L’European Technology and Travel Services Association (ETTSA), une association de professionnels du voyage, a demandé aux autorités de la concurrence européennes d’enquêter sur les commissions que Lufthansa prélève sur les agences de voyages.

Dans la plainte adressée au régulateur de la Commission européenne, l’ETTSA estime que les commissions prélevées par la première compagnie aérienne allemande ont coûté, depuis 2015, plus d’un milliard d’euros aux consommateurs utilisant des canaux indépendants (agences de voyage et sites de vente en ligne de billets d’avion). L’association compte parmi ses membres les systèmes de réservation (GDS) Amadeus, Expedia, Saber et Travelport, les sites Odigeo, Opodo, Bookers, eDreams, hotels.com, etc., et aussi VIR, une des plus importantes agences de voyage en ligne allemandes.

Lufthansa s’appuie sur sa position dominante sur les marché des services de transport aérien en Autriche et en Allemagne pour contrôler et manipuler les canaux de distribution actuels et futurs en sa faveur et finalement les billets des autres transporteurs“, dit l’association dans sa plainte. 

Selon l’ETTSA, Lufthansa ne propose pas ses tarifs les moins chers, tels que les billets de base, qui ne comprennent pas les frais pour les bagages enregistrés ou un siège réservé, sur certains vols sur les plates-formes des GDS. “Etant donné que les billets les moins chers suivants sont environ 20% plus chers que ceux réservés par les canaux de Lufthansa, cette mesure a pour effet que lorsqu’un client effectue une recherche sur un site de comparaison de prix, Lufthansa.com apparaît toujours comme l’option la moins chère“, souligne l’association.

L’ETTSA estime également que Lufthansa impose des surtaxes injustifiées aux agences de voyages et les force à utiliser ses propres systèmes de distribution aux dépens de plates-formes concurrentes, en l’occurence les GDS. Cette plainte porte principalement sur les vols de Lufthansa à destination et en provenance de ses hubs de Francfort, Munich, Vienne et Zurich, ainsi que de ses filiales Brussels Airlines, Swiss International Air Lines et Austrian Airlines.

Sans rentrer dans les cas d’espèces, je constate qu’à chaque fois qu’une compagnie aérienne se trouve en situation de monopole de fait, elle réduit les droits du passager et entrave la concurrence par un ensemble de règlementations autoproclamées. L’Europe en mal de légitimité publique gagnerait beaucoup en sanctionnant une grande compagnie pseudo-étatique, pour ses pratiques abusives au détriment du consommateur et des PME. Vous avez dit pratiques scandaleuses? L’annulation du billet de retour pour non utilisation du coupon aller n’est pas pratiquée par les low cost si souvent livrées à la vindicte populaire. Que l’Europe et la DGCCRF aillent enfin frapper à la porte du siège des grandes compagnies…. on le désire !” déclare Fabrice Dariot, patron du comparateur tarifaire français Bourse des vols.

De son côté, Lufthansa a répondu : “En effet, nous avons été officiellement informés aujourd’hui de la plainte déposée par l’ETTSA auprès de la Commission européenne. Bien sûr, le groupe Lufthansa coopérera avec les autorités chargées de l’enquête.”

Commission européenne : des professionnels du voyage portent plainte contre Lufthansa 1 Air Journal