En attendant son passage devant le tribunal des faillites dans quinze jours, Thai Airways met en place des vols spéciaux supplémentaires en septembre, notamment vers Paris. Et s’il fallait une preuve de la corruption ayant régné au sein de la compagnie aérienne, les heures supplémentaires obtenues en un an par un salarié de la maintenance, pour l’équivalent de 419 jours de travail, devraient suffire.

Les 17 et 29 septembre 2020, la compagnie nationale thaïlandaise a programmé deux vols spéciaux entre sa base à Bangkok-Suvarnabhumi et l’aéroport de Paris-CDG, vendus uniquement dans ce sens. Thai Airways affiche un tarif quelque peu exorbitant de 36.090 bahts en Economie et 98.290 bahts en classe Affaires sur ces allers simples, qui sont cependant ouverts aux voyageurs disposant déjà d’un billet d’avion vers la capitale française.

La Thaïlande figure dans la liste de l’Union européenne des pays dont les ressortissants sont autorisés à venir sans justificatif, mais ses propres frontières restent fermées aux voyageurs lambda – sans date affichée de réouverture. Les vols entrant restent en plus réservés à un nombre limité de personnes, et sont gérés par l’ambassade des pays concernés (en fonction entre autres du nombre de places disponibles dans les hôtels de quarantaine). Quelque 600 personnes entrent chaque jour en Thaïlande actuellement, et nul ne sait dans quelles conditions les deux vols de Paris à Bangkok seront opérés – ni combien de personnes en liste d’attente pourront en profiter.

Paris ne sera pas la seule ville européenne à disposer de vols spéciaux en septembre : la compagnie de Star Alliance a programmé des vols vers Londres-Heathrow (3), Francfort (2), Munich (1), Copenhague (2), et d’autres sont déjà prévus pour octobre. La reprise de ses vols internationaux réguliers n’est à ce jour pas attendue avant novembre au plus tôt. Sa filiale Thai Smile a de son côté relancé des vols intérieurs.

 Côté finances, après la mise en pseudo-faillite en mai dernier et la perte du statut d’entreprise publique, le 14 septembre est la date fixée pour le jugement du « tribunal de faillite » sur le plan de réhabilitation (ou de restructuration selon qui en parle) de Thai Airways – qui devra ensuite être approuvé par les créanciers, puis par les administrateurs de la compagnie aérienne. Mais un rapport d’enquête qui sera officiellement rendu ce lundi étale une série d’accusations de malfaisance et de corruption impressionnante. A commencer par les employés et dirigeants, via le versement d’heures supplémentaires et d’indemnités au montant incroyable : les dépenses de personnel ont largement augmenté alors que le nombre de salariés baissait.

Ainsi un employé de la maintenance aurait ainsi réclamé – et obtenu – en une année 3354 heures supplémentaires, soit 419 jours, pour 2,9 millions de bahts (78.000 euros), contre un plafond annuel légal de 1500 heures ; son salaire était d’environ 1970 euros par mois. Au total, 567 employés MRO ont dépassé l’année dernière le plafond légal de 1500 heures supplémentaires, coûtant à la compagnie aérienne plus de 16 millions d’euros.

Chez les hauts dirigeants, un président par intérim (non nommé) aurait reçu une « compensation spéciale » en espèces de 5400 euros par mois. Un montant triplé en 9 mois, en violation d’une résolution du cabinet et d’une interdiction du ministère des Finances à l’encontre des cadres par intérim des entreprises d’État. Au total, a déclaré le comité d’enquête, la « rémunération excessive » des dirigeants aurait coûté à l’entreprise 270 millions d’euros (elle affichait au premier semestre une perte nette de 757,53 millions d’euros).

Les accusations envers Thai Airways ne s’arrêtent pas aux années récentes : l’acquisition en 2004 de dix Airbus A340-500 et -600, notamment pour lancer des vols directs vers New York, a entrainé des pertes dès le premier vol un an plus tard, mais ils n’ont été retirés du service qu’en 2013…

Thai Airways : 2 vols vers Paris, 419 jours d’heures supplémentaires 1 Air Journal

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