée par la Commission européenne de fournir » à l’ex-Niki afin de lui permettre de redémarrer les opérations. Selon Ryanair, il s’agit du dernier d’une série « d’efforts de Lufthansa pour déstabiliser et endommager Laudamotion », qui a vu Lufthansa :

*ne livrer que 9 des 11 appareils prévus dans la décision de l’UE sur la concurrence concernant l’acquisition de Air Berlin par Lufthansa ;
*retarder la livraison d’un avion, prévue début juin, jusqu’à la fin aout au plus tôt, faisant perdre à Laudamotion les bénéfices de cet appareil (et ses créneaux) durant la période estivale très chargée ;
*faire payer la location avec équipage des appareils à Laudamotion à des prix au-dessus du marché « pour des Airbus A320 de cet âge » ;
*retarder le paiement de plus d’1,5 million d’euros de leasing dus à Laudamotion pour les vols qu’elle a opéré pour le compte de Lufthansa en mars, avril et mai, et lui retirer des contrats d’affaires promis ;
*accuser Laudamotion de ne pas payer à temps les frais de leasing et de maintenance, « ce qui est faux ».

Laudamotion a seulement été en mesure d’exploiter une flotte de 19 avions cet été en louant chez Ryanair dix Boeing 737-800 avec leurs équipages, rappelle la low cost. Juliusz Komorek, Directeur des affaires juridiques et des questions de réglementation de Ryanair, a déclaré dans un communiqué : « nous saluons la décision de la Commission européenne d’approuver le projet d’acquisition par Ryanair d’une participation de 75% dans Laudamotion. Ryanair reste engagée à apporter de la concurrence, du choix et des tarifs bas sur les marchés autrichien, allemand et espagnol grâce à notre investissement dans Laudamotion. Nous exhortons les autorités de la concurrence de l’UE à agir et à empêcher toute nouvelle tentative de la part de Lufthansa de nuire à la concurrence par son comportement anti-consommateur ».

Lufthansa a réagi dans la foulée, parlant d’accusations « complètement infondées » ; la compagnie nationale allemande soutient que Laudamotion a refusé d’acheter les appareils proposés, optant pour la location. Et comme son propre groupe Eurowings « a besoin d’avions », elle a exercé ses droits contractuels et mis fin aux contrats avec Laudamotion concernant neuf avions, « en raison du non-paiement des montants dus ».

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