Les pilotes du Superjet 100 de la compagnie aérienne Aeroflot qui s’est écrasé à l’atterrissage dimanche à Moscou, entrainant la mort de 41 personnes, seraient mis en cause par les enquêteurs selon la presse russe. Tout comme certains des passagers qui n’ont pas voulu sortir de l’avion en feu sans leurs bagages, ralentissant apparemment l’évacuation. Les premiers pompiers seraient arrivés en revanche sur le lieu du crash en deux minutes.

L’accident du SSJ100-95 de la compagnie nationale russe le 5 mai 2019 à l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo a fait 41 victimes parmi les 73 passagers et cinq membres d’équipage du vol SU1492 vers Murmansk; dix personnes sont hospitalisées dans un état stable. Les enquêteurs du Interstate Aviation Committe (MAK) se pencheraient selon les sources des quotidiens Kommersant et RBK sur le comportement des pilotes, en particulier sur leur décollage « en direction d’un orage » (les instructions de la tour de contrôle ne sont pas évoquées), le fait qu’ils n’ont pas vidé leur carburant avant l’atterrissage, une vitesse excessive durant l’atterrissage, l’absence d’extinction des moteurs une fois l’avion en feu, ou l’ouverture d’une fenêtre du cockpit qui aurait accéléré la propagation de l’incendie dans la cabine. Ren TV a de son côté diffusé ce qu’elle présente comme la conversation entre le cockpit du Superjet et le contrôle aérien, dans lequel le commandant de bord demande « calmement » un atterrissage d’urgence et juge la situation « non critique ». Les vidéos de l’accident montrent l’appareil rebondissant brutalement après le premier touché, le train d’atterrissage crevant les réservoirs des ailes et les moteurs prenant feu.

Le commandant de bord Denis Evdokimov, dernier sorti de l’avion en feu selon la presse russe, a déjà expliqué que le demi-tour avait été décidé après un impact de foudre : « nous avons perdu le contact radio et sommes passés en régime de pilotage minimal (…) c’est-à-dire sans ordinateur comme à l’ordinaire, mais de manière directe, en régime d’urgence ». Alors que l’examen des boîtes noires du SSJ100-95 a commencé, le MAK a annoncé hier que les résultats préliminaires de son enquête ne seront pas connus avant la semaine prochaine.

Les pilotes du vol fatal ne sont pas les seuls à être critiqués : les vidéos de l’évacuation de l’avion en feu (23 passagers, les deux pilotes et deux des trois PNC ont survécu) montrent plusieurs passagers portant ou tirant les sacs ou valises qu’ils avaient emportés en cabine, ce qui a déclenché la fureur des réseaux sociaux – même si aucun survivant n’a évoqué le problème à ce jour. Le passager Oleg Molchanov, se présentant comme le dernier sorti, a en particulier parlé de d’une « fumée noire toxique » qui a envahi la cabine en quelques secondes, rendant l’évacuation des rangées arrières « très difficile » (voir sa vidéo plus bas, montrant une passagère le visage noirci par la suie – et sa valise). L’hôtesse de l’air d’Aeroflot Tatyana Kasatkina a de son côté raconté qu’après le décollage, l’appareil était « entrée dans un nuage, il y avait de la grêle puis à un moment il y a eu une détonation avec un flash de lumière ». Une fois l’avion immobilisé entre deux taxiways, elle a dû « tirer des passagers par le col » pour accélérer leur sortie de la cabine.

L’aéroport Sheremetyevo a précisé hier que le premier camion de pompiers était arrivé près du Superjet « à 18h32 », soit deux minutes après que le Superjet se soit immobilisé. Le contrôle aérien aurait prévenu les secours « après avoir parlé au pilote » selon Ren TV, d’après qui une certaine « confusion » a initialement régné sur la sortie ou pas de passagers de l’appareil en flammes. L’aéroport affirme que l’incendie a été éteint 18 minutes après le début de l’intervention.

Rappelons que le dernier accident mortel d’Aeroflot remonte à 1994, quand le commandant de bord d’un Airbus A310 volant vers Hong Kong (vol SU593) avait pris son fils sur ses genoux et lui avait « confié » les commandes, entrainant la désactivation du pilote automatique ; 75 personnes avait été tuées dans l’accident. Lancés en 2011, les Superjet ont été impliqués dans quatre accidents à ce jour dont un seul mortel, un vol de démonstration en Indonésie qui avait fait 45 morts en mai 2012 ; l’enquête avait imputé l’accident à des erreurs humaines. Le SSJ100-95 détruit dans le crash de dimanche, MSN95135 immatriculé RA-89098, avait effectué son premier vol en juin 2017 ; sa maintenance la plus récente avait été effectuée début avril, et l’accident du 5 mai faisait suite à trois vols effectués sans problème dans la journée.

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