Au premier des deux jours de grève menés par des syndicats d’hôtesses de l’air et stewards en Belgique, en Espagne et au Portugal, la compagnie aérienne low cost Ryanair a annulé près de 300 des 2400 vols prévus en Europe. L’impact se fait sentir dans les aéroports français.

Suite au préavis de grève déposé début juillet par des syndicats de PNC dans ces trois pays, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a déjà précisé l’impact sur le trafic aérien les 25 et 26 juillet 2018 : 50 vols sont annulés depuis et vers la Belgique (31% des 160 vols prévus chaque jour), jusqu’à 200 vols chaque jour depuis et vers l’Espagne (24% du programme quotidien), et 50 depuis et vers le Portugal (27% du total). Ryanair a prévenu par SMS ou courriel les quelque 100.000 passagers affectés pendant les deux jours de grève (« sur 860.000 »), proposant la possibilité d’être réaffecté sur un autre vol dans les sept jours avant ou après les deux jours de grève, ou celle de recevoir le remboursement complet de leur billet « dans les sept jours ouvrables ». Du personnel supplémentaire a été affecté dans les centres d’appel pour aider les clients.

Mais Ryanair a prévenu qu’elle ne paiera pas les compensations prévues par la législation européenne : dans un entretien accordé à La Libre Belgique, le directeur marketing Kenny Jacobs explique que «  pour nous, cette grève est un cas de force majeure, car nous avons fait le maximum pour l’éviter. On s’attend à ce que des passagers viennent nous réclamer ce montant, et nous irons devant les tribunaux pour faire part de notre droit ».

Les syndicats de PNC avaient présenté début juillet à Ryanair une liste de huit revendications sur : les conditions économiques, la sécurité et les plannings, une « culture du travail équitable », l’emploi via les agences, les contrats nationaux, les arrêts maladie, les ventes à bord et le travail au sol. Liste que la spécialiste irlandaise du vol pas cher avait alors qualifiée d’inutile, déclenchant les préavis de grève pour ce mercredi et jeudi.

En Belgique, la grève des PNC affectera quelque 18.000 passagers en deux jours, 95% d’entre eux ayant déjà été replacés sur d’autres vols : selon la RTBF citant un document interne, à Bruxelles-Zaventem, seuls les vols vers Lisbonne, Dublin et Palma de Majorque seraient maintenus ce mercredi, et ceux vers Valence, Dublin et Palma de Majorque jeudi. A l’aéroport de Charleroi, 20 rotations seraient opérées, aujourd’hui vers d’Alicante, Porto, Oujda, Marseille, Sofia, Rhodes, Lanzarote, Manchester, Thessalonique et Lisbonne, et demain jeudi vers Malaga, Varsovie-Modlin, Lisbonne, Tanger, Agadir, Marseille, Thessalonique, Varna et Podgorica. La RTBF souligne d’autre part que 100% du personnel de cabine basé à Zaventem serait en grève, la compagnie aérienne amenant des PNC basés à l’étranger pour assurer ces liaisons.

En Espagne, les syndicats USO et SITCPLA ont tenu mardi soit une réunion de la dernière chance avec la direction de Ryanair, sans résultat. Et la menace de la low cost de réduire son programme d’hiver et sa flotte, avec à la clé des pertes d’emploi, n’impressionne pas les syndicats : l’Espagne « représente 20% des revenus de Ryanair », rappelle la présidente du SITCPLA, tandis que son homologue chez USO soutient que la low cost sera vite remplacée et que « si ce n’est pas Ryanair qui nous emploie, ce sera quelqu’un d’autre » ; « ce que nous n’accepterons pas, c’est qu’une compagnie étrangère vienne ici, fasse des profits, exploite les travailleurs dans ce pays et menace de cesser leurs activités ».

Les aéroports français sont bien sûr affectés par la grève de PNC, par exemple Beauvais (13 vols supprimés aujourd’hui et demain), Toulouse où quatre rotations sont annulées mercredi et jeudi ou Marseille (3 départs vers Porto, Lisbonne et Valence annulés ce mercredi). Ryanair a prévu d’opérer chaque jour de grève plus de 2400 vols, « emmenant plus de 450.000 passagers vers leur destination de vacances ».