La compagnie aérienne Twin Jet suspend ses vols jusqu’au 15 mars ses vols vers et depuis Milan, alors que le bilan de l’épidémie du coronavirus Covid-19 en Italie a atteint 10 morts et plus de 300 contaminés. Côté PNC, un syndicat français de la low cost Vueling dénonce l’absence de protection sur les vols vers Milan et Venise, tandis que Korean Air a confirmé qu’un des siens avait été contaminé. Les frontières se ferment et les suspensions de lignes se multiplient au Moyen-Orient.

En France où deux nouveaux cas ont été identifiés hier, Twin Jet a décidé d’annuler tous ses vols à destination et en provenance de l’aéroport de Milan-Malpensa du 25 février jusqu’au 15 mars 2020 inclus. L’interruption des vols a été décidée à titre de précaution : « le niveau d’information reçu à ce jour ne nous permet pas de garantir la sécurité sanitaire de nos passagers », précise dans un communiqué Vincent Courtois, le responsable commercial des lignes régulières. Twin Jet rend donc « ses responsabilités », « sans céder à la psychose mais dans l’attente d’une clarification par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) de ce que les compagnies aériennes françaises doivent annuler comme destinations ; de transmission de procédures précises sur la prise en compte du risque « coronavirus » sur toute la chaine du transport aérien ; et dans l’attente de la mise en place de contrôles systématiques dans les aéroports de Milan et de Marseille-Provence.

Le Directeur Général de Twin Jet Guillaume Collinot a déclaré : « cette décision a de lourdes conséquences financières pour Twin Jet, mais pour nos passagers comme pour nos personnels navigants et personnels au sol la prise de risque n’est pas acceptable pour la compagnie : les recommandations de l’Agence Européenne du transport (EASA) sur l’équipement sanitaire devant être présent à bord des avions nous semblent être incohérentes si cette même prise en compte des passagers n’est réalisée ni en amont, ni en aval du vol ». Les clients ayant une réservation à destination ou en provenance de Milan jusqu’au 15 mars inclus seront informés personnellement ; ils peuvent reporter leur voyage pendant une validité d’un an à compter de la date d’émission du billet, ou demander le remboursement sans frais. 

Ces mesures de précaution pour l’équipage de cabine sont au cœur du message envoyé hier par le SNPNC-FO à la direction de la low cost Vueling en France : le syndicat national qui représente les hôtesses de l’air et stewards des compagnies françaises ou ayant une base en France « dénonce les conditions » dans lesquelles Vueling opère vers Milan et Venise, des destinations exposées actuellement « à un risque sanitaire très élevé de contagion » du Covid-19. Le SNPNC dit avoir demandé à plusieurs reprises à la direction de « disposer de suffisamment de masques et de gants en latex (non perforés) », afin d’assurer la protection des PNC et leur fonction sécurité à bord, « sans obtenir satisfaction ».

Un PNC de Korean Air a par ailleurs été testé positif au coronavirus, a confirmé mardi la compagnie nationale de Corée du Sud qui a fermé des bureaux à l’aéroport de Seoul-Incheon où se trouve la salle de briefing. « Le membre du personnel de cabine de Korean Air est pris en charge par les autorités sanitaires», a déclaré à l’agence Yonhap le responsable des Centres coréens pour le contrôle et la prévention des maladies (KCDC). Selon les médias locaux, l’hôtesse de l’air aurait été infectée après avoir servi sur la ligne entre Séoul et Los Angeles les 19 et 20 janvier ; elle avait auparavant volé vers Tel Aviv (une liaison désormais suspendue suite au refus d’Israël de laisser entrer des passagers sud-coréens). Ce mercredi matin, le bilan de l’épidémie du nouveau coronavirus en Corée du Sud était monté à 11 morts et 1146 personnes contaminées.

