L’ambassade de Chine à Paris a réagi à la décision de la France de mettre en place une réciprocité stricte sur le nombre de vols entre les deux pays, devant permettre une augmentation du nombre de vols entre Paris et Shanghai de la compagnie aérienne Air France.

Dans un long communiqué en ligne, l’ambassade de Chine en France a régi hier à l’annonce du gouvernement français de limiter à un par semaine le nombre de vols opérés par les compagnies chinoises Air China (depuis Pékin), China Eastern Airlines (depuis Shanghai) et China Southern Airlines (depuis Guangzhou)vers l’aéroport de Paris-CDG – tout comme Air France ne peut proposer qu’une seule rotation hebdomadaire vers Shanghai-Pudong. « Placée devant la décision unilatérale française de réduire les vols des compagnies aériennes chinoises, la partie chinoise est contrainte de l’accepter et regrette avec peine les impacts et dommages causés sur les passagers chinois et français », conclut l’ambassade après avoir rappelé l’historique des relations aériennes entre les deux pays durant la pandémie de Covid-19. Le maintien des vols entre la Chine et la France « revêt une signification majeure pour la mobilité humaine entre les deux pays et la reprise des activités économiques. La décision unilatérale de la partie française de réduire les vols est dommageable pour les compagnies aériennes chinoises et les populations des deux pays. Nous regrettons profondément cette décision de la partie française ».

Après l’annonce du confinement de Wuhan fin janvier et l’arrêt des vols de la compagnie française vers l’aéroport Tianhe, rappelle l’ambassade dans sa chronologie, « la partie chinoise a accordé une assistance importante à la partie française en coopérant activement avec elle dans le rapatriement de ses ressortissants. A partir du 9 février, Air France a suspendu ses vols vers la Chine, en évoquant l’exercice du droit de retrait par ses employés. La partie chinoise a fait preuve de compréhension à cet égard. Après, la Chine a appuyé énergiquement la France dans la mise en place du pont aérien pour acheter et acheminer des fournitures médicales d’urgence depuis la Chine, autorisant exceptionnellement des centaines de vols charters de fret français ».

Lorsque l’épidémie « était maîtrisée en Chine et qu’elle se propageait rapidement en Europe et en Amérique, pour prévenir les cas importés et préserver les résultats chèrement acquis dans la lutte contre l’épidémie en Chine, l’Administration de l’aviation civile de Chine (CAAC) a mis en place le 26 mars la politique des « Cinq un », autorisant une compagnie aérienne à desservir un pays, depuis une ville chinoise vers une ville étrangère, avec pas plus d’un vol par semaine. Cette politique s’applique aux compagnies aériennes effectuant toujours des vols à la date susmentionnée et traite les compagnies aériennes chinoises et étrangères sur un pied d’égalité. Le 30 mai, la partie française a demandé la reprise des vols vers la Chine par Air France. Conformément à la politique des « Cinq un », Air France, qui avait suspendu ses vols vers la Chine – il n’y avait pas de vols en activité et opérés par les compagnies françaises entre la Chine et la France à la date de publication de la politique des « Cinq un » – a besoin d’accomplir des formalités supplémentaires pour rétablir des vols. Cependant, gardant à l’esprit l’amitié sino-française, la Chine a fait des arrangements exceptionnels pour la France en autorisant Air France à reprendre ses vols en référence à la politique des « Cinq un ».

La version du dernier incident en date présentée par l’ambassade diffère sans surprise de celle hexagonale : « En invoquant le prétendu principe de réciprocité, la partie française a insisté unilatéralement pour qu’Air France seule puisse opérer trois vols par semaine et tous les trois à destination de Shanghai. Alors que la ville de Shanghai, déjà accueillant un grand nombre de vols internationaux, est sous une énorme pression de gestion sanitaire et confrontée à des difficultés objectives insurmontables. Eu égard à l’amitié sino-française et au besoin de mobilité humaine bilatérale, la partie chinoise a non seulement donné exceptionnellement son accord pour qu’Air France seule opère trois vols par semaine vers la Chine, dont un à destination de Shanghai (relancé le mois dernier NDLR), mais aussi s’est creusée la tête pour proposer à Air France d’autres villes d’atterrissage que Shanghai pour ses deuxième et troisième vols hebdomadaires. La compagnie aérienne chinoise partenaire d’Air France (China Eastern NDLR) a même cédé une de ses lignes desservant Shanghai au profit de cette dernière, et en plus, proposé de partager ses services au sol avec Air France pour qu’un vol d’Air France puisse atterrir dans une autre ville chinoise que Shanghai. Alors que les autorités de Shanghai ont déjà autorisé le deuxième vol hebdomadaire d’Air France Paris-Shanghai et qu’il ne reste que les formalités qui sont en cours de finalisation au niveau du gouvernement central chinois, il est incompréhensible que la partie française décide d’imposer la réduction des vols des compagnies aériennes chinoises ».

L’épidémie de la COVID-19 sévit toujours dans le monde, rappelle aussi l’ambassade, et la Chine « fait constamment face à un risque aigu d’importation de cas. Dans ce contexte, les compagnies aériennes chinoises ont toujours respecté les règles sanitaires fixées par le gouvernement français dans le cadre des vols Chine-France. Il en va de même pour Air France : elle est tenue de respecter les règles sanitaires chinoises dans la reprise des vols vers la Chine. Et c’est là la connotation intrinsèque du principe de réciprocité invoqué par la partie française. Le nombre de compagnies aériennes chinoises et françaises effectuant des vols entre les deux pays n’étant pas le même, le nombre total de vols opérés par les compagnies aériennes des deux pays ne peut pas être totalement réciproque. D’autant plus qu’au cours de la période où Air France a suspendu ses vols vers la Chine, les compagnies aériennes chinoises, malgré les risques sanitaires et la pression d’exploitation à perte, ont fait beaucoup de sacrifices pour maintenir les liaisons aériennes entre les deux pays. Placée devant la décision unilatérale française de réduire les vols des compagnies aériennes chinoises, la partie chinoise est contrainte de l’accepter et regrette avec peine les impacts et dommages causés sur les passagers chinois et français ».

Face à la COVID-19, conclut l’ambassade, la Chine et la France « ont fait preuve d’une grande solidarité mutuelle. Et les peuples des deux pays sont liés par une amitié traditionnelle. Bien que la question des vols ne concerne qu’un secteur déterminé, elle pourrait nuire à l’atmosphère amicale entre les deux pays si elle n’est pas résolue adéquatement. C’est ce que nous ne voulons pas voir. Nous espérons que la partie française pourra tenir compte de l’intérêt des relations bilatérales, réexaminer sa décision et revenir sur la voie du dialogue pour travailler de concert avec la partie chinoise, afin de trouver une solution adéquate à la question des vols ». Air China, China Eastern et China Southern « ont déjà publié des informations rappelant aux passagers de prendre des mesures de précaution pour éviter les inconvénients lors du voyage et les pertes économiques. L’Ambassade de Chine en France se mobilisera pour porter assistance à ceux qui en auront besoin ».

Rappelons que la politique des « Cinq un » évoquée plus haut a déjà été à l’origine d’une bisbille similaire entre la Chine et les Etats-Unis, vite résolue. Le 14 juillet férié étant passé, on peut espérer de nouvelles déclarations depuis la France allant dans le sens d’une accalmie de cette poussée de fièvre, qui en temps normal n’aurait jamais été mentionnée publiquement…

Air France en Chine : Pékin réagit via son ambassade 1 Air Journal

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