Neuf Français, 18 Canadiens, un Belge et deux Marocains figurent parmi les 157 victimes de 35 nationalités différentes du crash d’un Boeing 737 MAX 8 de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines dimanche. La comparaison avec l’accident il y a cinq mois d’un avion similaire de la low cost Lion Air est inévitable, même s’il est trop tôt pour avancer des explications ; la Chine a décidé de clouer au sol tous les 737 MAX en service, une décision non suivie par Boeing.

Le MAX 8 de la compagnie nationale éthiopienne, immatriculé ET-AVJ et livré en novembre dernier, opérait le vol ET302 entre sa base à Addis Abeba-Bole et l’aéroport de Nairobi-Jomo Kenyatta le 10 mars 2019 par beau temps, quand il s’est écrasé six minutes après son décollage. Les 149 passagers et huit membres d’équipages ont péri dans l’accident, Ethiopian Airlines publiant dans la soirée des détails sur les passagers et l’équipage – le pays le plus touché étant le Kenya avec 32 victimes. Le commandant de bord Yared Getachew avait selon son communiqué plus de 8000 heures de vol à son actif, et était devenu comandant de bord sur 737 en novembre 2017 ; le copilote Ahmed Nur Mohammod avait seulement 200 heures de vol. Le 737 MAX 8 était arrivé à Addis Abeba dans la matinée, de retour de Johannesburg – un vol apparemment sans incident ; son dernier examen de maintenance « rigoureux » remontant au 4 février, et l’avion avait accumulé plus de 1000 heures de vol en service commercial avant l’accident de dimanche. Le CEO du groupe Tewolde Gebremariam a déclaré en conférence de presse que les pilotes avaient demandé à faire demi-tour après avoir rencontré des « difficultés », ce que le contrôle aérien avait accepté avant de perdre le contact. Il a annoncé ce lundi matin l’immobilisation temporaire de ses cinq MAX 8(sur 30 commandés).

Comme dans tous les accidents d’avions, seul l’examen des deux enregistreurs de vol permettra de fournir une explication au crash du vol ET302, et le CEO d’Ethiopian Airlines a dénoncé d’avance toute spéculation (les boîtes noires n’avaient pas été localisées à l’heure d’écrire ces lignes). Mais les similitudes avec le vol JT610 de Lion Air en octobre 2018 à Jakarta sont pour le moins troublantes : les pilotes ont rencontré des problèmes peu après le décollage, et les données recueillies hier par Flightradar24 montrent une vitesse et une altitude instables. Rappelons que le rapport préliminaire sur le crash de Lion Air publié fin novembre expliquait que le 737 MAX 8 indonésien avait rencontré des problèmes d’instruments affichant des lectures inexactes provenant des capteurs d’incidence (AoA, Angle of Attack). La formation des pilotes à de nouvelles procédures avait été mise en cause. Comme de coutume, Boeing, le NTSB, la FAA et General Electric ont envoyé des enquêteurs à Addis Abeba.

Crash Ethiopian Airlines : 9 Français parmi les victimes 1 Air Journal

©flightradar24

Ethiopian Airlines bénéficie d’une bonne image question sécurité des vols, son dernier accident mortel remontant à 2010 quand un 737-800 s’était écrasé en mer peu après son départ de Beyrouth (vol ET409, 90 victimes, l’erreur de pilotage officielle étant contestée) ; le plus grave accident de son histoire restait jusqu’à dimanche le détournement d’un 767-200ER en novembre 1996 (vol ET961), 125 des 175 personnes à bord trouvant la mort quand l’appareil avait tenté d’amerrir.  

Boeing n’a « pas de plan immédiat » pour clouer au sol tous les 737 MAX en service (350 livrés, 4661 autres commandés à la fin janvier 2019), mais la Chine et Cayman Airways ont annoncé la suspension de tous les vols de leurs monocouloirs remotorisés (entre 60 et 90 selon les sources dans le premier cas, en particulier chez Air China, China Eastern, China Southern, Hainan Airlines, Xiamen Air, Shenzhen Airlines ou Shandong Airlines ; et 2 MAX 8 en service dans le second cas). Singapore Airlines et Fiji Airways entre autres ont annoncé « surveiller la situation », sans pour autant arrêter les vols en MAX. On notera cependant que la cérémonie de rollout du premier Boeing 777X, prévue mercredi, a été annulée par respect pour les victimes.

Crash Ethiopian Airlines : 9 Français parmi les victimes 2 Air Journal

Crash Ethiopian Airlines : 9 Français parmi les victimes 3 Air Journal