La FAA (Federal Aviation Administration), l’autorité de l’aviation civile américaine, montrée du doigt depuis plusieurs mois pour avoir eu des relations très étroites avec Boeing, a demandé que l’avionneur américain prenne “le temps qu’il faut pour bien faire les choses” pour obtenir une nouvelle certification de vol du 737 MAX

Le patron de la FAA, Steve Dickson, qui a déclaré mercredi devant le Congrès que le 737 MAX ne reprendra pas du service avant 2020, n’est pas content de la politique de communication de Boeing. Dans une lettre envoyée jeudi aux commissions du Congrès américain en charge du transport aérien, il accuse l’avionneur de vouloir forcer la main à la FAA pour obtenir rapidement le retour en vol du monocouloir, cloué au sol depuis mars après deux accidents (Lion Air et Ethiopian Airlines) qui ont fait 346 morts.

Dans sa lettre au ton très ferme envers Boeing, Steve Dickson explique “craindre que Boeing ne continue de poursuivre un calendrier de retour en service irréaliste en raison de délais qui se sont accumulés pour des raisons diverses“. Mais “plus inquiétant encore, l’administrateur veut dire directement à Boeing que certaines des prises de position publiques (du constructeur aéronautique) pouvaient donner l’impression de vouloir forcer la FAA à agir plus vite“.

Selon Steve Dickson, il est “parfaitement clair que la FAA comme Boeing doivent prendre le temps qu’il faut pour bien faire les choses “. Son message a été entendu si on en croit un bref communiqué publié dans la foulée par Boeing, qui pour la première fois admet que le 737 MAX ne reprendra pas du service avant 2020 : “Nous allons travailler avec la FAA pour remplir leurs demandes et respecter leur calendrier alors que nous oeuvrons à remettre en service le MAX en toute sécurité en 2020“.

Les multiples enquêtes mettant en cause le logiciel anti-décrochage MCAS dans les deux accidents du 737 MAX ont aussi mis à jour d’autres manquements de Boeing, allant d’un manque de redondance de certains systèmes à un défaut d’informations des pilotes. Aux Etats-Unis, les enquêtes au sein de commissions parlementaires ont aussi mis en évidence une relation très étroite entre la FAA et Boeing, les autorités fédérales ayant laissé des pans entiers du processus de certification du 737 MAX aux mains du constructeur.

Le ton ferme de la lettre de Steve Dickson s’explique aussi parce que la réputation de la FAA, jusque-là considérée comme la référence en matière de certification et de rigueur, est entachée au point que ses homologues dans d’autres pays ont déjà fait savoir qu’ils allaient procéder à leur propre certification du 737 MAX, une fois les modifications promises par Boeing achevées.

La FAA demande à Boeing de prendre "le temps qu'il faut" pour le retour du 737 MAX 1 Air Journal

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