La compagnie aérienne Lufthansa et le gouvernement allemand ont signé un accord de principe sur une aide financière pouvant atteindre 9 milliards d’euros, qui verra l’Etat devenir premier actionnaire avec 20% des parts.

Clouée au sol par la pandémie de Covid-19, la compagnie nationale allemande, principal membre du groupe éponyme aux côtés d’Austrian Airlines, Brussels Airlines, Eurowings et Swiss International Airlines, rejoint donc Air France-KLM dans la liste des transporteurs aidés par les gouvernements. L’accord approuvé le 25 mai 2020 par le Fonds de stabilisation économique fédéral (WSF) prévoit selon le communiqué de Lufthansa « des mesures de stabilisation et des prêts pouvant aller jusqu’à 9 milliards d’euros ».

Le WSF prendra « des participations silencieuses » pouvant aller jusqu’à 5,7 milliards d’euros au total dans les actifs de Deutsche Lufthansa AG. Sur ce montant, environ 4,7 milliards d’euros sont classés en capitaux propres ; la participation silencieuse « est illimitée dans le temps et peut être résiliée par la société sur une base trimestrielle en tout ou en partie ». La rémunération de ces participations silencieuses est de 4% pour les années 2020 et 2021, et progresse les années suivantes jusqu’à 9,5% en 2027.

Par ailleurs, le WSF souscrira à des actions par voie d’augmentation de capital afin de constituer une participation de 20% dans le capital de Deutsche Lufthansa AG. Le prix de souscription sera de 2,56 euros par action (contre 8,64 euros hier à Francfort, une hausse de 7,6% survenue après l’annonce), pour un total d’environ 300 millions d’euros. Le WSF pourra également porter sa participation à 25% plus une action (avec droit de blocage donc) en cas d’OPA par un tiers sur l’entreprise. « Sous réserve du remboursement intégral » des participations silencieuses par la société et d’un prix de vente minimum de 2,56 euros par action majoré d’un intérêt annuel de 12%, le WSF s’engage cependant à vendre l’intégralité de sa participation au prix du marché au 31 décembre 2023.

Ces mesures de stabilisation sont complétées par une facilité de crédit syndiqué pouvant aller jusqu’à 3 milliards d’euros avec la participation de KfW et de banques privées, pour une durée de trois ans. Cette mesure est toujours soumise à l’approbation des organismes compétents.

Les conditions attendues de cette aide d’Etat à la compagnie de Star Alliance concernent notamment la renonciation aux futurs versements de dividendes (c’est déjà la cas) et les restrictions de rémunération des dirigeants. En outre, deux sièges au conseil de surveillance doivent être pourvus en accord avec le gouvernement allemand, dont l’un doit devenir membre du comité d’audit. Sauf en cas de tentative de prise de contrôle par un acteur extérieur, le WSF « s’engage à ne pas exercer ses droits de vote à l’assemblée générale annuelle dans le cadre des résolutions habituelles des assemblées générales ordinaires ».

Ce plan de stabilisation nécessite toujours l’approbation définitive du directoire et du conseil de surveillance de l’entreprise, précise Lufthansa ; les deux organismes se réuniront « sous peu » pour adopter des résolutions sur le paquet de stabilisation. Les mesures de fonds propres sont soumises à l’approbation d’une assemblée générale extraordinaire. Enfin, le paquet de stabilisation est soumis à l’approbation de la Commission européenne « et à toute condition liée à la concurrence ». Bruxelles ayant donné son feu vert à l’aide d’Air France, ce ne devrait pas poser le moindre problème.

Lufthansa : accord sur l’aide d'Etat de 9 milliards d’euros 1 Air Journal

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