Une nouvelle rencontre entre le CEO de la compagnie aérienne Air France Benjamin Smith et l’intersyndicale représentant tous les corps de métiers est prévue samedi, alors que FO a rejoint l’appel à la grève nationale mardi prochain.

Après un premier contact lundi avec les neufs syndicats représentant les pilotes (SNPL, Alter), les hôtesses de l’air et stewards (SNPNC, UNSA, CFTC, SNGAF) et le personnel au sol (CGT, FO, Sud), et des rencontres individuelles, le dirigeant de la compagnie nationale française devrait revoir tout ce beau monde le 6 octobre 2018 à 10h00. Une source syndicale explique que « Ben Smith a demandé à recevoir les syndicats tous ensemble samedi matin », avant le début de négociations qui ne débuteront pas avant le 12 – et l’entrée en fonction du nouveau DRH Oltion Carkaxhija (transfuge lui aussi d’Air Canada). Contactée par Les Echos, la direction d’Air France n’était pas immédiatement disponible pour commenter.

Négociations ou pas, deux syndicats ont désormais rejoint l’appel à la grève nationale mardi prochain contre la politique du gouvernement : après le SNPNC pour le personnel de cabine, qui invitait « l’ensemble des PNC de toutes les compagnies aériennes basées en France à participer à la journée de mobilisation interprofessionnelle pour défendre notre métier et le modèle social républicain », FO (sol) a hier appelé ses troupes à cesser le travail mardi de 1h00 à 24h00, et à participer à la « manifestation unitaire » à Paris. L’impact de ces mouvements sur le trafic est impossible à prédire, mais on rappellera que l’intersyndicale promettait fin aout « un fort durcissement du conflit » si ses revendications ne sont pas entendues.

Rappelons que les syndicats (qui ont “perdu” le SPAF durant l’été) réclament une augmentation générale des salaires de 5,1% (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018). Ces revendications auraient été abaissées durant les négociations avant le CCE du 14 juin dernier, à une hausse des grilles de salaires de 4% en 2018 et du montant du niveau de l’inflation en 2019 (hors avancement automatique), mais l’intersyndicale a choisi de débuter les nouvelles négociations.sur la base haute.

En face, la direction d’Air France avait officiellement revu à la hausse l’augmentation de 1% qui n’avait été signée que par deux syndicats (CFDT et CFE-CGC représentant 31,3% des voix du personnel) : sa proposition d’accord portait sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, puis une autre augmentation générale de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction ainsi augmentés de 12,5% en moyenne sur la période (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoyait d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif. Le rejet par 55% de l’ensemble du personnel de ces propositions avait entrainé en mai la démission du PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac. Les quinze jours de grève menés depuis le début de l’année par l’intersyndicale ont déjà coûté 335  millions d’euros à Air France.