Airbus a vu son chiffre d’affaires baisser de 15% au premier trimestre, et annoncé la mise au chômage partiel de 3200 employés à Broughton au Pays de Galles. A Toulouse, les élus réclament la mis en place d’un « plan Marshall » devant le possible impact de la pandémie de Covid-19 sur 55.000 emplois directs et indirects en Occitanie.

Les résultats financiers du 1er trimestre présentés le 29 avril 2020 sont partiellement impactés par la crise du coronavirus : le chiffre d’affaires recule de 15% à 10,631 milliards d’euros, « reflétant le contexte de marché difficile qui impacte l’activité Avions commerciaux, avec 40 livraisons en moins par rapport à l’année dernière à la même époque ». L’EBIT ajusté perd 49% à 281 millions d’euros, et l’EBIT reporté 56% à 79 millions d’euros. Sur le trimestre clos au 31 mars, Airbus enregistre une perte nette de 491 millions d’euros, contre un bénéfice net de 40 millions à la même période l’année dernière ; la perte par action est de 0,61 euro.

Airbus explique dans son communiqué qu’il a continué d’améliorer ses performances industrielles au premier trimestre, mais environ 60 avions n’ont pas pu être livrés en raison de la pandémie de COVID-19. Comme annoncé début avril, l’avionneur à ajusté les cadences mensuelles de production d’avions à 40 exemplaires pour la famille A320, à deux pour l’A330 et à six pour l’A350, soit une baisse d’environ un tiers par rapport aux cadences moyennes d’avant la crise. S’agissant de l’A220, la FAL de Mirabel au Canada doit « progressivement retrouver » une cadence mensuelle de avions assemblés par mois.

« Nous avons assisté à un solide démarrage de l’année sur le plan à la fois commercial et industriel, mais l’impact de la pandémie de COVID-19 s’est rapidement fait sentir sur les chiffres », a déclaré Guillaume Faury, Président exécutif (CEO) d’Airbus. « Nous traversons actuellement la plus grave crise que l’industrie aérospatiale n’ait jamais connue. Nous appliquons un certain nombre de mesures destinées à garantir l’avenir d’Airbus. Nous avons très rapidement renforcé nos liquidités pour soutenir la flexibilité financière. Nous adaptons les cadences de production des avions commerciaux en fonction de la demande clients. Nous nous concentrons sur la maîtrise de la trésorerie et notre structure de coûts à long terme pour être certains de pouvoir reprendre des opérations normales lorsque la situation s’améliorera. Notre priorité absolue est la santé et la sécurité permanente des employés d’Airbus. Maintenant, nous devons repenser tous ensemble le mode de fonctionnement de notre industrie pour restaurer la confiance des passagers dans un contexte où nous apprenons à vivre avec cette pandémie. Nous privilégions la résilience de notre entreprise pour assurer la continuité de nos activités », a-t-il ajouté.

Airbus : T1, chômage partiel à Broughton et Plan Marshall réclamé à Toulouse 1 Air Journal

©Airbus

Une conséquence immédiate de cette crise sanitaire est la mise au chômage partiel d’environ 3200 employés d’Airbus à Broughton, où sont assemblées les ailes des avions commerciaux (les dernières de l’A380 en étaient sorties en février). Soit plus de la moitié de ses quelque 6000 salariés du Pays de Galles, et dans le cadre du programme britannique Coronavirus Job Retention Scheme qui voit le gouvernement payer 80% des salaires des employés affectés (jusqu’à 2500 livres). Un porte-parole d’Airbus a déclaré à Wales Online : Airbus « confirme avoir convenu avec ses partenaires sociaux d’appliquer le programme de maintien en poste du gouvernement pour environ 3200 employés de production et de soutien à la production sur son site d’avions commerciaux à Broughton ». Selon le syndicat Unite, 500 autres employés temporaires d’airbus pourraient en outre être licenciés par Guidant Global, une agence gérant leur cas au sein d’Airworks. Le constructeur compte environ 13.500 employés au Royaume Uni ; le site de Filton n’est pour l’instant pas affecté.

Environ 550 ingénieurs d’Airbus à Broughton ont d’autre part participé à la transformation d’un hangar d’AMRC Cymru, à côté de ses installations, en ligne d’assemblage de ventilateurs destinés au NHS (le service de santé britannique) : 1500 Penlon Prima ESO2, un nouveau modèle simplifié et approuvé par les autorités sanitaires, doivent y être produits chaque semaine

En France où 3000 employés sont déjà au chômage partiel, ce sont les élus de la région de Toulouse qui s’inquiètent d’un « effet domino », l’aéronautique concernant environ 90.000 salariés directs et indirects en Occitanie. Interrogé par La Dépêche du Midi, le président de la CCI Alain Di Crescenzo rappelle que la filière « était en pleine phase d’ascension avec une forte hausse des cadences. Les fournisseurs d’Airbus ont investi massivement pour accroître leurs capacités de production » – avant la pandémie. Airbus a désormais réduit sa production « de 33% mais nous pouvons aller jusqu’à -50% vu la profondeur de la crise », prévient-il, avec un impact sur l’emploi « inévitablement massif : 50.000 emplois pourraient être menacés en Occitanie. L’Europe doit déclencher des aides massives et vite ».

Cette aide massive doit prendre la forme d’un « véritable Plan Marshall de l’aéronautique et de l’espace », ajoute sur France Bleu le maire de Blagnac Joseph Carles : ce plan pourrait passer « par une renationalisation, peut être temporaire, de ce secteur, pour éviter une contagion en chaîne de l’ensemble de cette activité industrielle, dont de toute façon on aura besoin ». L’activité redémarrera « à l’horizon de deux à trois ans », estime le maire dont la commune compte environ 40.000 employés d’Airbus, et il ne faudrait pas que « notre territoire perde ce savoir-faire, et cette capacité que nous aurons à rebondir le moment venu. Et pour cela, il faut des investissements publics massifs de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, de l’ensemble de l’Europe ». Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc demande de son côté un soutien du gouvernement pour « sauver le poumon économique du territoire toulousain », notamment les petites et moyennes entreprises.

Airbus : T1, chômage partiel à Broughton et Plan Marshall réclamé à Toulouse 2 Air Journal

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