Les pilotes du syndicat SNPL ont voté massivement en faveur du développement de la compagnie aérienne low cost Transavia France sur les lignes domestiques, au moment où Air France rétrécit de 40% l’activité de sa filiale régionale HOP. Le groupe applaudit cette nouvelle étape vers une rationalisation du secteur court-courrier et son retour à la rentabilité.

Lancé le 25 juillet 2020  par la section Air France-Transavia France du SNPL France ALPA, syndicat majoritaire dans le groupe français, le référendum portant sur la « réorganisation des vols domestiques » a accouché hier d’un résultat sans appel : les « projets d’accord sur l’accompagnement du projet domestique et d’avenant à l’accord de groupe pilotes Air France-Transavia France » ont été approuvés par 90,37% de votes positifs, avec un taux de participation de 82,63%. Ce résultat « illustre, sans ambiguïté, la volonté des pilotes de s’impliquer dans l’avenir d’Air France et de participer au développement de Transavia France », déclare dans un communiqué le syndicat. Qui avait déjà donné en juin son feu vert au départ d’environ 400 pilotes de la compagnie nationale française, dans le cadre du plan de restructuration post-pandémie de Covid-19 qui la verra supprimer 7580 postes d’ici fin 2022 et réduire de 40% son réseau domestique.

Guillaume Gestas, Président du SNPL Air France-Transavia France, a souligné : « en approuvant ces textes majeurs, les pilotes manifestent à la fois leur intérêt dans la compagnie Transavia France, principal vecteur de croissance du moyen-courrier dans le groupe, ainsi que leur confiance dans l’avenir du moyen-courrier d’Air France, cœur du Hub de Paris Charles De Gaulle ».

Pour Anne Rigail, directrice générale d’Air France, ce marché domestique « est un atout stratégique du groupe, et relier les régions françaises entre elles et au Monde fait partie intégrante de notre mission. Pour pouvoir continuer à l’assurer, il est aujourd’hui indispensable de ramener cette activité à l’équilibre. Je salue la qualité du dialogue que nous avons eu avec l’ensemble des partenaires sociaux pour donner à Air France les moyens d’y parvenir à horizon 2023, en utilisant au mieux les atouts uniques des différentes compagnies du groupe ». La dirigeante ajoute : « couplée au renouvellement de notre flotte, cette réorganisation de notre activité nous permettra également d’atteindre nos objectifs en matière de développement durable, avec une réduction de 50% de nos émissions de CO2 sur le domestique d’ici à 2024. Face à ces réorganisations, la solidarité entre les différentes sociétés du groupe sera une priorité ».

Air France-KLM parle de son côté d’une « étape décisive dans son développement », les taux de participation et de votes favorables traduisant selon lui « la responsabilité des pilotes et la volonté de l’ensemble des parties prenantes de doter Air France des moyens de résister à la crise du COVID-19 et d’en sortir plus forte en réorganisant son réseau domestique ». Déficitaire depuis plusieurs années malgré une restructuration continue depuis les années 2000 selon un communiqué du groupe franco-néerlandais (perte de 200 millions d’euros en 2019, dont 80 millions attribués à HOP), ce réseau « est soumis à une forte concurrence dans le cadre de la croissance ininterrompue des compagnies low cost et du réseau TGV ».

L’avenant à l’accord de groupe prévoit que Transavia France puisse opérer des lignes sur le réseau domestique et fait évoluer les garanties d’activité moyen-courrier « en cohérence avec les perspectives d’activité envisagées sur le réseau domestique pour les années à venir ». Il y a un an, un premier accord avait déjà été signé par le SNPL levant toute limitation de croissance de la flotte de Transavia France. Ces évolutions « vont permettre une rationalisation de l’activité court-courrier du groupe Air France afin d’atteindre une rentabilité durable », explique le groupe qui prévoit d’ici à 2023 :