Si l’Algérie a confirmé hier son premier cas de contamination, un Italien arrivé dans le pays le 17 février, c’est l’Italie qui est désormais au centre des préoccupations – avec 10 morts et 322 cas de contamination. Pour les voyagistes français en particulier, qui selon Les Echos s’apprêtent à annoncer « de nouvelles mesures à l’adresse de leurs clients ». Le syndicat des tour-opérateurs Seto et l’organisation Les Entreprises du Voyage (EdV) ont convenu mardi d’adopter une « position commune qui sera relayée de part et d’autre et qui vise à se positionner plus largement par rapport à une situation évoluant de jour en jour ». Les deux organisations comptent proposer des « reports sur les destinations européennes pour lesquelles des restrictions ont été mises en œuvre », et se penchent sur la question des remboursements sans frais – en théorie seulement possibles quand une destination est déconseillée par le ministère des Affaires étrangères, ou que « répercussions importantes » affectent un voyage se déroulant dans une zone qui n’est pas déconseillée, rappelle le quotidien économique. Seto et EdV ont déjà suspendu tous les départs vers la Chine, et vont le faire pour la Corée du Sud jusqu’au 31 mars. « On parle de l’Italie, après ce sera l’Espagne ou l’Autriche, cela ne sert à rien de réagir au coup par coup », précise dans Les Echos le président du Seto René-Marc Chikli.

Alitalia a de son côté rappelé que suite à l’imposition de mesures urgentes en Italie, les clients en possession de billets achetés avant le 22 février, avec des dates de voyage entre le 23 février et le 8 mars, peuvent demander un bon d’un montant égal à la valeur du billet acheté, utilisable jusqu’au 30 juin 2020 pour l’achat d’autres billets vers toute destination opérée par Alitalia, et peuvent re-créditer les miles en cas de renonciation à tout Billets prime MilleMiglia. « Des mesures commerciales pour les vols vers l’île Maurice sont également proposées. De nombreux autres pays (comme les États-Unis, le Japon, l’Inde, Israël, la République de Corée et d’autres) ont imposé des restrictions à l’entrée aux passagers en provenance de Chine » en raison de l’épidémie de coronavirus, rappelle la compagnie aérienne. « Les restrictions varient d’un pays à l’autre, nous recommandons donc vivement aux voyageurs de consulter les sites Web du gouvernement pour obtenir des informations détaillées sur les restrictions de voyage et d’entrée applicables dans le pays où ils se rendront » – un conseil valable pour tous les passagers aériens, quel que soit le pays d’où ils décollent.

En Grande Bretagne (13 cas de contamination recensés), ce sont les British Airways, easyJet ou autres Ryanair qui font face à la fureur des passagers en raison de leur refus de rembourser des billets vers l’Italie – décision justifiée par les compagnies aériennes par l’absence de recommandations ministérielles pour éviter le pays. Les liaisons sont « opérées normalement », avancent-elles, et selon les tarifs choisis les modifications de réservation peuvent donc être payantes.     

En Iran où le dernier bilan de l’épidémie fait état de 15 morts (le plus grand nombre hors de Chine), les 132 passagers, les pilotes et les PNC du vol TK879 de Turkish Airlines entre Téhéran et Istanbul – la dernière ligne qu’elle assure vers le pays – ont été placés en quarantaine pour 14 jours, après la découverte à bord de l’avion d’une dizaine de « cas suspects » parmi les clients. Leur A330-300 avait été dérouté mardi vers Ankara. Toutes ses autres routes vers l’Iran sont suspendues jusqu’au 10 mars, et les frontières terrestres entre les deux pays sont fermées depuis lundi.

Les Émirats Arabes Unis ont également suspendu mardi tous les vols vers et depuis l’Iran, affectant les opérations d’Emirates Airlines, Etihad Airways, Flydubai et Air Arabia entre autres. Au Bahreïn où 17 cas ont été diagnostiqués, les vols de Gulf Air vers Dubaï ont été suspendus pour 48 heurs au moins ; le royaume a décidé d’interdire pour la même période tous les vols vers et depuis Dubaï et Sharjah. Au Koweït, les liaisons vers et depuis l’Italie, l’Iran, la Corée du Sud, la Thaïlande, l’Irak et la Chine sont désormais suspendues, tandis qu’à Doha Qatar Airways suspend pour deux semaines les vols vers Machhad, Chiraz et Ispahan (ceux vers Téhéran sont réduits de 20 à 7 par semaine). Sa route vers Séoul sera elle opérée en avion plus petit (A350-900 au lieu de 777-300ER). 

Rappelons que si la situation en Chine est en voie d’amélioration, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint la propagation du virus à un niveau mondial. « Nous devons nous concentrer sur l’endiguement, tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a déclaré son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Coronavirus: Twin Jet, PNC, frontières… 1 Air Journal

©Groupe ADP