Les prévisions de l’IATA pour 2020 en Europe font état d’un trafic aérien limité à 60% de ce qui était prévu avant la pandémie de Covid-19, de plus de 466.000 emplois perdus dans le secteur, et un d’coût global supérieur à 41 milliards de dollars. La France perdrait à elle seule près de 95 millions de passagers.

Une révision à la baisse des prévisions de juin, quand l’Association du transport aérien international (IATA) estimait déjà que le pire est à venir pour le Vieux continent : la mise à jour publiée le 13 aout 2020 continue d’être accompagnée d’une exhortation aux gouvernements européens à « se coordonner pour lever les restrictions aux frontières et à trouver des alternatives aux mesures de quarantaine, afin d’éviter des dommages économiques supplémentaires ». Le nombre de passagers en 2020 devrait désormais baisser « d’environ 60% » en 2020, ce qui représente environ 705 millions de voyages. Les perspectives de reprise à court terme en Europe « restent très incertaines en ce qui concerne la deuxième vague de la pandémie et l’impact économique mondial plus large qu’elle pourrait avoir », ce qui pour l’IATA implique que la demande en Europe ne devrait se redresser que progressivement, et « n’atteindra pas les niveaux de 2019 avant 2024 ».

Même si le marché européen a connu une augmentation du nombre de vols ces derniers mois, soutenue par la réouverture des frontières entre les pays de l’espace Schengen et les pays de l’UE non Schengen, les vols sont toujours inférieurs de plus de 50% à la même période en 2019, rappelle l’IATA. Le transport aérien ne se redressant pas comme on l’espérait initialement, l’impact négatif sur l’emploi s’est accru : plus de 7 millions d’emplois soutenus par l’aviation (y compris le tourisme) en Europe sont désormais menacés (contre environ 6 millions estimés en juin).

« Il est désespérément inquiétant de voir une nouvelle baisse des perspectives de transport aérien cette année, ainsi que les répercussions sur l’emploi et la prospérité. Cela montre une fois de plus l’effet terrible que ressentent les familles à travers l’Europe alors que les restrictions aux frontières et la quarantaine se poursuivent. Il est vital que les gouvernements et l’industrie travaillent ensemble pour créer un plan harmonisé de réouverture des frontières », a déclaré dans un communiqué Rafael Schvartzman, vice-président régional de l’IATA pour l’Europe.

L’analyse des plus grands marchés européens montre une baisse de tous les paramètres depuis les estimations précédentes de l’IATA à la mi-juin. L’impact estimé de la crise sanitaire pour la France par exemple passe entre les prévisions de juin et celles d’aout d’une perte de trafic de 88,7 à 94,6 millions de passagers ; d’une perte d’emplois de 434.700 à 466.100 (tourisme inclus) ; et d’un impact sur le PIB de -38,9 à -41,5 milliards de dollars.

Dans la liste des pays étudiés par l’IATA, c’est l’Espagne qui serait la plus touchée en termes d’emplois et de PIB, tandis que le Royaume Uni enregistrerait 165 millions de passagers perdus cette année.

COUNTRY AUGUST PAX ESTIMATES AUGUST JOBS AT RISK AUGUST GDP
UK -165 million -780,000 -$59.3bn
Spain -132.7 m -1,049,500 -$69.1bn
Germany -117.6 m -550,8 -$38.8bn
Italy -98.2 m -369.100 -$25.2bn
France -94.6 m -466.100 -$41.5bn

Les gouvernements « doivent rechercher un moyen coordonné de lever les restrictions de voyage et trouver des alternatives aux exigences de quarantaine, insiste toujours l’IATA, selon qui la coopération internationale « pour isoler et gérer précisément les risques est essentielle pour rétablir la confiance dans les voyages ». La « superposition de mesures » en tant qu’alternative à la quarantaine est d’une importance cruciale, y compris la mise en œuvre universelle des mesures de biosécurité de l’OACI, le traçage complet des contrats et le potentiel des test rapides, précis, évolutifs et abordables : « alors que nous apprenons à vivre avec le COVID-19, une approche stop-go-stop pour lever les restrictions ne peut pas être la réponse ».

« Avec une reprise aux niveaux de 2019 glissant maintenant à 2024, un soutien financier sous des formes qui n’alourdiront pas davantage les dettes paralysantes sur l’industrie sera nécessaire si l’on veut éviter une contraction encore plus forte de la capacité des compagnies aériennes et des emplois », souligne Rafael Schvartzman. Et l’assistance réglementaire « est vitale : il est absolument essentiel que la Commission européenne publie une déclaration sans ambiguïté sur son intention de fournir immédiatement une dérogation complète à l’utilisation des créneaux horaires pour la saison d’hiver. Il est déconcertant que la Commission continue de rester les bras croisés pendant l’été, alors que chaque jour de retard devient plus critique pour la viabilité future d’une industrie aéronautique robuste et compétitive ».

L’IATA rappelle au passage que l’industrie du transport aérien a travaillé en étroite collaboration avec les régulateurs, y compris l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) pour mettre en place des protocoles visant à assurer la sécurité des voyageurs et des équipages. « La preuve que les compagnies aériennes et les aéroports mettent déjà en œuvre avec succès ces mesures est que le risque de transmission à bord reste faible : sur 20 millions de cas de COVID-19 dans le monde, il y a moins de 50 cas connus de transmission à bord ».

IATA : 60% de trafic en moins cette année en Europe 1 Air Journal

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