Les pertes attendues dès le deuxième trimestre par la compagnie aérienne low cost Ryanair auront des conséquences sociales, y compris en France avec des baisses de salaires annoncées de 20% chez les pilotes et 10% chez les hôtesses de l’air et stewards. Son dirigeant entend diviser par deux le prix des billets d’avions en juillet et aout, afin de gagner des parts de marché sur ses rivales plus affectées par la pandémie de Covid-19.

Après avoir prévu de se séparer de jusqu’à 3000 navigants avec des baisses de salaire à la clé dans toute l’Europe, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a selon RTL proposé un traitement similaire spécifiquement à ceux basés en France. Les pilotes verraient baisser « leurs salaires (fixes et variables) de 20%, sous peine de devoir licencier une partie de ses effectifs », le retour à la normale n’étant prévu qu’en 2025. D’ici là, les salaires des « débutants » seraient également abaissés. Faute de quoi, « 29% des pilotes et 27% des copilotes » identifiés comme en sureffectif dans les bases des aéroports de Bordeaux, Marseille et Toulouse seront licenciés.

D’après la radio, la Section Ryanair du SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne) a décidé de « coopérer » à la mise en place d’un accord de performance collective « en attendant des jours meilleurs ». Une négociation qui lui aurait permis d’obtenir « un engagement » de Ryanair à ne licencier aucun pilote.

L’impact serait aussi douloureux chez les PNC, précise RTL : baisse de salaire « de 10% à partir du 1er juillet 2020 » et pour cinq ans, décote de 10% pour les nouveaux entrants, et réduction du temps de travail de 2000 à 1600 heures par an, « avec à la clef une baisse de salaire passant de 1.539 euros par mois à 1.231 euros par mois ». Avec le même ultimatum que pour les pilotes : vous avez cinq jours pour signer. Sinon 27 des 160 PNC français seront licenciés.

Le syndicat français SNPNC-FO, majoritaire chez le personnel de cabine de Ryanair, avait déjà réagi à la première annonce de réduction des effectifs, dénonçant dans un communiqué une « compagnie riche qui licencie sans respecter les salariés et ses représentants ». Le SNPNC-FO reprochait alors à Ryanair d’imposer aux hôtesses de l’air et stewards « de travailler à 80% d’activité… soit 80% du SMIC », et ce alors que les PNC ont déjà « les cadences de travail les plus fortes de la profession ». Un rendez-vous au tribunal est fixé au 8 juin.

Contactée par RTL, Ryanair a confirmé être en discussion avec les syndicats français « sur des mesures d’économie d’urgence raisonnables, y compris des réductions temporaires de salaire allant jusqu’à 20% pour les pilotes aux salaires les plus élevés et jusqu’à 10% pour le personnel en cabine, rétablies proportionnellement sur 5 ans ». Elle a rappelé que la quasi-totalité de sa flotte est immobilisée depuis fin mars, seul un programme de vol squelettique étant conservé. Avec une capacité réduite à 40% de ce qui été initialement prévu en juillet, puis une reprise lente, la low cost espère désormais transporter durant l’année financière en cours environ 80 millions de passagers, contre 154 millions prévus avant la crise sanitaire.

Un des arguments utilisés par Ryanair pour justifier les coupes dans son effectif, comme en Espagne par exemple où 600 postes de navigants seraient menacés, est qu’elle est confrontée « à un nouvel environnement avec des tarifs encore plus bas et une distorsion de la concurrence en raison de ventes à perte par des compagnies aériennes inefficaces soutenues par des milliards d’euros d’aides d’état illégales » (comme Air France-KLM ou Lufthansa qu’elle va attaquer en justice). Le patron du groupe Ryanair Michael O’Leary a prévenu dans le Mail on Sunday : le prix du billet d’avion en juillet et aout va être « divisé par deux » comparé à l’année dernière, puisque moins de la moitié des passagers sont attendus. Ryanair « va vendre à perte pour inciter les gens à voyager de nouveau », a-t-il précisé, le prix du billet étant fixé au niveau « nécessaire pour remplir le plus de sièges possibles ».

Le dirigeant a d’autre art expliqué être en discussions avec « tous les aéroports » au sujet de ce qu’ils pourraient proposer comme « incitation » à faire venir plus d’avions, et donc plus de passagers, et donc plus de revenus. Il affirme que beaucoup se montrent intéressés, notamment après les faillites de Flybe et Thomas Cook : « Gatwick, Stansted, Manchester, Birmingham, Liverpool, Glasgow, Prestwick – vous les nommez, nous leur parlons. Ils reconnaissent tous que Ryanair est l’une des rares compagnies aériennes à pouvoir générer de la croissance ». Les plateformes françaises ne sont pas mentionnées, mais M. O’Leary prévient : « il est inévitable que des aéroports fermeront, puisque nous aurons déplacé nos avions vers d’autres endroits moins chers ». Rappelons que le groupe inclut les filiales Buzz en Pologne, Malta Air à Malte et surtout Lauda à Vienne où plus de 300 emplois vont être supprimés.

Ryanair : salaires des navigants et guerre des prix 1 Air Journal

©Aéroport Tarbes Lourdes Pyrénées