La France et les Pays-Bas ont provisoirement mis fin à la guéguerre déclenchée par l’entrée des Néerlandais dans le capital du groupe aérien Air France-KLM, avec la mise en place d’un groupe de travail sur l’avenir de l’entreprise dont les conclusions seront rendues en juin.

Après l’acquisition en catimini de 12,68% du capital du groupe franco-néerlandais, portée ensuite à 14% par La Haye, une rencontre vendredi entre les ministres des finances des deux pays semble avoir mis fin à la crise. Selon le communiqué de Bercy, Bruno Le Maire et Wopke Hoekstra « partagent le même objectif de renforcement du groupe Air France-KLM, acteur majeur du transport aérien européen avec un réseau global de destinations depuis les hubs de Roissy Charles De Gaulle et d’Amsterdam Schiphol. Ils sont déterminés à continuer d’améliorer sa compétitivité et de consolider son développement pour assurer le succès du groupe ». Ils ont convenu de lancer un processus « avec l’objectif de transformer et de renforcer leur compréhension du futur » du Groupe, réaffirmé leur soutien au CEO Benjamin Smith et aux dirigeants d’Air France-KLM ainsi qu’aux salariés, et « rappelé leur soutien » aux décisions prises par le Conseil d’administration du 19 février qui modernisent la gouvernance du Groupe au bénéfice d’un meilleur fonctionnement.  Ils ont convenu de mettre en place un groupe de travail présidé par Martin Vial, directeur général de l’Agence des participations de l’Etat (APE), et son homologue Christiaan Rebergen, trésorier général du ministère des Finances néerlandais. 

Ce groupe de travail visera à renforcer la coopération entre la France et les Pays-Bas avec comme objectifs « la bonne gouvernance du groupe, son développement, sa croissance et l’amélioration des résultats ». Air France-KLM est selon le communiqué commun une entreprise « robuste, qui évolue dans un environnement complexe, ses activités se déroulant dans un marché très concurrentiel » ; une liste des sujets étudiés a été dressée :

  1. Les participations des deux Etats dans Air France-KLM et la structure de capital de KLM et d’Air France
  2. Les règles de gouvernance et le respect par les deux Etats de règles de bonne conduite
  3. La composition du Conseil d’administration du Groupe
  4. La défense des intérêts des hubs de Charles de Gaulle et Schiphol
  5. Leurs visions respectives sur la stratégie de long terme du groupe Air France-KLM telle mise en œuvre par le management du groupe Air France-KLM
  6. Les accords du 16 octobre 2003 entre Air France, KLM et l’Etat néerlandais
  7. Le résultat final devra être équitable et équilibré pour les deux parties. Les deux ministres sont déterminés à aboutir à un résultat final avant la fin du mois de juin 2019.

Les deux ministres ont convenu de se revoir régulièrement pour veiller à la bonne avancée de ce travail, après leur rencontre de 90 minutes vendredi à Paris. « Je suis conscient que notre prise de participation n’est pas très orthodoxe mais elle part de bonnes intentions », a assuré Wopke Hoekstra, son homologue Bruno Le Maire ajoutant : « La France et les Pays Bas sont des partenaires européens et des amis, nous voulons aujourd’hui ouvrir une nouvelle page de l’histoire d’Air France-KLM ». L’Autorité française des marchés financiers (AMF) a de son côté précisé que l’Etat néerlandais souhaite une « représentation équitable » au sein du conseil d’administration du groupe, et n’a pas l’intention de prendre le contrôle du groupe aérien. Ce point sera sans doute celui le plus dur à régler, le sauvetage de KLM par Air France ayant assis depuis 2003 la domination de cette dernière dans les structures – y compris dans le Conseil de surveillance de KLM où le groupe nomme cinq des neuf administrateurs (ce qui n’a pas empêché la compagnie néerlandaise d’être largement autonome) et où Ben Smith va désormais siéger à partir d’avril.

La possibilité d’une sortie du capital des deux états est aussi évoquée, des sources de Bercy expliquant dans La Tribune que c’est « une occasion historique aujourd’hui de solder une bonne fois pour toutes les incompréhensions qui pouvaient exister entre la France et les Pays-Bas sur Air France-KLM ». Rappelons que le Conseil d’administration du groupe a proposé le renouvellement de Pieter Elbers en tant que Président du Directoire de la compagnie nationale néerlandaise, en accord avec le Conseil de surveillance de KLM. Anne Rigail (DG d’Air France) et Pieter Elbers sont en outre nommés Directeurs Généraux Adjoints du groupe, et ont tous deux « exprimé leur engagement à construire aux côtés de Benjamin Smith le succès du Groupe ».

Air France-KLM : retour à la raison 1 Air Journal