Les compagnies aériennes, touchées par la suspension des liaisons aériennes en raison du coronavirus, ont besoin d’une aide d’urgence de jusqu’à 200 milliards de dollars (185 milliards d’euros), a estimé l’Association internationale du transport aérien (IATA) qui en appelle à l’intervention des pouvoirs publics.

Cette aide pourrait prendre la forme d’un « soutien financier direct » aux transporteurs pour compenser leur manque à gagner et combler leurs trous de trésorerie, mais également de prêts et de garanties par les gouvernements et les banques centrales, ou encore d’allègements d’impôts et de charges sociales. Pour renflouer Air France-KLM, une intervention directe de l’Etat français est à l’ordre du jour : « On sait que dans les transports aériens il va y avoir beaucoup d’entreprises qui vont avoir beaucoup de mal à passer cette crise, et l’Etat, la France, le gouvernement est prêt à aider », a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe.

Dans ce contexte de solidarité revendiquée, les voyagistes, en manque de liquidité eux-aussi, réclament à l’IATA un assouplissement du BSP (Billing and Settlement Plan), le système de règlement des billets d’avion. Il faut savoir que la grande majorité des agences de voyage dans le monde vendent les billets d’avion aux passagers via le GDS, qui est imposé par l’IATA. Une fois la réservation confirmée et le billet payé par le client, le voyagiste doit régler à son tour sous 15 jours la compagnie aérienne via le canal BSP.

Avec la pandémie du coronavirus, quasiment toutes les compagnies aériennes ont cloué au sol leur flotte, des dizaines de milliers de vols sont annulés. Mais les réservations sur ces vols annulés ont déjà été payées par les passagers aux agences de voyage qui, à leur tour, ont déjà viré l’argent aux transporteurs via le BSP.

Du coup, du jour au lendemain, des voyagistes se retrouve bénéficiaire d’un BSP négatif et l’IATA leur doit de l’argent. Mais l’IATA bloque actuellement les remboursements : ses membres préfèrent transformer les réservations des vols annulés en avoirs pour conserver leur trésorerie. Comme le dénonce un voyagiste, en conservant cet argent « l’IATA est en train de réaliser un holdup », d’autant que si la compagnie aérienne est en cessation de paiement, le client n’aura « ni avoir, ni remboursement ».

« Il faut que IATA accepte un aménagement par rapport au règlement du 31 mars [date de la prochaine échéance, ndlr], pour que les agences de voyage ne paient pas les billets émis dont les vols n’ont pas été assurés », martèle le président des Entreprises du Voyage (EdV), Jean-Pierre Mas, cité par l’Echo Touristique. Avec la pandémie du coronavirus qui risque de durer un temps, bon nombre de voyagistes réclament même un moratoire sur le BSP. « On espère que IATA  va soulager financièrement les agences de voyages… en commençant par rembourser, rubis sur l’ongle les vols annulés”, déclare Fabrice Dariot, patron de l’agence de Bourse des Vols.

BtoB : les voyagistes demandent à l'IATA un assouplissement du BSP 1 Air Journal

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