Le nouvel aéroport d’Istanbul a été officiellement inauguré hier, seules quelques routes étant opérées initialement dans ce devrait devenir le plus grand aéroport du monde. A Mexico en revanche où la nouvelle plateforme est déjà en partie construite, le président-élu a annoncé l’abandon du projet suite à une consultation populaire.

Dans la capitale économique de Turquie, le nouvel aéroport international qui remplacera à terme Istanbul-Atatürk a été inauguré le 28 octobre 2018 par le président Recep Tayyip Erdogan. Baptisé pour l’instant Havalimani mais appelé INA (Istanbul New Airport) et situé sur la rive européenne d’Istanbul à 35 km du centre-ville, il n’accueillera son premier vol commercial que jeudi, en provenance d’Ankara ; cinq vols quotidiens y seront opérés par Turkish Airlines dans les prochaines semaines, depuis Antalya, Izmir, Ercan et Bakou, mais il faudra attendre le 29 décembre pour voir les compagnies aériennes s’y installer en masse, à commencer bien sûr par la compagnie nationale turque.

Pendant une première phase, le nouvel aéroport doté de six pistes aura une capacité de 90 millions de passagers par an, pour atteindre à terme 200 à 250 millions de passagers vers 2028 (soit deux fois plus que l’actuel aéroport le plus fréquenté au monde, Atlanta aux Etats-Unis). Il desservira 300 destinations dans le monde, selon les estimations du ministère turc des Transports, et devrait progressivement générer 200.000 emplois directs et indirects pour contribuer selon les autorités à 5% du PIB de la Turquie en 2025.

Ce projet de 10,5 milliards d’euros a pour but selon les autorités de faire d’Istanbul une « plaque tournante mondiale du tourisme reliant l’Europe, l’Asie et l’Afrique ». Istanbul-Atatürk, d’une capacité annuelle de 60 millions de passagers, sera alors sera uniquement consacré à l’autorité de l’aviation civile, aux vols privés et aux VIP. En revanche, l’aéroport Sabiha Gökçen sur la rive asiatique d’Istanbul, ouvert en 2003, continuera de fonctionner normalement.

A l’inverse, un autre projet géant est dans une très mauvaise passe : le nouvel aéroport de Mexico, conçu par Norman Foster et Fernando Romero et bénéficiant d’un budget de 13,3 milliards de dollars, a reçu mardi ce qui pourrait être un coup fatal : le président élu Andres Manuel Lopez Obrador a annoncé l’annulation du chantier en cours à Texcoco. A sa place, trois aéroports existants devront opérer simultanément d’ici  trois ans (l’actuel Benito Juarez, celui fermé à Toluca et les pistes militaires de Santa Lucia), ce qui permettrait au futur gouvernement « d’économiser cinq milliards de dollars ». Sa décision est intervenue suite à un référendum populaire très controversé, tenu sur quatre jours et dans lequel un million de personnes se sont exprimées : 70% se sont prononcées contre la poursuite du projet.

Ce renoncement – alors que le président-élu ne prendra ses fonctions qu’en décembre – ne plait pas à tout le monde. Une partie du budget, dont 60% sont financés par le gouvernement mexicain et 40% via des prêts bancaires et des titres de créance, a déjà été dépensée durant les trois années de travaux. Et les entreprises privées impliquées dans le chantier se plaignent déjà, même si M. Lopez Obrador s’est a promis que les intérêts des entreprises et des investisseurs seraient sauvegardés.

La première phase du projet, comprenant un terminal pouvant accueillir 68 millions de passagers par an et trois pistes (six à terme), devait ouvrir en 2020 au trafic commercial. Peter Cerda, vice-président régional de l’Association du transport aérien international (IATA), a déclaré que l’abandon du projet « coûterait 20 milliards de dollars par an » à l’économie du pays. Cette décision « désavantage le Mexique en tant que plaque tournante régionale », a-t-il déclaré, ajoutant que l’IATA ferait pression sur le gouvernement mexicain pour qu’il change de position.

Aéroports géants : Istanbul ouvert, Mexico en danger 1 Air Journal