Des avions devraient pouvoir se poser après minuit à l’aéroport de Beauvais-Tillé dès le début de l’année prochaine, suite à une consultation des riverains sur la modification du couvre-feu. A la plus grande satisfaction du gestionnaire qui souhaite développer la plateforme au nord de Paris, et peut-être de la compagnie aérienne low cost Ryanair qui pourrait y ouvrir une base.

Valable pour trois ans à partir du 1er janvier 2020, le projet de modification du couvre-feu de l’aéroport beauvaisien (de 23 heures à 5 heures actuellement) a été envoyé par le ministère de la Transition écologique à l’association de riverains ADERA, qui avait lutté contre durant les deux mois de consultation publique sur le site du ministère. Ce projet d’arrêté, non signé, précise que « par dérogation, les avions équipés de turboréacteurs peuvent être autorisés à atterrir après 0 heures, heure locale de toucher des roues » si ils répondent aux critères suivants : effectuer des vols réguliers de transport de passagers, avoir une certification acoustique répondant aux normes « ayant une marge cumulée égale ou supérieure à 13 EPNdB », et avoir « leur dernier atterrissage programmé entre 21 heures et 23 heures et leur décollage prévu le lendemain après 5 heures ». Ces dérogations sont « accordées au cas par cas par le ministre chargé de l’aviation civile », précise également l’arrêté, la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) ayant pour mission de présenter chaque année un bilan des mouvements effectués en dehors du couvre feu.

« On parlait de ce projet depuis fin 2018, ensuite plus rien jusqu’en août 2019. Ce qui nous étonne c’est que les clauses du projet sont déjà rédigées, et ce n’est pas ce qui nous a été présenté », a réagi sur France 3 la présidente de l’ADERA Dominique Lazarski, déplorant le manque de transparence de cette consultation publique tout en se disant « pas surprise ».

Favorable à cette modification, la SAGEB, gestionnaire de l’aéroport de Beauvais, expliquait la semaine dernière dans Le Parisien par la voix du président du Conseil de surveillance François Rubichon que « le couvre-feu sera maintenu entre minuit et 5 heures » ; il assurait que « le respect des conditions de vie des riverains » est « son obsession », tout en soulignant que chaque avion en retard « arrivant de nuit nous coûte extrêmement cher ». Le dirigeant a aussi rappelé que le développement de l’aéroport Tillé se fera, quelque soit le couvre-feu imposé, les possibilités se trouvant « dans l’après-midi » : « en 19 ans, avec ce couvre-feu, on est passé de 400 000 passagers à 4 millions » avec 26.000 mouvements d’avions, « la limite c’est 32 000 ».

Secret des affaires oblige, François Rubichon ne s’est pas étendu sur les discussions en cours avec Ryanair, qui pourrait faire de Beauvais-Tillé sa quatrième base en France, après Marseille, Bordeaux et Toulouse. Tout juste laisse-t-il échapper que la low cost y baserait « trois avions au plus », et que si la ministre des Transports de signe pas l’arrêté, « il n’y aura pas de base ».

Rappelons que Ryanair et sa filiale Lauda proposent 44 routes à Beauvais, qui accueille également les appareils de Wizz Air, Air Moldova, Blue Air et SkyUp. L’aéroport a accueilli 3,78 millions de passagers en 2018.

Aéroport de Beauvais : couvre-feu relaxé dès le 1er janvier ? 1 Air Journal

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