Le syndicat de pilotes SPAF de la compagnie aérienne Air France a accepté la proposition d’une augmentation de salaire de 4% en deux temps. L’intersyndicale qu’il a quittée attend de son côté des propositions écrites.

Y aurait-il une lumière au bout du tunnel du conflit salarial chez la compagnie nationale française? Le deuxième syndicat de pilotes a annoncé le 9 octobre 2018 avoir accepté la proposition de la nouvelle direction, une augmentation de salaire de 2% pour cette année suivie d’une autre de 2% le 1er janvier 2019. Soit la proposition dévoilée ce weekend, avec promesse d’une nouvelle réunion en octobre prochain pour discuter de la suite. Le SPAF explique dans un communiqué qu’il pense que « la sortie d’une équipe directoriale déconfite doit permettre de mettre la suivante au défi dès son arrivée, sans aucunement faire table rase du passé. Il ne faut pas chercher, auprès de certains dirigeants, une forme de vengeance pour des erreurs commises par d’autres. Le SPAF, syndicat revendicatif et combatif, cherche des solutions plutôt que des querelles. Entre l’inertie et le mouvement, nous avons choisi le second ». Le directeur général et le DRH d’Air France, Franck Terner et Gilles Gâteau, ont démissionné et sont remplacés respectivement par les ex-Air Canada Benjamin Smith (également CEO du groupe Air France-KLM) et Oltion Carkaxhija.

Le syndicat de pilotes précise cependant que 4% d’augmentation, « c’est à la fois peu et beaucoup » : peu en regard des « huit années de disette sans augmentation des barèmes des pilotes », et beaucoup si on évalue « les maigres résultats des négociations passées ». Il s’agit pour le SPAF de « défendre un schéma auquel nous croyons, non parce qu’il est le seul possible, le meilleur ou le moins pire, mais parce qu’il est juste et qu’il ouvre la porte au dialogue et au mouvement ».

Le SPAF avait quitté l’intersyndicale représentant tous les corps de métiers d’Air France, dont les représentants de pilotes (SNPL, Alter), d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC, UNSA, CFTC, SNGAF) et du personnel au sol (CGT, FO, Sud). Ces derniers ont déclaré dans un tract mardi « ne pas pouvoir se prononcer » sans confirmation par écrit de la proposition de la direction, tout en précisant que « les 2% versés au 1er janvier 2019 ne constituent pas une avance sur les NAO 2019 (négociations annuelles obligatoires sur les salaires), mais qu’ils serviront bien à compenser l’inflation 2012-2018 ». Les neuf syndicats ont réaffirmé à Ben Smith samedi leur exigence d’une augmentation générale des salaires de 5,1% (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril 2018 (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018). Et ils demandent « la nécessité de solder très rapidement le conflit en cours ».

Le syndicat majoritaire chez les pilotes, le SNPL, n’a rien ajouté à ses déclarations du weekend. Mais plusieurs de ses membres ont demandé publiquement (sur les réseaux sociaux) une réunion du bureau et l’ouverture d’une consultation : soit refuser les propositions actuelles avec poursuite des négociations, soit accepter – et sortir de l’intersyndicale pour rejoindre le SPAF et la direction dans une négociation de branche.