La compagnie aérienne Thai Airways a annoncé la démission de son chairman, une semaine après la sortie fracassante d’au autre dirigeant sur sa possible disparition. Le gouvernement suggère qu’elle remette en service ses Airbus A340, en attendant une décision sur le renouvellement de la flotte.

Seize mois après sa prise de fonction comme président du Conseil d’administration de la compagnie nationale thaïlandaise, Ekniti Nitithanprapas a démissionné avec effet au 1er novembre 2019. Il est remplacé par intérim par son adjoint Chaiyapruk Didyasarin, nommé à la mi-octobre, en attendant l’officialisation du futur chairman. C’est le dernier épisode d’une vague de changements dans la gouvernance de Thai Airways, qui a entre autre accueilli le mois dernier deux nouveaux directeurs indépendants qui siègeront au Comité d’Audit.

La démission de M. Ekniti intervient une semaine après la très publique « sortie » du président Sumeth Damrongchaitham, qui avait demandé aux employés de « coopérer aux efforts de réhabilitation de la compagnie aérienne, car elle est en crise et risque de fermer ses portes ». Les plus de 20.000 employés de Thai Airways doivent être « unis pour surmonter les obstacles (…). Il reste encore du temps pour une solution, mais il n’y a pas beaucoup de temps », ajoutait le dirigeant, avant de prévenir : « aujourd’hui, il n’y a pas de zone de confort. Tout le monde mourra si le navire coule ». Il avait été recadré le lendemain par Thai Airways, dont un communiqué expliquait que M. Sumeth essayait juste de « motiver les troupes ».

Les difficultés financières de la compagnie de Star Alliance sont connues : elle affichait au deuxième trimestre une perte nette plus que doublée à 187,4 millions d’euros (et une dette de plus de 3 milliards), en raison de la concurrence en particulier des low cost, de l’impact de la guerre commerciale entre Chine et USA, et de la force de la monnaie locale. Thai Airways doit présenter mi-novembre un nouveau plan de restructuration au ministère des transports, y compris une accélération de la vente de 19 avions afin de réduire les coûts liés à la maintenance. A priori les premiers appareils concernés sont les neuf Boeing 747-400 (âge moyen 20,6 ans), certains des 32 777 (âge moyen 13 ans) et certains Airbus A330-300 (moyenne d’âge 8,9 ans). Mais au début du mois, elle avait reporté à l’année prochaine son plan d’acquérir 38 nouveaux avions, y compris via des locations (trois 777-300ER doivent déjà être pris en leasing d’ici fin 2020).

Le gouvernement a proposé une nouvelle solution intérimaire : sortir de la naphtaline certains des six Airbus A340-600 de Thai Airways, qui sont parqués à l’aéroport d’U-Tapao depuis 2015 – et qu’elle n’arrive pas à revendre. L’accumulation des frais de maintenance peut être contrecarrée selon le ministre-adjoint des transports Thaworn Sennam par une remise en service temporaire. Selon Forbes, il suggère leur utilisation sur certaines routes long-courriers mais aussi un réaménagement des cabines, ce qui coûterait une fortune – et pourrait prendre jusqu’à un an. Achetés en 2005 et configurés pour accueillir 8 passagers en Première classe, 60 en classe Affaires et 199 en classe Economie (267 au total), les A340-600 auraient dû rester en service jusqu’aux années 2020, mais leur départ en retraite avait été précipité par un premier plan de restructuration, qui prévoyait entre autre de vendre 22 des 102 avions alors en service. Leur présence aux côtés des A350-900 et autres Boeing 787 Dreamliner récemment acquis plairait sans doute aux spotters, mais la consommation des A340 suffirait probablement à rendre le bilan de l’opération négatif…

Thai Airways perd une tête, pense à l’A340 1 Air Journal

©Olivier Nilsson