Les associations A4E et ACI Europe, représentant les compagnies aériennes et aéroports du Vieux continent, s’élèvent contre le côté chaotique des réouvertures des frontières extérieures de l’Union européenne, chaque pays ayant visiblement choisi de jouer solo.

Alors que la pandémie de Covid-19 semblait en voie d’être maitrisée, l’UE avait annoncé début juillet la réouverture de ses frontières aux visiteurs de quinze pays, se basant sur les recommandations mi-juin de la Commission européenne. Mais depuis, chacun n’en fait qu’à sa tête, dénoncent dans un communiqué commun Airlines for Europe (A4E), dont les seize membres incluent les groupes Air France-KLM, IAG et Lufthansa ou les low cost easyJet, Norwegian, Ryanair ou Volotea, et ACI Europe qui dit représenter plus de 500 aéroports dans 45 pays européens. Les Etats adoptent selon eux « des listes extrêmement divergentes », citant parfois des raisons sanitaires ou de réciprocité, de qui entraine une incertitude importante pour les voyageurs. La situation « affaiblit également le fonctionnement de l’espace Schengen » selon les deux associations, pour qui grâce à l’application de règles différentes, un touriste japonais par exemple « pourrait choisir de se rendre à Varsovie, puis de voyager dans l’espace Schengen sans contrôle ».

  • la Belgique garde ses frontières fermées aux voyageurs des 15 pays figurant sur la liste blanche jusqu’à nouvel ordre;
  • l’Allemagne rouvre ses frontières à huit pays de la liste blanche tout en exigeant la réciprocité de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud avant de lever les restrictions d’entrée de ces pays;
  • la Grèce interdit l’entrée aux ressortissants serbes (non résidents), ne suivant donc pas la recommandation du Conseil et allant à l’encontre du principe de non-discrimination de l’UE;
  • la Hongrie annonce qu’elle n’ouvrira pas ses frontières aux pays tiers, à l’exception de la Serbie pour le moment;
  • l’Irlande proroge ses conseils pour éviter tout voyage non essentiel jusqu’au 20 juillet; une «liste verte» des pays dans lesquels les gens pourraient voyager ne sera pas publiée d’ici là;
  • la Pologne prolonge son interdiction de vol jusqu’au 14 juillet, à l’exception des vols en provenance de l’UE, du Canada, de l’Albanie, de la Géorgie, du Japon, de la Corée, du Monténégro et de l’Ukraine – n’utilisant ainsi pas la liste complète des pays approuvés;
  • l’Espagne a rouvert ses frontières le 4 juillet à douze pays de la liste blanche – cependant les résidents d’Algérie, de Chine et du Maroc ne pourront se rendre en Espagne que si ces pays rouvrent leurs frontières aux résidents espagnols dans un mouvement de réciprocité.

A4E et ACI Europe ont donc appelé jeudi  l’UE et les États Schengen à « mettre fin à cette politique et suivre une approche fondée sur les faits » pour lever l’interdiction des voyages non essentiels pour les pays où la situation épidémiologique le permet. Les deux associations soutiennent également la mise à jour régulière de la « liste blanche » dans les semaines à venir, y compris son extension à d’autres pays non-UE / Schengen qui répondent aux critères, « afin de soutenir le transport aérien et la relance du tourisme européen ».

Ces approches nationales divergentes « nuisent à notre marché unique et ralentiront la reprise tant attendue de l’aviation et du tourisme », a déclaré Thomas Reynaert, directeur général de Airlines for Europe (A4E), pour qui la situation « crée également des conditions de jeu inégales en Europe à un moment où notre secteur lutte toujours pour sa survie ». Olivier Jankovec, directeur général d’ACI Europe, ajoute « nous ne pouvons pas nous permettre de sortir de la situation aussi chaotiquement  que nous y sommes entrés. Les pays de l’UE ne s’en tiennent pas à leur propre plan convenu. Cela ne favorise pas la confiance des consommateurs et sape clairement les efforts visant à rétablir la connectivité aérienne ».

L’aviation européenne reste dans une crise grave et sans précédent, rappellent les deux associations, évoquant les pertes annoncées par l’IATA de 21,5 milliards de dollars pour les seules compagnies aériennes européennes – et de 84,3 milliards à l’échelle mondiale en 2020, « la pire année de l’histoire financière de l’aviation ». Les dernières prévisions pour les pertes de revenus des aéroports européens pour l’année 2020 se situent à « un niveau stupéfiant » de 32,44 milliards d’euros.

Frontières européennes : une réouverture incohérente 1 Air Journal

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