Le groupe AccorHotels a définitivement renoncé à investir dans le capital du groupe aérien Air France-KLM, lassé d’attendre une décision de l’Etat français. Un syndicat de pilotes hollandais proteste contre la location chez Qatar Airways de deux 777F.

Le communiqué sur les résultats trimestriels d’AccorHotels le 26 juillet 2018 est clair : « les conditions nécessaires pour une prise de participation minoritaire dans Air France-KLM ne sont pas réunies à ce stade, et a par conséquent il a été décidé de ne pas poursuivre l’étude de ce projet ». Le groupe hôtelier rappelle que le 3 juin dernier, « dans le cadre de sa stratégie visant à enrichir sa gamme de services dans l’univers du voyage », il avait a indiqué « mener des réflexions sur la mise en place d’une alliance avec Air France-KLM. Ces réflexions incluaient l’éventualité d’une prise de participation minoritaire au capital d’Air France-KLM, aux côtés de co-investisseurs français et européens ». Des déclarations neutres dans la forme, mais sur le fond le groupe est plus clair : « est-ce qu’on a été capables de se mettre d’accord avec Air France et d’avoir des conditions qui à ce stade, nous permettent d’avancer ? La réponse est non », a déclaré dans une conférence téléphonique le directeur financier Jean-Jacques Morin.

Selon une source du groupe hôtelier citée dans La Tribune, AccorHotels « attendait un signal » de l’Etat disant qu’il était d’accord pour vendre ses 14,3% du capital d’Air France-KLM (et 23% des voix), « mais nous n’avons pas d’interlocuteur (…) et n’allons pas attendre indéfiniment ». Le site économique croit savoir que la solution retenue était 7% du capital détenu par l’Etat rachetés par Accord, et le reste par « un pool d’investisseurs majoritairement français ».

Le gouvernement français, occupé par d’autres affaires, aurait de fait décidé d’attendre la nomination du nouveau PDG d’Air France-KLM, annoncée pour septembre, pour se décider sur l’avenir de ses parts. Cela ne déplaira pas à la compagnie aérienne, opposée à l’arrivée du groupe hôtelier qu’elle accuse d’être intéressé uniquement par les clients de son programme de fidélité Flying Blue, comme le dénonçait en début de mois le candidat évincé Philippe Capron – même si le résultat serait une alliance à même de mieux lutter contre les Expedia et autres Bookings.com.

Air France-KLM sans AccorHotels mais avec Qatar Airways 1 Air JournalSi les syndicats français menacent de reprendre leur conflit sur les salaires en septembre, aux Pays-Bas, le syndicat de pilotes VNV s’indigne sur un sujet complètement différent : la location avec équipage par le groupe de l’alliance SkyTeam de deux Boeing 777F de Qatar Airways pendant huit semaines, pour compenser les opérations de maintenance en cours sur les appareils de sa propre flotte. Dans une lettre ouverte à Marcel de Nooijer, EVP d’AF-KLM Cargo, le syndicat accuse la compagnie basée à l’aéroport de Doha de « pratiques anticoncurrentielles », et affirme que si le wet-lease « est toujours une option, elle ne doit jamais l’être au profit d’un transporteur du Moyen-Orient ». D’autant que le recul des opérations de fret chez Air France-KLM ces dernières années a entrainé des licenciements chez Martinair, souligne VNV ; le groupe ferait mieux d’investir dans des capacités supplémentaires plutôt que d’aider une compagnie accusée de « ne pas jouer à la loyale » sur le marché.

Un porte-parole d’Air France-KLM a confirmé à The Loadstar avoir loué les deux 777F ; « après une enquête approfondie, Qatar Airways était la seule compagnie aérienne capable de fournir les capacités requises ». Rappelons que lors du Salon de Farnborough, la compagnie qatarie a finalisé une commande de cinq 777F annoncée en avril, d’une valeur de 1,7 milliards de dollars au prix catalogue. Qatar Airways Cargo opère déjà treize 777F, deux 747-8F et huit Airbus A330F, et se présente comme le « troisième opérateur de fret aérien dans le monde avec plus de 150 destinations et 200 avions au total ».