La publication des résultats du groupe Air France-KLM a été suivies par une conférence de presse évoquant les plus de 200 vols annulés de la compagnie aérienne française depuis mi-juin, les annonces concernant les ATR et les 747 – et la rumeur sur la nomination d’un CEO venu des Etats-Unis.

Le groupe franco-néerlandais a annoncé le 1er aout 2018 une hausse du chiffre d’affaires de 0,8% au premier semestre (+4,9% à taux de change constants), avec un résultat opérationnel restant positif à 228 millions d’euros (malgré l’impact de la grève chez Air France estimé à 335 millions d’euros), tandis que la perte nette est réduite de 609 à 159 millions d’euros. Des résultats salués en bourse mais qui n’ont pas occulté les accusations des syndicats à propos des retards systématiques chez Air France depuis le début de l’été : 240 vols auraient été annulés entre le 15 juin et la fin juillet, dont 21 le 21 juillet, assure dans Le Parisien François Di Mino, délégué syndical FO sur le hub de l’aéroport de Paris-CDG, qui précise : « un jour c’est un vol qui ne décolle pas faute de pilote, un autre ce sont les hôtesses et les stewards qui manquent à l’appel. Parfois, c’est carrément un avion qui fait défaut ». Chez les pilotes, la constatation est similaire : « c’est la désorganisation à tous les étages de l’entreprise », dénonce Guillaume Pollard, le président d’Alter, « il n’y a plus de chef à la tête d’Air France et ça se voit », renchérit Yannick Floc’h, vice-président du SNPL. Interrogé sur le sujet, le CEO d’Air France Franck Terner a expliqué hier que la moitié des annulations de vols est une conséquence des « tensions pilotes », les quinze jours de grève menés depuis février ayant entrainé le report de la « formation du maintien des compétences des pilotes ». La direction assurait hier dans le quotidien que 97,7% des vols long-courriers avaient été assurés en juin et juillet, sur les mille vols LC programmés chaque jour, mais reconnaissait un nombre d’annulations de vol supérieur à la moyenne. Une autre grève, cette fois dans la maintenance, a également impacté les opérations, rappelait-elle.

Les avions du groupe de l’alliance SkyTeam ont été mentionnés hier durant la conférence de presse, mais pour une autre raison : le directeur financier Frédéric Gagey a évoqué chez Air France « la fin progressive des ATR dans la flotte de HOP! ». La filiale régionale d’Air France opère six ATR 42-500, deux 72-500 et six 72-600 allant de 48 à 72 sièges – aux côtés de 24 jets Bombardier et 38 jets Embraer, une flotte hétéroclite héritée de la fusion d’Airlinair, Brit’Air et Regional. KLM Royal Dutch Airlines, qui a remplacé au deuxième trimestre trois 747-Combi par autant de 787-9 Dreamliner, devrait se débarrasser des ses douze derniers Jumbo Jet d’ici 2021

Fanck Terner a d’autre part réaffirmé hier que les négociations avec les syndicats d’Air France sur les augmentations de salaires demandées ne pourront redémarrer qu’une fois la nouvelle gouvernance mis en place. « Je ne peux qu’appeler à la raison pour le second semestre », a expliqué le CEO, « je ferai ce que j’ai à faire, je gérerai le conflit mais il n’est pas possible de satisfaire en l’état les revendications salariales » aux sujets desquelles la menace de nouvelles grèves est brandie par l’intersyndicale. Une gouvernance dont AccordHotels ne fera pas partie, le directeur financier Frédéric Gagey estimant que même si Air France-KLM et le groupe hôtelier sont partenaires depuis de nombreuses années, « rien ne justifie de faire d’Accord un actionnaire » du groupe. Un groupe qui n’a « rien à dire sur le sujet », le processus de nomination se poursuivant. Mais La Tribune croit savoir que le schéma de la future gouvernance a été arrêté : Air France-KLM serait dirigé par un président du conseil d’administration ET un CEO (et non plus un unique PDG), au-dessus des dirigeants des deux compagnies aériennes. Un schéma porté par l’actionnaire Delta Air Lines, ce qui pourrait expliquer la présence dans la short list du comité de nomination d’un « candidat nord-américain baignant dans l’univers du transport aérien, sans pour autant être très connu » selon le site économique. Qui rappelle au passage que Christian Blanc avait redressé Air France entre 1994 et 1995 avec l’aide de l’Américain Steven Wolf et de l’indo-américain Rakesh Gandwall, tous deux en provenance de United Airlines. Pour les syndicats, « il sera difficile de continuer à aller se plaindre au gouvernement qui n’aura plus la main sur le patron de la compagnie », explique un observateur dans La Tribune. Cette nouvelle gouvernance pourrait du coup conserver à son poste Anne-Marie Couderc (présidente non-exécutive par intérim depuis la démission de Jean-Marc Janaillac) jusqu’à 2019 au moins, le PDG de KLM Pieter Elbers se voyant en outre confier via un titre de DG adjoint du groupe des responsabilités dans les alliances.

Air France-KLM : annulations, flotte, et un CEO américain? 1 Air Journal

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