La compagnie aérienne Royal Air Maroc dit faire face depuis le weekend à une grève de pilotes, qui entraine de nouveau l’annulation de dix vols ce mercredi. Elle a d’autre part commencé à dévoiler les routes qui seront utilisées l’année prochaine par les Boeing 737 MAX 8 au départ de Casablanca, parmi lesquelles Paris, Toulouse, Lagos ou Accra.

La compagnie nationale marocaine affiche pour ce 25 juillet 2018 l’annulation de cinq rotations au départ de sa base à l’aéroport de Casablanca-Mohammed V pour cause de « tensions sociales » : AT 222/223 vers et depuis Copenhague, AT 718/719 vers et depuis Lyon, AT 774-775 vers Paris-Orly, AT 786/787 vers Paris-CDG, et AT 946-947 vers Bologne. Royal Air Maroc prévient de « risques de perturbations » sur plusieurs autres départs, entre autres vers Montpellier, Bordeaux, Libreville, Abidjan ou Yaoundé. Elle recommande donc à tous les passagers de vérifier le statut de leur vol avant de se rendre à l’aéroport. Et offre la possibilité de reporter la date de votre voyage avant le 15 août sans frais supplémentaires, ou obtenir un remboursement du billet d’avion en cas d’annulation de votre voyage.

Six rotations avaient déjà été annulées hier au départ de Casablanca, et le programme de vols est affecté depuis ce weekend. Mais l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) dément toute organisation d’une grève : selon le syndicat, c’est une mauvaise préparation du planning estival qui est à l’origine des perturbations, pas une action de grève. Elle pointe du doigt les communiqués de la RAM qui ont débuté la semaine dernière après la publication dans l’Economiste d’une lettre du PDG Abdelhamid Addou, qui dénonçait « l’absence de volonté d’aboutir à un compromis » et une « surenchère des revendications ». « Ce refus dogmatique d’un engagement vers une pérennisation des relations sociales, révèle l’intention de se maintenir dans une position belliqueuse jugée confortable, mais au demeurant court-termiste et inutile, dès lors qu’il n’y aura plus rien à défendre après la destruction », écrivait le dirigeant, alors que la RAM a « mobilisé des moyens, dont nous ne disposons pas aujourd’hui, pour pouvoir répondre aux attentes des pilotes de ligne. Nous avons entrepris la mise en place de process pour améliorer le quotidien. Nous avons initié l’acquisition de systèmes d’information avant-gardistes pour améliorer les conditions de travail et nous avons encore une fois buté sur l’absence d’accompagnement ». Depuis cette lettre, l’AMPL estime que les pilotes sont victimes d’un lynchage médiatique.

Les pilotes de Royal Air Maroc avait commencé à parler salaires en février, quand la compagnie évoquait sa stratégie de doubler la flotte d’ici 2020 et avait donné un accord de principe sur une revalorisation. Une première journée de grève avait été organisée en février, mais rien depuis, assure l’AMPL qui avait mis sur la table quatre sujets de revendication : une revalorisation des salaires de 15.000 dirhams sur une période cinq ans, le refus d’une paix sociale de 7 ans demandé par la compagnie, 4 jours de repos mensuels, et un traitement égal pour les pilotes de RAM Express. Mais aussi la réouverture d’une école de formation des pilotes, un traitement des pilotes étrangers engagés en CDD plus comparable à celui des Marocains (qui sont moins bien payés) – et le sujet des 48 heures off chaque semaine, que les pilotes appliqueraient à la lettre selon le syndicat, d’où l’apparence de grève depuis la semaine dernière…

Côté flotte, si la commande de quatre 737 MAX 8 n’est toujours pas officialisée dans les listings de Boeing, Royal Air Maroc espère recevoir le premier exemplaire « d’ici la fin de l’année » selon Jean Thouin, directeur des ventes Europe et Afrique du Nord, qui s’exprimait devant les médias fin juin. Le MAX 8 sera configuré selon Airlineroute pour accueillir 12 passagers en classe Affaires et 144 en Economie (156 sièges au total), quand les 737-800 bi-classes ont entre 159 et 177 places. Au départ de Casablanca, les MAX 8 devraient être mis en service le 31 mars 2019, vers Accra au Ghana (5 vols par semaine), Lagos au Nigeria (6), Londres-Heathrow (6) et Bologne (3). Puis ce serait au tour d’Amsterdam le 1er avril (1), Barcelone et Milan-Malpensa le 3 avril (1 et 2 respectivement), Toulouse-Blagnac le 5 avril (1) et Paris-CDG le lendemain (1). Airlineroute précise par ailleurs que ces dates seront « probablement » avancées.

Royal Air Maroc avait déjà officialisé fin décembre une commande de quatre Boeing 787-9 Dreamliner, qui rejoindront les cinq 787-8 déjà en service d’ici décembre. Jean Thouin soulignait le mois dernier que Boeing « s’emploie à soutenir » la croissance de la compagnie aérienne et de l’industrie aéronautique nationale : « Que ce soit à travers la structuration d’un écosystème de fournisseurs, l’organisation d’une plateforme de sourcing basée localement, ou les nombreux partenariats commerciaux conclus, l’avionneur américain se montre actif sur tous les fronts ».

Rappelons que la RAM utilise une flotte exclusivement Boeing (737-700 et -800, 747-400, 767-300ER et Dreamliner donc), à l’exception de cinq ATR 72-600 et quatre Embraer 190.

Royal Air Maroc : "grève" de pilotes et 737 MAX 8 1 Air Journal