La vague de licenciements annoncée par la compagnie aérienne British Airways devrait concerner plus de 1100 pilotes, soit plus d’un quart des effectifs, le sort de la base de Londres-Gatwick étant en outre remis en question. Chez Lufthansa, le syndicat VC affirme que les pilotes sont prêts à sacrifier 45% de leurs salaires pendant deux ans, pour l’aider à passer la crise liée à la pandémie de Covid-19. Et l’aéroport de Berlin-Tegel fermera ses portes le mois prochain.

Compte tenu de l’impact du coronavirus sur les opérations en cours et de la prévision d’une reprise de la demande de passagers aux niveaux de 2019 « qui prendra plusieurs années », British Airways avait informé ses syndicats de « la proposition d’un programme de restructuration et de licenciements », qui pourrait entraîner le licenciement de 12.000 salariés (22.626 sont déjà au chômage technique en avril). Dans une lettre aux pilotes, la compagnie nationale britannique précise que 1130 d’entre aux seraient concernés sur un total de 4346, « 955 pour ce qu’elle appelle un ajustement du volume puis 175 résultant des changements d’efficacité ». La répartition de ces licenciements entre commandants de bord et copilotes serait « à peu près égale ».

British Airways ajoute qu’elle envisage aussi des « changements » dans les conditions de travail des pilotes, via de la flexibilité dans les plannings, les horaires ou « l’environnement opérationnel actuel ». Et ce afin de garantir que « nos opérations restantes sont efficaces, flexibles et compétitives pour nous permettre de survivre dans une industrie de plus en plus maigre et imprévisible ». Elle se donne 45 jours pour négocier ces mesures, notamment avec le syndicat BALPA.

La compagnie de l’alliance Oneworld explique aussi qu’elle ne peut pas « éliminer la possibilité » de suspendre complètement les vols dans sa base de Londres-Heathrow, où elle a concentré ce qu’il reste de son programme de vol depuis la fin mars et la suspension de ses activités à Gatwick. Mais cette deuxième base pourrait bien selon la BBC ne pas rouvrir une fois la crise sanitaire passée : dans une note adressée au personnel de Gatwick, British Airways déclare : « Comme vous le savez, nous avons suspendu notre programme de vols à Gatwick au début du mois d’avril et il n’y a aucune certitude quant au moment ou si ces services peuvent ou vont revenir ». Ses opérations y sont cinq fois moins importantes que celles à Heathrow, et concernent surtout des lignes touristiques.

Pilotes : mauvais temps chez British Airways et Lufthansa 1 Air Journal

©Lufthansa

En Allemagne où Lufthansa est toujours aux prises avec le gouvernement sur une possible aide de 9 milliards d’euros, le syndicat de pilotes Vereinigung Cockpit (VC) a déclaré hier qu’ils étaient prêts à sacrifier jusqu’à 45% de leur salaire pendant plus de deux ans, afin de participer à la réduction des coûts. Son communiqué précise que la manœuvre permettrait à la compagnie nationale d’économiser ainsi 350 millions d’euros, une contribution « significative » à sa survie. Les pilotes « prennent leurs responsabilités » en proposant cette réduction de salaire jusqu’au 30 juin 2022, a déclaré le président du syndicat Markus Wahl, « en plus d’une réduction supplémentaire à court terme de l’indemnité de chômage partiel. Pour chaque pilote, cela signifie jusqu’à 45% de salaire en moins par rapport aux années précédentes ».

Rappelant qu’une décision similaire avait été prise en 1992 pour éviter la faillite, VC espère un accord avec la direction de Lufthansa qui permettra de maintenir les emplois, avec à la clé une « protection contre le licenciement ». « Nous avons toujours dit qu’en tant que personnel avec les plus hauts salaires, nous nous engagerions à assumer notre responsabilité particulière, dans les bons comme dans les mauvais moments, même si cela implique des réductions douloureuses. En voici la preuve », a déclaré le président de VC.

La compagnie de Star Alliance a d’autre part appris hier la fermeture de l’aéroport de Berlin-Tegel, à partir du 1er juin et pour une durée indéterminée. Elle n’y opère que deux routes depuis ses hubs de Francfort et Munich, contrairement à la low cost easyJet qui y est basée (plus de 60 destinations). En attendant l’ouverture du nouvel aéroport Brandebourg prévue à l’automne, tous les vols dans la capitale allemande seront transférés vers Schönefeld. Cela impactera une soixantaine de compagnies aériennes dont Air France, Brussels Airlines, Royal Air Maroc, Ryanair ou Alitalia.

Pilotes : mauvais temps chez British Airways et Lufthansa 2 Air Journal

©Lufthansa