  • Le groupe Air France-KLM renforcera sa position stratégique à Paris en capitalisant sur les atouts de ses différentes compagnies et notamment sur les forces d’Air France et de ses partenaires.
  • A Paris-Charles de Gaulle, Air France poursuivra le renforcement de sa base principale pour les vols moyen et long-courrier aux terminaux 2F et 2E. HOP! connectera le hub mondial de Paris-Charles de Gaulle aux marchés régionaux au départ du terminal 2G.
  • A Paris-Orly, Air France transformera et diversifiera son réseau en vue d’enrichir son offre et d’améliorer significativement sa performance financière. Sur le marché domestique, Air France continuera d’assurer les vols fréquents La Navette vers Toulouse, Nice et Marseille, ainsi les lignes vers la Corse. Air France renforcera également son offre long-courrier vers l’Outre-mer (Cayenne, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Saint-Denis de La Réunion) ainsi que vers New York JFK. Transavia France lancera des liaisons domestiques tout en poursuivant sa croissance vers l’Europe, faisant ainsi croître l’offre du groupe.
  • A Lyon, Air France confortera sa position en développant l’offre de HOP! et de Transavia France. La low cost poursuivra également sa croissance au départ de ses bases de Nantes, Lyon et Montpellier.
  • L’expérience client proposée par Transavia France continuera d’évoluer pour renforcer la compétitivité de l’offre face aux autres acteurs du marché low cost, tout en conservant un positionnement clair et pertinent sur le marché loisirs.

Le développement de Transavia France sur le marché domestique français est présenté comme « une étape clé du plan stratégique du groupe Air France afin d’en améliorer les performances financières ». Grâce à cette nouvelle offre, le groupe Air France « se donne les moyens d’être compétitif sur chacun des segments sur lesquels il opère et décline sur chacun les bons outils, avec un produit et un modèle adapté (positionnement sur les marchés loisirs, régional, correspondances et point-à-point, offre court, moyen et long-courrier, offre de classe Economie, Premium economy, Affaires et La Première, programme de fidélisation Flying Blue) ». Cette réorganisation permettra au groupe Air France de tirer le plein parti de son positionnement géographique, la France constituant le premier marché au monde en termes de trafic entrant. Transavia France, qui a transporté 7,4 millions de passagers en 2019 (+5%) avec un coefficient d’occupation de 92,8%, « annoncera prochainement le détail des liaisons qu’elle prévoit d’assurer » et le calendrier de leur ouverture.

Ce projet de réorganisation de l’activité court-courrier s’inscrit également dans la dynamique d’accélération des efforts du groupe Air France-KLM en matière de développement durable, qui selon son communiqué « comptent déjà parmi les plus ambitieux de l’industrie ». Les lignes entre Paris-Orly et la province pour lesquelles il existe une alternative ferroviaire en moins de 2h30 seront fermées et le renouvellement de la flotte s’effectuera à un rythme soutenu avec l’arrivée des premiers Airbus A220-300 à compter de septembre 2021. Ces appareils de dernière génération constituent l’un des principaux leviers de réduction de l’empreinte carbone déployés par Air France et permettent une réduction des émissions de CO2 de 20% par rapport aux A318 et A319 qu’ils remplaceront. Air France continuera par ailleurs à « compenser pro activement » la totalité des émissions de CO2 de ses clients sur les vols domestiques.

Le groupe Air France-KLM poursuit la réorganisation de l’ensemble de ses activités. Il mettra tout en œuvre pour « limiter l’impact de ces évolutions » sur ses salariés à travers le monde, et continuera à travailler « avec responsabilité » avec l’ensemble des partenaires sociaux pour assurer cette transformation « difficile mais nécessaire » dans les meilleures conditions. « La signature rapide de cet accord est une avancée majeure de la stratégie de rebond du groupe Air France-KLM » a déclaré Benjamin Smith, Directeur Général du groupe Air France-KLM. « Alors que notre secteur vit une crise sans précédent et qu’il entre dans une phase de profonde mutation, nous avons franchi une étape essentielle en vue d’améliorer durablement nos performances économiques et environnementales. Transavia France est un atout différenciant pour le groupe, et nous ouvrons aujourd’hui un nouveau chapitre de son développement, en concertation avec l’ensemble des parties prenantes, déterminées à faire gagner Air France ».

Air France : les pilotes à fond pour le développement de Transavia 1 Air Journal

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