L’Association du transport aérien international (IATA) a appelé à une « adoption harmonisée à travers l’Afrique » des directives de redécollage de l’OACI pour des opérations sûres en pleine pandémie de Covid-19, un rétablissement de la connectivité aérienne du continent étant « essentiel pour reconstruire des économies en difficulté ». Et elle exhorte les gouvernements à progresser dans la mise en œuvre du ciel unique à l’échelle continentale (SAATM).

Quinze jours après avoir noté l’aggravation de la situation du transport aérien sur le continent, l’association a appelé le 26 aout 2020 à l’adoption harmonisée à travers l’Afrique des directives de décollage adoptées en juin dernier par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). « La priorité absolue et immédiate de l’aviation en Afrique » est la mise en œuvre de ces directives, a déclaré Muhammad Albakri, vice-président régional de l’IATA pour l’Afrique et le Moyen-Orient. « C’est la clé pour supprimer les restrictions sévères à la circulation qui ont immobilisé une grande partie de l’industrie du transport aérien du continent, et gravement affecté les emplois individuels et les économies nationales ».

La planification de la récupération après l’actuelle « destruction économique » présente également selon lui une opportunité pour les gouvernements de tirer encore plus d’avantages de l’aviation « en ouvrant les frontières africaines à l’aviation africaine », avec pour objectif selon le responsable de l’IATA de « dynamiser la reprise » en renforçant les liens économiques et en créant des emplois « d’une manière que seule l’aviation peut réaliser ».

Au 24 août, le Rwanda et le Kenya étaient les seuls États africains à s’aligner à 100% sur les recommandations du Groupe de travail sur le rétablissement de l’aviation (CART) du Conseil de l’OACI. D’autres États africains comme le Ghana et le Togo l’ont fait à plus de 90% tandis que la Gambie est à environ 81%. La mise en œuvre de normes mondiales est selon l’IATA essentielle dans cette crise, et essentielle pour rétablir en toute sécurité la connectivité aérienne à mesure que les frontières et les économies rouvriront.

« C’est un début positif, mais nous sommes loin de restaurer le catalyseur économique que seule l’aviation peut fournir. Les mesures de décollage de l’OACI sont le fondement de la sécurité des opérations et du rétablissement de la confiance des passagers. Les gouvernements africains doivent faire de la mise en œuvre urgente leur priorité absolue dans le domaine de l’aviation », a souligné Muhammad Albakri Albakri.

A plus long terme, des « mesures audacieuses » seront nécessaires pour redémarrer l’aviation et les économies. L’IATA s’attend à ce que le redémarrage de l’aviation commence sur les marchés intérieurs, puis passe aux vols régionaux, aux vols long-courriers directs et enfin aux opérations de hub. L’Afrique « est fortement désavantagée en raison des limites sévères de la connectivité intra-africaine », explique son communiqué : « il manquera le coup de pouce économique de la connectivité régionale ». Le SAATM (Single Africa Air Transport Market) « est la solution », mais seulement dix États l’ont mis en œuvre complètement (Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Congo, Gambie, Ghana, Mozambique, Niger, Rwanda et Togo), sur 34 signataires qui représentent 75% du trafic passagers africain.

« Avec SAATM, l’Afrique dispose d’un mécanisme prêt à l’emploi pour ajouter de la puissance à la reprise économique. Et le continent fait face à une reprise beaucoup plus lente s’il s’appuie sur des hubs en dehors du continent pour rétablir la connectivité. Le moment est venu pour les 34 gouvernements qui se sont engagés à mettre en œuvre le SAATM. Et les autres gouvernements devraient planifier un rattrapage rapide », a déclaré M. Albakri.

Les 24 autres signataires sont : Afrique du Sud, Botswana, Cameroun, Cote d’Ivoire, Egypte, Eswatini (Swaziland), Ethiopie, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Kenya, Lesotho, Liberia, Mali, Maroc, Namibie, Nigeria, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Zimbabwe.

IATA à l’Afrique: harmonisez ! 1 Air Journal